Le combat sur le plan financier contre l’Etat islamique (EI) nécessite des efforts continus sur le long terme. Partant de là, il est important de comprendre comment l’EI opère afin de contourner ses revenus et limiter son aptitude à faire usage de ses fonds. Les banques doivent prendre une position claire et des actions correctives afin de régler les dommages qu’elles ont déjà subis en permettant l’accès de l’EI au système financier. Ceci devrait conduire à la conviction que les banques n’ont pas seulement un pouvoir dans le monde à un niveau monétaire, mais également sur le plan sécuritaire. C’est du moins ce qui ressort d’une étude conduite par le professeur, avocat et conseiller juridique de plusieurs établissements bancaires, Paul Morcos, en coopération avec l’avocate Nancy Nahouly de Justicia et reprise par l’Association des banques.
L’octroi de services financiers via le système bancaire s’effectuerait suivant différents scénarios. Les donations étrangères et les transactions monétaires, qui représentent une importante source de revenus à l’EI, sont généralement conclues par des donneurs internationaux et des riches ressortissants arabes qui ont accès au système financier international. Considérés appartenant aux clients V.I.P. des banques en raison de leur immense richesse, ceux-ci bénéficient d’un traitement privilégié de la part des banques notamment en termes de vérification d’identité, de surveillance des traces de la transaction ou de son contrôle pour lutter contre le recyclage de l’argent sale. Un récent rapport du Trésor américain a révélé que des montants importants sous forme de donations privées à l’EI proviendraient de pays du Golfe, en particulier du Qatar et du Koweït. En parallèle, le contrôle par l’EI de certaines régions en Irak lui permet d’utiliser les établissements bancaires qui y sont installés rendant possibles les opérations de transfert et de réception de fonds.
Par ailleurs, les ressortissants étrangers qui rallient l’EI maintiennent leurs cartes de débit opérationnelles liées à leurs comptes dans leurs pays natals. Ils les utilisent une fois qu’ils débarquent dans les pays de chute d’outre-mer. Ceci constitue non seulement une violation des lois de financement du terrorisme, mais aussi un abus de l’utilisation des services bancaires du fait que ces étrangers sont présentés comme des citoyens. Toujours est-il que les services bancaires qui ne nécessitent pas une interaction entre personnes, tels les guichets électroniques (ATM), contribuent indirectement à fournir des services financiers aux membres de l’EI se trouvant en Syrie et en Irak. En l’absence d’une surveillance par des employés des banques sur les fonds transférés, les terroristes des pays occidentaux retirent de l’argent à partir de leurs comptes. Par ailleurs, les comptes bancaires frauduleux représentent également un autre moyen par lequel l’EI accède au système bancaire. L’EI procure aux membres des familles de ses leaders de faux passeports et cartes d’identité. De tels documents sont utilisés par leurs détenteurs pour voyager et ouvrir des comptes bancaires étrangers. Se basant sur certains rapports, l’étude donne l’exemple de la Turquie où de l’argent cash est utilisé pour établir des activités commerciales et créer de nouvelles affaires permettant aux membres de l’EI d’avoir accès aux institutions financières en Europe et dans le reste du monde. De telles activités commerciales seraient difficiles à implanter en Syrie et en Irak en raison des sanctions strictes imposées à ces deux pays.
Façonnable
Une passe difficile
La marque Façonnable traverserait une passe difficile, selon les informations publiées dans la revue française Capital. Pionnière du sportswear chic et ambassadrice outre-Atlantique de la Côte d’Azur, la maison mère affichait en 2013 (derniers comptes publiés) une perte abyssale de 30,5 millions d’euros pour 47 millions de chiffres d’affaires. Pour faire face à ces résultats catastrophiques, un plan de réorganisation prévoit la suppression de 96 postes sur 448, notamment au siège niçois, la fermeture de boutiques et une rationalisation de l’offre. Dans un contexte chaotique pour l’industrie textile − des plans sociaux sont en cours chez Vivarteet Dim − l’enseigne a du mal à justifier ses prix élevés et souffre d’une image de marque brouillée, lit-on dans Capital. Jean Goldberg, fondateur de Façonnable, parti, la marque a été ballottée d’un actionnaire à l’autre. Tailleur de son état, il disposait d’une boutique sur mesure. Les premières collections, à partir de 1962, s’inspiraient de l’Amérique: des chemises colorées en coton à une époque où le nylon dominait, des parkas et des blousons, ainsi que des pantalons beiges confortables. Le concept de sportswear était lancé. En 1980, tout souriait à cette marque, si bien que Nordstrom, son distributeur outre-Atlantique, a fini par la racheter en 2000, pour 270 millions de dollars, écartant les fondateurs. L’Américain n’a pas su la développer et a cédé l’affaire, en 2007, au groupe libanais M1, un groupe familial appartenant aux frères Mikati diversifié dans les télécoms, l’énergie et l’immobilier. Mais les nouveaux propriétaires n’ont pas fait mieux. Joint au téléphone par Magazine, le directeur de M1, Samir Mirza, s’est excusé de ne pas être en mesure de commenter, se trouvant à Paris en vacances et n’ayant pas à portée de main les noms et coordonnées des autres responsables qui pourraient se prononcer sur la question.
BBR
Amendement des taux de créditeurs des banques
L’Association des banques au Liban (ABL) a recommandé à ses membres d’augmenter le taux de référence de Beyrouth (BBR) en dollars à 6,15%, et ce à partir du mois courant, ce taux était de 6,11% un mois auparavant. Le BBR est considéré, depuis 2009, comme le taux de référence des prêts libellés en devises étrangères en remplacement du taux du Libor. Selon les experts financiers, le BBR serait plus représentatif des coûts de financement au sein de l’économie réelle du Liban. L’ABL a également recommandé à ses membres d’amender le taux de référence créditeur BBR des prêts libellés en livres libanaises à 8,71%, alors que ce taux était de 8,7% en juillet dernier.
Liliane Mokbel