Agé de 6 ans, Maxence est né sans main droite. Grâce à l’impression 3D, il a été équipé d’une prothèse de main qui s’attache avec du velcro et s’utilise comme un gant. C’est la flexion du poignet qui va plier les doigts en tirant sur les tendons. Une technologie révolutionnaire.
Le petit garçon fait partie des enfants qui naissent avec une malformation d’un ou plusieurs membres. Dans son cas, il s’agit d’agénésie, absence de formation d’un membre lors du développement embryonnaire. Cette prothèse de main 3D va donc lui permettre d’améliorer son quotidien et d’expérimenter de nouvelles choses. Elle est très facile d’usage: une opération n’est pas nécessaire. La prothèse s’utilise aussi simplement qu’un gant. Elle lui a permis par exemple de lancer une balle de tennis ou d’essayer la balançoire. L’enfant découvrira ainsi les choses qu’on fait généralement à deux mains et qu’il pourra les effectuer à une main et demie comme le vélo qu’il pratique depuis l’âge de deux ans et demi. Il s’agit en fait d’une nouveauté ludique qu’il va utiliser et non pas d’une prothèse médicalisée. L’intérêt de la prothèse 3D est que les enfants ont l’impression de se déguiser plutôt que de mettre une prothèse comme celle fournie par le circuit médical traditionnel. Sans compter son coût de fabrication: moins de 50 euros. Un élément crucial pour l’enfant qui va devoir changer de prothèse plusieurs fois au cours de sa croissance. Et si elle se casse, la famille peut la réparer directement en passant par une imprimante disponible localement. Pour les parents, l’objectif est simplement d’améliorer le quotidien de leurs enfants et le regard des autres. L’expérience de Maxence pourrait permettre à d’autres d’en bénéficier.
Une première main en France
Depuis 2013, une fondation américaine, e-Nable, a lancé un réseau philanthropique d’un genre particulier: mettre en relation des personnes disposant d’imprimantes 3D avec des familles ayant des enfants à qui il manque des doigts ou une main. Déjà plus de 1 500 prothèses ont été fournies via la plateforme. La prothèse 3D du petit garçon a été fabriquée par Thierry Oquidam, un bénévole parisien de l’association. Selon lui, ces prothèses de main et d’avant-bras sont destinées aux enfants qui n’optent pas pour une prothèse médicale traditionnelle, pour une question de prix, de temps ou à cause du caractère unique de leur handicap. Le modèle de ces prothèses très basiques a un fonctionnement simple. La prothèse est composée de deux parties, une dans laquelle on glisse la paume de la main, et un gantelet fixé au bras par du velcro. Le poignet va tirer sur les tendons de l’avant-bras et forcer les doigts à se plier. L’objet, non-invasif, s’enfile et se retire sans complexité, et sans mode d’emploi. Les prothèses médicales à plusieurs milliers d’euros sont loin d’être dépassées par ces objets à 50 euros. Pas question de jouer au piano ou même de faire ses lacets, la main en plastique donne juste accès à un mouvement de préhension simple. De quoi, comme l’énumère le bénévole d’E-Nable, attraper un ballon, faire de la balançoire ou tenir le guidon d’une trottinette. La réception de sa prothèse par Maxence est une première en France, mais le phénomène va très vite se démocratiser. Le fabricant espère, en tout cas, que dans les années qui viennent, les prothésistes vont s’emparer de cette technologie pour être plus en adéquation avec tous les besoins de leurs patients.
Nada Jureidini
Une avancée majeure
La technologie de l’impression 3D, qui permet de reproduire à l’identique un objet en adoptant des formes complexes, est un secteur en pleine croissance sur un marché lucratif qui s’étend de la santé au jouet, en passant par l’aéronautique et l’horlogerie. D’abord réservée aux professionnels et aux industriels, cette technologie est désormais également proposée aux particuliers avec la commercialisation d’imprimantes 3D accessibles à tous ou des sites web qui reproduisent des objets à la demande.