Deuxième soirée d’opéra pour le festival trentenaire de Beiteddine. Le jeudi 27 août, la soprano russo-autrichienne, Anna Netrebko, accompagnée du ténor Yusif Eyvazov, a enchanté la foule.
Texte
La soirée commence avec l’opéra La Gioconda de Ponchielli, créé en 1876, d’après Angelo, tyran de Padoue de Victor Hugo, et qui se démarque par sa capacité à accorder de l’importance à chacun des six grands types de voix du chant lyrique. Mais pour cet acte d’ouverture, pas de voix, seulement les notes de l’Orchestre philharmonique Gioacchino Rossini, le même orchestre qui a accompagné Juan Diego Flórez, mais cette fois sous la direction de l’Italien Marco Boemi, pétillant chef d’orchestre qui a largement contribué à l’ambiance harmonieuse et décontractée de la soirée.
Un prélude orchestral, et Anna Netrebko fait son entrée sur la scène du palais de Beiteddine. Aussitôt ovationnée, le visage radieux et le sourire éclatant, elle salue son public ravi, avant d’épouser les traits soudain majestueux du rôle, la voix d’Adriana Lecouvreur de Cilea. Dès les premières intonations vocales, elle prouve son statut de diva. La voix, comme le plus pur des instruments. La voix en mode indicible.
Tout au long de la soirée, Anna Netrebko déploie toutes les gammes de sa voix, grave, cristalline, puissante et vibrante, aussi bien dans le médium que dans les aigus. Alternant les actes, tour à tour, la soprano s’éclipse, à chaque fois sous les applaudissements chaleureux, pour céder la place au ténor Yusif Eyvazov, originaire d’Azerbaïdjan. Passé un premier acte, l’Arlesiana de Cilea, où il semble peut-être encore mal à l’aise, la voix se faisant ressentir, il parvient dès sa deuxième apparition à gagner la faveur et le plaisir de l’audience. Un plaisir qui va crescendo: Verdi, Strauss, Puccini, Dvorak, Leoncavallo, Boito… Aïda, Otello, Rusalka, Madame Butterfly… les airs d’opéra s’élèvent, des airs généralement connus du grand public. Les voix d’Anna Netrebko et de Yusif Eyvazov s’envolent vers les sommets, tour à tour opulents et somptueux, offrant au public trois duos chargés d’émotion.
La soirée s’achève sous les applaudissements, les vivats et les bravos. Et quatre reprises, encore plus décontractées, où Anna Netrebko va même jusqu’à se déchausser pour entamer des pas de danse russes, Yusif Eyvazov se présentant sur scène en abaya. A chaque fois, ils tentent d’expliquer, en signes gestuels, que la voix est fatiguée. Mais imperturbable, le public en redemande encore, ravi par le charisme, la simplicité et la magnificence des artistes. Nayla Rached