Magazine Le Mensuel

Nº 3013 du vendredi 7 août 2015

Expositions

Pop art au Whitney Museum de New York. Inspiration cruciale

L’emblématique Whitney Museum de New York vient d’ouvrir ses portes au public après une longue restauration. Il accueille, jusqu’à la fin de septembre, une exposition d’œuvres de grands artistes. Des travaux hauts en couleur, symboles du pop art américain, recopié par plusieurs pays, qui a remporté, et continue de le faire, une acclamation internationale.
 

Développé dans la décennie après la Première Guerre mondiale, le pop art retrouve encore un écho au XXIe siècle et les artistes contemporains sont toujours influencés par cette vague de grand art. Le Whitney Museum est le seul qui a réussi à regrouper le panel de travaux de plusieurs artistes américains influents.
Dans leurs œuvres, ils ont étendu leur vocabulaire visuel et matériel, fondé sur l’expressionnisme abstrait et le dynamisme graphique, afin d’apporter de la légèreté, de la subtilité et de l’amusement au cœur de l’art pictural; une manière de répondre à une nouvelle ère qui s’éloigne de la peinture et de la sculpture traditionnelles d’avant-guerre. Cette approche a été possible grâce à l’avance de la technologie industrielle et aux processus artistiques de plus en plus développés, ce qui a poussé ces artistes à exploiter de nouveaux matériaux et de formes inventives inédites encore.
Ils ont surtout voulu mettre un terme aux atrocités de la Deuxième Guerre mondiale et s’éloigner de l’art lugubre et triste engendré par des images sombres. Des artistes aux Etats-Unis ont éprouvé une crise existentielle: comment l’art pourrait-il être significatif à la suite d’une telle tragédie? Quelle langue visuelle pourrait décrire des mondes intérieurs et extérieurs si irrévocablement transformés? Il se sont sentis contraints, donc, de produire un art incontestablement nouveau ainsi que de révéler et mettre en avant, d’une manière comique, les questions et les faits divers sociaux qui font partie du quotidien du citoyen, tels que la politique, la publicité explosive qui prend de plus en plus de terrain, les emballages des produits de grande consommation, la photographie de presse et des magazines de bandes dessinées, la culture populaire et des narratifs personnels qui ont défini la moitié du XXe siècle. Les sources de ce nouvel art ne sont donc pas le fruit de l’imagination de l’artiste, mais plutôt de son observation directe du monde avec l’introduction de procédés photographiques et leurs dérivés.

 

Perceptions optimistes
Nombreux de ces protagonistes avaient travaillé comme dessinateurs de publicité et dans des contextes de formations commerciales et graphiques avant de se lancer dans le pop art.
A titre d’exemple, parmi les exposants: Andy Warhol était un illustrateur et James Rosenquist un peintre de panneau d’affichage, tandis qu’Edward Ruscha a été formé dans le graphisme.
Le visiteur découvre l’œuvre de Wayne Thiebaud qui célèbre la culture du grand sandwich, référence aux portions «Big» servies aux Etats-Unis, ou encore Tom Wesselmann qui révèle les succulents gâteaux. Il en est de même pour Warhol qui immortalise les bouteilles de coca-cola, ainsi que les canettes des soupes et sauces Campbell…
D’autres œuvres semblent déformer ou critiquer le rêve américain en faisant allusion au matérialisme trop présent et indulgent ou, encore, au trouble social des années 60. L’exemple en est bien défini avec les jolies sculptures en bois de Marisol, fracturées de leurs visages humains et devenues des mannequins mutants.

Elga Trad

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