Plus de 4 000 personnes sont venues au palais de Beiteddine voir de près leur chanteur préféré. Kazem el-Saher a chanté pendant plus de deux heures devant un parterre qui n’en finissait pas de l’acclamer.
Sobre, lumineux, souriant, l’artiste irakien tout habillé de noir a repris ses plus belles chansons anciennes et en a présenté de nouvelles. Aussitôt que l’orchestre qui l’accompagnait – un orchestre composé de 28 musiciens – a entamé les premières notes de la chanson d’ouverture Aradi Khoudoudha, paroles d’Ibrahim Ghazi, que les applaudissements ont éclaté.
Le public reprenait avec son idole, figure emblématique de la musique arabe populaire, les paroles d’amour dédiées à la femme aimée, s’ensuit Law lam takouni de Nizar Kabbani et Ya moustabedda de Karim l’Irakien. Le chanteur a alors lancé ironiquement à son public: «Combien de moustabedda y a-t-il parmi nous ce soir?». Puis, il a repris toujours dans un registre romantique Li jesmek otr khatir, également de Nizar Kabbani. Son orchestre s’est tu et seul le musicien libanais Michel Fadel l’a accompagné au piano. Haii habibi, al-Hobb el-moustahil, Sabahouki succar, Zidini echkan littéralement repris en chœur par les fans qui acclamaient le chanteur debout, séduits par sa nonchalance distante allant de pair avec une légère pointe d’humour, juste ce qu’il faut mais pas trop, pour ne pas tomber dans le cynisme.
Sans être mièvre, Kazem el-Saher est une personne d’une gentillesse exquise: chose rare et plutôt précieuse de nos jours. Pas vantard pour deux sous, pas prétentieux du tout, lui qui était supposé chanter pendant une heure et demie n’hésitait pas à reprendre les tubes qu’on lui demandait se contentant de murmurer vers la fin du spectacle: «Mais cela fait deux heures et demie que je chante pour vous» avec son exquis accent irakien. Dans ce magnifique palais de Beiteddine qui, ce soir-là, brillait de mille et un feux, le temps de deux soirées, un chanteur venu d’Irak a charmé les Libanais qui l’ont littéralement ovationné.
Danièle Gergès