Magazine Le Mensuel

Nº 2855 du vendredi 27 juillet 2012

Economie & Finances

Economie et finance

Assurance vieillesse
Des réformes attendues depuis quatre décennies par les salariés

Est-il illogique que les salariés, toutes catégories confondues, réclament la garantie d’une vieillesse digne, une période de retraite durant laquelle ils n’auraient pas besoin de l’assistance de leurs descendants pour se nourrir et/ou se faire soigner? Les revendications des salariés, datent de plus d’une quarantaine d’années. Le récent mouvement de protestation des journaliers de l’EDL et des autres administrations publiques comme celui de la CGTL ne sont qu’une illustration d’une série d’épisodes marqués par des revendications de réformes de la loi sur la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) et de celle des indemnités de fin de service. Les salariés ont été bercés par des promesses pompeuses qui se sont avérées factices au bout du compte. Un premier projet de loi sur l’assurance vieillesse, l’assurance invalidité et l’assurance-vie a vu le jour en 1978. Un deuxième sur la retraite et la protection sociale a été avancé neuf ans plus tard, soit en 1987. Une troisième tentative a eu lieu en 2000, le projet de loi portait le même titre que le précédent. Le dernier projet de loi sur la question à être publié remonte à 2004. Dans les faits, à l’instar des expériences des pays développés en Europe, au Liban, le système des indemnités de fin de service, payées en une seule tranche au bénéficiaire qui, par ailleurs, ne profite plus de «jure» des prestations de la CNSS dans toutes ses branches est «précaire». C’est que le pouvoir d’achat du montant des indemnités payées en un seul versement perd en valeur au cours des années et en efficacité dans la mesure où le retraité n’est plus à l’abri du besoin de couvrir ses frais de soins de santé. Il est vrai que les articles 49 et 54 de la loi sur la CNSS portant sur les indemnités de service promulguées en 1966 et en vigueur à ce jour ont constitué un développement positif pour les salariés. Sachant que ces articles ont remplacé le régime des indemnités de licenciement tel qu’il était défini par le code libanais du Travail du 23/9/1946.Mais il a fallu moins de dix ans pour découvrir les lacunes du régime des indemnités de fin de service. Depuis 46 ans, les salariés sont dans l’attente d’un remaniement de la législation en vue d’une meilleure protection sociale. Dans tous les cas de figure, l’article 49 de la loi sur la CNSS a prévu «le passage du régime provisoire des indemnités de fin de service au régime de la pension retraite et de la protection sociale». Ceci dit, le chemin paraît encore long avant que justice ne soit rendue aux personnes inscrites à la CNSS d’autant qu’il est crucial, dans un premier temps, de faire un choix entre le régime de capitalisation ou de répartition en pesant le pour et le contre de chacun des systèmes et de procéder à une évaluation de leurs résultats au sein des sociétés des pays tiers où chacun de ces systèmes a été appliqué. Aussi ne faudrait-il pas se mettre d’accord sur un critère scientifique et pragmatique à la fois au sujet de la détermination du montant de la pension retraite à vie?            

 

Campagne synchronisée contre les banques
Création d’un lobby libanais pour y faire face    

Les agents du secteur bancaire ont décidé de passer à l’action pour contrecarrer la campagne synchronisée de dénigrement dont ils sont victimes par intermittence, soit chaque fois que de nouvelles sanctions économiques sont adoptées à l’encontre de la Syrie et de l’Iran ou que les banques libanaises enregistrent des résultats satisfaisants indépendamment de l’environnement tourmenté au sein duquel elles opèrent. Cette fois, c’est la goutte qui a fait déborder le vase puisque l’association -qui se dit américaine luttant contre l’émergence de l’Iran comme nouvelle puissance nucléaire- s’est attaquée directement au numéro un de la BDL, Riad Salamé, soit à la plus haute instance monétaire dans le pays. Cette entité, qui n’a aucun caractère officiel, s’est permis d’adresser une série de questions au gouverneur de la Banque centrale sur les relations de son établissement avec la Banque centrale iranienne, affirmant que la croissance des dépôts bancaires provenait du transfert par l’Iran de fonds en faveur du Hezbollah. Ainsi «le lobby libanais» serait chargé de planifier une contre-offensive systématique plaidant la bonne santé du secteur bancaire, chaque fois que son intervention serait jugée nécessaire. Il compterait outre des représentants de la BDL et de l’ABL des responsables officiels politiques. Aussi est-il besoin de rappeler que cette même association avait, il y a près de trois semaines, utilisé le support de la presse écrite, le Wall Street Journal, pour recommander aux grandes institutions financières américaines de liquider leur portefeuille de titres souverains libanais. Ce que certaines d’entre elles ont effectivement fait. Un banquier de la place de Beyrouth, irrité par cette campagne, a considéré que cette association va à l’encontre de la position officielle des Etats-Unis, si l’on se base sur les propos élogieux concernant la position du secteur financier libanais, tenus par la secrétaire d’Etat américain, Hillary Clinton au Premier ministre Najib Mikati. De toute façon, poursuit la même source le nom du Liban ne figure sur aucune des listes de la FED et/ou du département d’Etat, comme pays soupçonné de recyclage de l’argent sale. Il a insisté sur le fait que la situation ne peut être généralisée à tout un secteur en se basant sur l’implication de quatre Libanais, dont les noms ont été rendus publics, il ya quelque temps, par le département américain du Trésor les accusant d’être les auteurs «à partir de l’étranger» d’opérations de blanchiment d’argent.
Par ailleurs, toute atteinte à la réputation du secteur bancaire libanais est à même de perturber le flux de capitaux vers ses caisses, alors que ces établissements demeurent les principaux pourvoyeurs de fonds de l’Etat. En fait, les créances du Trésor envers le secteur bancaire ont représenté, jusqu’à fin avril 2012, près de 29 milliards de dollars, soit 55% de l’ensemble de la dette publique. Parallèlement, l’élément réconfortant est que le ratio de ces créances rapportées aux avoirs du secteur bancaire ont reculé de 27% à 20%  et ce, au cours des dernières cinq années. Dans le même contexte d’indicateurs de bonne santé du secteur, figure la progression sur la même période des dépôts bancaires de 8% ainsi que la hausse des crédits consentis au secteur privé dans une proportion de 13% à 41,7 milliards de dollars alors que les profits du secteur sont demeurés stables en dépit du supplément de provisions affectées par les différents établissements de crédit afin de renforcer leur position face à de potentiels risques qui secoueraient la région. Enfin, il serait bon de mentionner que le coordinateur du bureau de l’Union européenne pour la lutte contre le blanchiment d’argent, au cours d’une visite éclair effectuée au Liban il y a quelques jours, s’est félicité des mesures prises par le secteur financier libanais pour se mettre à l’abri de toutes les retombées de l’embargo économique, imposé à l’Iran et à la Syrie. Il a appelé les responsables libanais à poursuivre leurs efforts sur la même voie.  

 

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