Les amis de Sourat ont célébré, en compagnie d’un public venu nombreux, l’édition 2015 du Festival Sourat. Musique classique et airs traditionnels étaient au programme.
Loin des feux de la rampe, des soirées prestigieuses, des festivals tonitruants, le Liban-Nord, plus particulièrement le paisible village de Sourat et ses alentours, célèbre un festival né, depuis 2002, dans la spontanéité et le plaisir du partage: le festival Sourat édition 2015, organisé par Les amis de Sourat, a eu lieu le samedi 8 août, sous les chênes centenaires de la place du village.
Toujours dans le même concept d’une rencontre entre l’Orient et l’Occident, la préservation du patrimoine architectural et musical du pays et l’esprit d’ouverture, le concert s’est déroulé en deux temps.
Une première partie où les spectateurs ont été transportés à l’Opéra. Un opéra très particulier, puisqu’il n’y avait pas de voix, mais un instrument en invité spécial: la flûte de pan, cet assemblage de tuyaux sonores, dont la simple évocation ramène des effluves à la fois mythologiques, historiques et poétiques. Sous la baguette magique de Michael Cousteau, venu spécialement pour l’occasion de Paris avec Marco Theves, premier violon, et Louis Galliot à la contrebasse, les musiciens de l’Orchestre national libanais ont donné la réplique à la «prima donna» de la soirée, en l’occurrence la flûte de pan de Michel Tirabosco. Tenant le public sous le charme et l’envoûtement de son instrument, il a remplacé, à lui seul, avec un talent incroyable et une sensibilité bouleversante, toutes les tessitures du pupitre nécessaires à l’interprétation de ces œuvres. De mezzo-soprano à la soprano dramatique, lyrique ou à l’alto, il a successivement interprété l’adolescent Chérubin des Noces de Figaro, les vocalises de la Reine de la nuit de La Flûte enchantée, la malicieuse Isabella de Rossini de L’Italienne à Alger, la noble Norma dans l’air Casta Diva et la Carmen de Bizet dans une fantaisie composée par Sarasate. Ces grands airs d’opéra ont été ponctués de diverses ouvertures et pièces musicales d’opéra, assortis d’explications données par Michael Cousteau. Ravi, le public ne cessait d’en redemander.
Après les airs classiques, place à la seconde partie du programme. Le père Khalil Rahmé, la soliste Grace Medawar et la chorale de la NDU (Université Notre-Dame de Louaizé), se sont joints à l’orchestre pour interpréter des airs traditionnels libanais: Aatini el-nay, Ya ghzayel, Fraché w zahra de Zaki Nassif, Al waylou lioummaten d’après le poème de Gibran Khalil Gibran.
Fidèle à son objectif premier
Comme de coutume depuis des années, le public a pu découvrir les deux expositions présentées parallèlement au concert: les peintures de Vera Mokbel et les mosaïques de Dana Adada. La soirée s’est achevée par le dîner traditionnel sur la place du village: éclairage de circonstance, centres de tables confectionnés de feuilles de chêne, les maîtresses de cérémonie, Christine et Isabelle, ont réussi, une fois de plus, à entraîner le public, toutes générations confondues, sur la piste de danse.
Sérénité, paix, bonheur simple mais intense, telle est la particularité de ce festival, «limité à une soirée annuelle soignée comme un enfant unique». Dans le discours inaugural, les organisateurs rappellent les raisons qui les ont poussés à tenir cet événement, à le pérenniser d’année en année, afin de «mettre l’accent sur nos villages et notre patrimoine, de prouver qu’ils valent le déplacement et qu’ils recèlent de véritables trésors cachés à sauvegarder. Nous avons voulu démontrer qu’il était possible d’en tirer profit sans les dénaturer. Nous avons voulu insister sur notre francophonie et notre culture plurielle. Nous avons voulu réitérer et pérenniser notre place de trait d’union entre l’Orient et l’Occident… Beaucoup reste à faire. Nos moyens sont limités, mais nos ambitions sont grandes». Et de s’engager, sans promettre toutefois, «à explorer toutes les pistes et faire le maximum pour intégrer notre village, et par extension ses alentours, dans une dynamique cherchant à permettre une croissance économique et des créations d’emplois, toujours dans le respect du cadre et du patrimoine».