Pour sa troisième soirée, le Festival international de Byblos a présenté, le dimanche 26 juillet, le duo de guitaristes mexicains, Rodrigo Y Gabriela. Une soirée enflammée où deux guitares ont tenu en haleine le public.
Ils sont venus de leur Mexique d’origine pour clôturer, à Byblos, une partie de leur tournée internationale. Un dernier concert donc qui nous en a donné plein la vue. Rodrigo Y Gabriela ont métamorphosé leurs guitares respectives en un caisson de mille et un sons.
Dès leur entrée en scène, dès les premières notes qui s’élèvent des guitares en un dialogue ouvert au public, le duo mexicain instaure le ton: ce sera une soirée d’émerveillement. Un émerveillement face à tant de dextérité, de prouesses, non seulement techniques, mais ressenties, vécues, jouées par des doigts fébriles qui grattent les cordes, les contorsionnent, dévalent le manche, se jouent du corps de la guitare, de la rapidité du mouvement pour extraire de ces deux uniques instruments, acoustiques de surplus, une multitude de sonorités. Face à face, ou face au public, les yeux fermés ou le regard scrutant l’audience, selon l’attitude du musicien, selon la musique, chaque note qu’ils entonnent tonne comme une révélation.
Rodrigo et Gabriela sont conscients du fait qu’ils ne sont probablement pas connus au Liban. Ils l’ont dit dans leurs mots si simples, si charismatiques, face au micro, face au public de Byblos. Oui, ils ne sont peut-être pas connus mais, parfois, il suffit d’entrevoir un extrait sur le Net pour tomber sous le charme immédiat d’une musique, avec la facilité qu’a ce médium artistique d’instaurer un bouleversement des sens. Avec ce duo de guitaristes, il était devenu impensable de ne pas piétiner d’impatience en attendant la date du 26 juillet, pour pouvoir assister à l’un des concerts les plus prometteurs de cet été. Et ce fut le cas!
De leurs débuts au sein d’un groupe de métal, ils ont gardé cette première influence, cette première passion, qu’ils combinent à d’autres genres dans cette musique fusion qui leur est si particulière: entre le métal, le rock, le jazz, le folk, le flamenco… Un mélange explosif, rageur, endiablé, auquel ne pouvait correspondre le «set-up» des sièges assis face à la scène. «C’est la première fois que nous nous retrouvons face à un public aussi civilisé. Si vous vous attendiez à un concert classique de guitare, ce n’est pas le cas», lance Rodrigo, avant que Gabriela n’invite une dizaine de personnes à vivre l’expérience autrement, sur scène même. A peine lancée, comme si c’était un vœu de l’audience, une trentaine de spectateurs sont devenus tout à la fois acteurs, trépignant sur scène, suivant le rythme des mains et du corps, ne pouvant quand même pas s’empêcher de prendre quelques secondes de pause, le temps d’un «selfie». Le concert est bel et bien lancé. Ils seront nombreux à s’agglutiner devant l’estrade, tout à la joie de vibrer, intensément, aux riffs ravageurs de Rodrigo, à la rythmique de Gabriela, à leurs compositions originales et à leurs «covers», de Metallica notamment.
Plus d’une heure et demie de musique, enchantée, enchanteresse, un charisme détonant, une simplicité désarmante, Rodrigo évoquant un «jam» improvisé qu’il aurait eu la veille, sur la plage, avec la chanteuse du groupe libanais Safar, avec qui il aurait bien aimé chanter sur la scène du festival, une envie de revenir bientôt au Liban, Rodrigo et Gabriela entrent désormais dans les annales du pays, inoubliables par la métamorphose qu’ils infligent à la guitare, leur marque déposée.
Nayla Rached