Magazine Le Mensuel

Nº 3011 du vendredi 24 juillet 2015

  • Accueil
  • general
  • Le Stampede de Calgary. La fête live du western dans tout son gigantisme
general

Le Stampede de Calgary. La fête live du western dans tout son gigantisme

Il vous faut un chapeau à bord retroussé, des bottes pointues de cow-boy, une chemise à carreaux et une grosse ceinture à boucle. Vous êtes prêts alors pour vous présenter au Stampede de Calgary, la plus importante manifestation de plein air au monde.
 

Pendant dix jours, c’est la fête, la foire, la folie à Calgary, la métropole de la province canadienne, logée dans les prairies, à la frontière de la chaîne des Rocheuses et voisine de la Colombie britannique sur le Pacifique. En plein cœur de ce qui était le paradis des cow-boys, les Albertains, engoncés durant toute l’année dans leurs costumes d’hommes d’affaires qui traitent et vendent le pétrole du Canada, reprennent et célèbrent, au début de juillet, leurs vieilles traditions de paysans. Dans ce qui fut la région du blé et de l’agriculture, elles sont restées les mêmes: un cheval, un ranch, une selle et toute l’étendue des terres à perte de vue. Pour célébrer ce retour aux sources, un très grand événement à la mesure de l’immensité du paysage: le Stampede.
Il est si attendu, si organisé, si gigantesque que les gens dans la région s’y préparent des mois à l’avance. Aux abords du jour J, ils se souhaitent Happy Stampede, apprêtent une parade spectaculaire, décorent leurs voitures de cornes de buffles et se préparent à vivre l’événement de l’année. Les vitrines des boutiques se mettent à l’heure des tenues western aux franges de cuir, les cafés et bars sortent des meules de foin en guise de bancs, les chevaux sont attelés, ornementés, pomponnés.
C’est le grand déballage d’une société de consommation outrancière qui, pour célébrer son histoire, remonte aux paysages de ses ancêtres: les ranchs et les chevaux qui galopent.
La fête est partout dans la ville. Au centre-ville, on danse et chante le country à tue-tête, mais c’est surtout au parc Stampede, reconnaissable de l’avion par un chapiteau énorme en forme de selle, que le festival s’éclate. Ici, c’est la foire à grande échelle. La bouffe à profusion où le fast-food est roi. La viande albertaine règne, enfumée sur d’immenses barbecues auprès de gargantuesques hot-dogs au bacon enrobés de maïs. Sur de larges étendues à hauteur de la renommée américaine, les stands de jeux se multiplient et attirent des centaines de milliers de personnes qui, entre distractions, divertissements et manèges, y passent leurs journées. Les spectacles y sont «huges», sports extrêmes ahurissants (motos et bicyclettes tournoient dans l’air), feux d’artifice grandioses tous les soirs et  moyens techniques époustouflants pour produire des shows de grande envergure qui ne lésinent pas à faire voler des danseurs dans le ciel.
Mais ce qui caractérise véritablement ce grand événement, c’est la plongée réelle dans tout le monde virtuel et imagé du western: le derby, appelé grandstanding, aux gradins colossaux où se disputent des courses de chevaux, les compétitions des meilleurs écuyers (dont des petites de cinq ans qui maîtrisent leurs montures comme des amazones étoilées), les concours de rodéo durant lesquels les paris sont lancés encore plus forts que les taureaux… A l’Agrium, les agriculteurs vantent leur bétail, le blé et le maïs sont en épis, les animations enseignent aux enfants les plaisirs de la campagne… Dès leur plus jeune âge, en jean et chapeau, ils apprennent à «buckle up», aussi bien leur ceinture que les étriers de leur cheval. Un tour de ville en calèche, des danses en ligne où les bénévoles font tournoyer les passants sur des airs folk, les fanfares de l’armée, les tenues extravagantes, les concerts dignes des plus réputés de Nashville dans les parcs publics, les parades des grands chefs indiens qui ressortent leurs plumes l’espace de dix jours… On fait son Stampede une fois par an et il ne faut pas rater l’événement. Les bennes de poubelle décorées en wagons, les bouteilles de bière à l’effigie du Stampede, les affiches partout, les desiderata de la western fashion, les conseils pour réussir son Stampede, les applications iPhone pour en profiter pleinement… Le Stampede porte bien son nom: une vraie galopade. Et dans tous les sens du terme: sur chevaux ou pour fuir… la réalité.

Gisèle Kayata Eid, Calgary

Related

Khalil Karam, ambassadeur du Liban auprès de l’Unesco. Un monument moderne libanais serait classé

Dans les coulisses du Music Hall

Après la consolidation. La SGBL relève ses capitaux propres

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.