Considérant que la souveraineté du pays et que la justice doivent occuper une place importante au cœur d’une nation, Nicolas Sehnaoui, ancien ministre des Télécommunications et figure du Courant patriotique libre (CPL), interviewé par Magazine, se prononce sur l’arrestation du cheikh islamiste Ahmad el-Assir. Selon lui, cette affaire constitue une victoire, espérant qu’à long terme, les mesures nécessaires seront prises.
Que pensez-vous de l’arrestation d’Ahmad el-Assir?
L’arrestation d’Ahmad el-Assir est une victoire pour tous les Libanais qui combattent l’extrémisme et le terrorisme. C’est aussi une grande joie pour les parents des martyrs de l’Armée libanaise, ces soldats qui ont péri à Abra. C’est un grand succès également pour la Sûreté générale ainsi que pour son chef, le général Abbas Ibrahim dont je salue ici l’efficacité. J’espère que cette fois les juges ne cèderont pas aux pressions des politiciens, comme ils le font souvent. Dans tous les cas, nous veillerons au grain.
A votre avis, l’affaire sera-t-elle menée jusqu’au bout?
J’espère que l’enquête ira jusqu’au bout dans cette affaire pour permettre de dévoiler qui se cache derrière le mouvement d’Assir. En d’autres termes, il faut que cette enquête puisse révéler qui a financé, qui a armé et qui a soutenu le cheikh sunnite, même s’il s’agit de services de renseignements étrangers.
Pensez-vous que la médiatisation accrue de l’arrestation d’Assir soit «sage»?
La médiatisation de telles affaires a un avantage. Elle rend plus difficiles les pressions et les manœuvres politiques susceptibles de faire dévier la justice. Quand toute l’opinion publique est au courant de ce qui se passe, et est mobilisée par un crime donné ou un problème quelconque, il est plus difficile pour un juge ou pour un politicien de détourner l’affaire. L’opinion publique est là pour juger. C’est dans ce sens que la médiatisation protège, en quelque sorte, la justice, du moins à court terme.
Quel sera l’impact de cette arrestation sur le dossier des otages?
Les familles des otages miltaires n’ont qu’une seule priorité, c’est de les libérer des mains de leurs agresseurs. Nous ne pouvons pas mettre en péril la sécurité d’une nation et ses enjeux suprêmes dans une même balance que les enjeux d’une famille, ni même les vies de certains citoyens. Les citoyens, surtout ceux qui font partie des forces armées, passent malheureusement après la nation, un phénomène qu’on retrouve aux quatre coins du monde. C’est la raison d’Etat.
Or, la façon avec laquelle est gérée actuellement l’affaire des otages, nous sentons qu’il y a une sorte de commerce vis-à-vis de ces soldats kidnappés, un commerce qui n’est pas sain.
Quel que soit l’intérêt ou le désintérêt, handicap que peut avoir cette arrestation pour l’affaire des otages, il faut gérer cela derrière les coulisses, pour que l’Etat puisse faire primer la raison d’Etat.
Propos recueillis par Natasha Metni