Magazine Le Mensuel

Nº 3010 du vendredi 17 juillet 2015

Événement

Pathologies mentales. Lutter contre la stigmatisation des maladies

Lancée à la faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph sous le haut patronage du ministre de la Culture, Rony Araiji, l’Association francophone des malades mentaux vise à lutter contre la stigmatisation des maladies mentales et à sensibiliser à la dimension humaine et au respect de la dignité des malades mentaux.

La maladie mentale est un sujet tabou. Elle suscite un sentiment de honte et se prête, généralement, à des impressions négatives. Les personnes les plus défavorisées souffrant de troubles mentaux sont désocialisées, ont des difficultés à s’orienter et ont besoin d’être accompagnées dans leur parcours de soins. Aider les patients démunis et soutenir les personnes en détresse morale et psychologique sont parmi les objectifs de l’Association francophone pour les malades mentaux. Pour les intervenants, les malades mentaux ne peuvent être occultés et relégués à la périphérie de notre société. C’est pourquoi en l’absence de structures sociales et médicales étatiques, réellement performantes et accessibles à tous, le rôle des ONG est indispensable, et même vital.
L’association œuvrera, entre autres, à faire vivre le principe de non-discrimination à travers l’allocation de ressources permettant la prise en charge de la souffrance inhérente aux pathologies psychiatriques, aux pathologies complexes et chroniques. L’association pour les malades mentaux travaillera pour lutter contre la stigmatisation des maladies mentales et des personnes qui en sont atteintes. Les films, les livres, les médias et les faits divers ont souvent contribué à imprimer dans la pensée collective une vision extrême et rare des malades mentaux comme étant criminels, dangereux, marginaux, ainsi que plein d’autres qualificatifs à connotation péjorative et discriminante. Le stigma et le tabou pèsent encore sur nos malades et leurs familles. La lutte contre la stigmatisation des maladies mentales et des personnes atteintes de ces maladies devient donc une priorité. L’association s’engagera, dans des campagnes au Liban et dans plusieurs pays francophones, à mettre en place un programme destiné à diminuer la stigmatisation et, par conséquent, empêcher la désinsertion des personnes présentant des maladies mentales et améliorer leur qualité de vie. Le travail de l’association est basé sur la dignité humaine et cela se fera avec le respect des valeurs morales essentielles de l’être humain et de l’être humain en souffrance. Dans une approche juridique, éthique et morale, les personnes souffrant de troubles mentaux ont droit à la dignité humaine et la lutte pour promouvoir et défendre tous leurs droits sera parmi les actions de l’association.

Nada Jureidini
 

Trois questions au Dr Sami Richa  
Le chef du département de psychiatrie à l’Hôtel-Dieu de France répond aux questions de Magazine.

Quelle est l’importance de l’Association francophone pour les malades mentaux?
En plus de militer pour une meilleure dignité des malades mentaux, l’association a un but humanitaire, celui d’aider financièrement dans leur traitement les malades souffrant de troubles mentaux au Liban.

Vous avez évoqué un but culturel…
Nous allons promouvoir la description des maladies mentales en français, tant dans les textes scientifiques que dans les œuvres littéraires et artistiques, et créer des manifestations culturelles durant lesquelles seront mis en valeur des textes littéraires français ou des œuvres cinématographiques ou artistiques françaises et francophones où les maladies mentales sont évoquées.

Y a-t-il d’autres objectifs?
L’association a également pour objectif la création d’un réseau international de malades et de psychiatres au Liban et dans l’espace francophone. Cela se fera grâce à un comité international chapeauté par le Pr Sami Paul Tawil en France et composé de psychiatres chevronnés dans les principaux pays francophones. En outre, l’association s’intéressera à la recherche dans les maladies mentales, tant ce sujet est important pour les pays francophones.

Propos recueillis par Nada Jureidini

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