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Nº 3015 du vendredi 21 août 2015

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Ahmad el-Assir arrêté. Les enjeux et les suites de sa chute

L’un des fugitifs les plus recherchés du Liban ayant été arrêté, samedi matin, à l’Aéroport international de Beyrouth par les officiers de la Sûreté générale (SG), l’affaire n’a pas manqué de prendre de l’ampleur et d’être immédiatement médiatisée. Ahmad el-Assir, ce cheikh radical sunnite, longtemps recherché, est aujourd’hui soumis à l’enquête.

En attendant que les mesures nécessaires soient prises à son encontre, comme l’a précisé le responsable du bureau d’information de la Sûreté générale, Nabil Hannoun, à Magazine, Ahmad el-Assir subit aujourd’hui le processus d’investigation qui se doit, après que l’identité du fugitif le plus recherché eut été confirmée à la suite des tests d’ADN effectués, comme l’a confirmé le procureur général de la Cour de cassation, Samir Hammoud. L’enquête de la SG avec ce dernier supposée prendre fin mardi, les étapes suivantes devront prendre place. Après être déféré devant le commissaire du gouvernement, c’est au juge Sakr Sakr de décider s’il l’enverra aux services de renseignements (SR) de l’armée ou devant la cour militaire permanente. Ayant changé son apparence physique, en se rasant la barbe et muni d’un faux passeport, tentant de partir pour le Nigeria en passant par l’Egypte, le fugitif est en fuite depuis 2013,  à la suite des combats qui avaient opposé ses partisans à l’Armée libanaise à Abra, dans le sud du pays. Dix-huit soldats et onze hommes armés avaient péri ce jour-là. La justice libanaise avait requis la peine de mort contre lui. Mais Assir avait disparu depuis. Les rumeurs qui circulaient, affirmant la présence de ce dernier dans le camp palestinien de Aïn el-Heloué, n’ont pu être confirmées.
Ahmad el-Assir est aujourd’hui entre les mains de la justice libanaise. Muni d’un faux passeport palestinien tamponné d’un visa valide pour sa destination, son déguisement n’a pu détromper cette fois la Sûreté générale qui a transféré le cheikh au bureau des informations où il a été interrogé par les autorités compétentes. Assir avait effectivement pris pour nom Rami Abdel-Rahman Taleb sur son faux passeport et s’était fait accompagner d’une personne détentrice d’un passeport portant le nom de Khaled Sidani. Le chauffeur de la Mercedes blanche à bord de laquelle Ahmad el-Assir était arrivé à l’aéroport a été également arrêté. Alors que certains supposent que la Sûreté générale a dû bénéficier de l’aide de services de renseignements pour procéder à la capture du fugitif sunnite, d’autres présentent d’autres versions, qui ont été divulguées dans les médias, mais démenties lundi par le directeur général de la SG, Abbas Ibrahim. Ce dernier a effectivement déclaré que «le terroriste Ahmad el-Assir avait récemment quitté le camp palestinien de Aïn el-Heloué et s’était réfugié dans un autre endroit, avant de se rendre à l’aéroport de Beyrouth»  et que le cheikh n’a pas été identifié grâce à l’empreinte de ses yeux, la «SG n’étant pas équipée de cet outil de reconnaissance biométrique», promettant que «de nouvelles avancées apparaîtront dans les prochaines heures». Ibrahim s’était également rendu lundi à l’aéroport de Beyrouth pour féliciter les officiers et membres de la SG pour leur travail, estimant qu’«il s’agit d’un progrès crucial dans la lutte contre le terrorisme, l’atteinte à l’Etat et aux citoyens», ajoutant que l’arrestation du cheikh sunnite constitue «une preuve que la justice ne meurt pas et que le sang des militaires et des citoyens n’est pas soumis aux humeurs des uns et des autres. Lorsque l’Etat décide, il accomplit».

 

Réactions populaires
Cet événement «souligne la fin du rôle qatari au Liban, puisque Doha était le principal soutien et bailleur de fonds d’Assir», selon certains observateurs. Notons que, basée sur des informations livrées par le détenu lors de son interrogatoire, la SG recherchait Abdel-Rahman el-Chami, qui aurait abrité le cheikh sunnite pendant un certain temps et qui aurait disparu à la suite de l’annonce de son arrestation. Ayant perquisitionné son domicile à Jadra puis son garage, les officiers de la SG n’ont pu trouver de traces de ce dernier. Samedi, le Palestinien Ahmad Abdel-Magid, partisan du fugitif islamiste, a été arrêté par la Sûreté générale à l’est de Saïda. Dans le même ordre d’idées, un autre partisan du cheikh sunnite a été arrêté lundi matin dans un magasin d’électronique à Saïda, comme conséquence des perquisitions effectuées par les SR de la SG.
A la suite de son arrestation, les partisans d’Ahmad el-Assir, notamment des femmes s’estimant intouchables, ont bloqué la voie de l’autoroute de Saïda, au niveau de la mosquée Hariri. Les forces de l’ordre n’ont pas tardé à rouvrir l’axe routier, arrêtant un ressortissant palestinien en fin d’après-midi, ce dernier ayant été impliqué dans le blocage de l’autoroute. D’autre part, plusieurs membres des familles des militaires retenus en otages par le groupe Etat islamique (EI) ont fortement dénoncé la médiatisation de l’arrestation du cheikh radical sunnite. Un quinquagénaire, originaire de Rachaya, a déclaré être très inquiet en ce moment, surtout après l’arrestation du cheikh Ahmad el-Assir, assurant qu’il s’agit d’une pure provocation, mettant en danger la vie de ses proches.
Rappelons que ce n’est qu’en 2011 que le cheikh radical Ahmad el-Assir se fait connaître avec le début de la révolution en Syrie. Le Liban est alors partagé entre les partisans de Bachar el-Assad et ceux de l’opposition syrienne.
Sunnite, salafiste, Ahmad el-Assir ne cache pas son penchant, soutenant l’opposition et multipliant les prises de position contre le Hezbollah. Les manifestations organisées alors en faveur de la révolution syrienne, les discours confessionnaux et salafistes sous une apparence pacifique, font d’Ahmad el-Assir le leader des «mécontents» sunnites du Liban. Le cheikh sunnite radical avait également accusé l’Armée libanaise de ne rien faire pour empêcher l’implication du Hezbollah dans le conflit syrien. Clandestin depuis les affrontements de juin 2013, Assir continue de diffuser des messages qui se rapprochent progressivement de «la terminologie de l’Etat islamique».

Natasha Metni

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