Le cinéma égyptien perd, encore cette année, une de ses plus importantes figures: après Faten Hamama et Omar Sharif, c’est Nour el-Charif qui s’éteint. Né au Caire, le 28 avril 1946, de son vrai nom Mohammad Jaber Mohammad Abdallah, Nour el-Charif est décédé le 11 août 2015, à l’âge de 69 ans, des suites d’une longue maladie, un cancer des poumons. L’adieu en images à l’un des derniers représentants de l’âge d’or du 7e art égyptien.
Première apparition à l’écran
Malgré ses études à l’Institut supérieur d’art dramatique, c’est à une carrière de footballeur que le jeune Nour el-Charif se prédestinait.
Membre de l’équipe junior du célèbre club de football de Zamalek, il a arrêté de courir derrière le ballon à l’âge de 20 ans, pour se consacrer, définitivement et exclusivement, à son autre passion: le cinéma.
Après quelques rôles sur les planches, il fait sa première apparition sur le grand écran, grâce à son ami, l’acteur Adel Imam, en 1966, dans Qasr el-chawk, film réalisé par Hassan el-Imam, adaptation de la trilogie cairote de Naguib Mahfouz.
Entre le grand et le petit écran
Acteur prolifique, Nour el-Charif a joué dans plus de 240 œuvres, sous différentes formes: au théâtre, au cinéma, à la télévision.
Parmi sa filmographie, mentionnons, à titre d’exemple: Madinat el-samt, Lastou shaytanan wala malakan, Layla sakhina, L’immeuble Yaacoubian… Il a joué dans une centaine de séries télévisées, parmi lesquelles: Haroun el-Rachid, Aa’ilat el-haj Metwalli, Omar Ben Abdel-Aziz, El-attar wa sabaa banat, Arafa el-bahr…
Charif s’est même essayé à la réalisation en 2001, avec el-Aachikan. Lauréat de plusieurs prix de festivals égyptiens, arabes et internationaux, il aurait été surnommé «le chasseur de prix».
Un couple de stars
A l’image du couple adulé du Caire, Faten Hamama et Omar Sharif, Nour el-Charif et Poussy, elle aussi actrice célèbre dans son pays et dans le monde arabe, ont également longtemps enthousiasmé les foules. C’est durant l’émission el-Kahira wal nass (Le Caire et les gens) qu’ils se sont rencontrés. Selon les informations qui circulent sur le Net, il serait immédiatement tombé sous le charme de cette jeune fille, encore élève à l’époque. Leur histoire d’amour n’a pas été des plus faciles. ٬es parents de Poussy se sont opposés au mariage resté suspendu quatre ans, pour avoir finalement lieu en 1972. Un mariage qui a duré plus de trente ans, suivi d’un divorce en 2006. Ils se sont remariés, 9 ans après leur divorce, en janvier 2015, au moment où Nour el-Charif luttait déjà contre la maladie. Nour el-Charif et Poussy ont ensemble deux filles, Sarah et May. L’image de leur amour restera vivace à travers leur film commun le plus célèbre Habibi da’iman (Mon amour, pour toujours).
Le destin
S’il a incarné plusieurs rôles historiques tout au long de sa carrière, Nour el-Charif restera dans la mémoire, notamment la mémoire internationale, sous les traits du philosophe Averroès, grâce au film de Youssef Chahine, Le destin, Al-massir. Ce dernier a remporté, en 1997, le prix du cinquantième anniversaire du Festival de Cannes.
Avec une tête d’affiche comptant également Leila Alaoui et Mohammad Mounir, et une bande-son originale qui a remporté un immense succès, Le destin reste, hélas, un film d’une actualité cuisante, au moment où l’intégrisme, l’extrémisme, le fanatisme et l’intolérance ravagent notre monde.
Le dernier adieu
Les obsèques de Nour el-Charif ont eu lieu, le 12 du mois courant, au Caire, en présence d’amis, de personnalités du monde culturel et, évidemment, du cinéma. Tant de rumeurs, d’informations et de polémiques ont circulé sur le Net. Tant de messages de tristesse également. Un dernier adieu émouvant pour l’une des figures les plus emblématiques du cinéma arabe.