La première Réunion espagnole, organisée par l’ambassade d’Espagne, aura lieu le 16 septembre, au Gärten, à Biel, sous l’intitulé Un regard espagnol sur les rues de Beyrouth. L’ambassadeur d’Espagne au Liban, Milagros Hernando Echevarría, nous en dit plus sur cette initiative.
Pourquoi avez-vous décidé de lancer cette initiative?
Dès qu’on a commencé à penser à cet événement, vu qu’il y a beaucoup de compagnies libanaises qui travaillent avec des sociétés espagnoles dans le domaine de la mode, je me suis demandé comment donner au public libanais une idée de la mode espagnole, de ces niches espagnoles en général, sans privilégier un groupe sur un autre, une marque aux dépens de l’autre. L’activité commerciale est importante au Liban, mais souvent les gens ne savent même pas qu’il s’agit d’un groupe espagnol, ils s’étonnent que telle marque qu’ils portent est effectivement espagnole. On a donc commencé à penser à organiser quelque chose qui serait à cheval entre un événement culturel et un événement façon de vivre.
Certes, c’est une histoire de promotion de la mode espagnole, mais c’est beaucoup plus que ça. C’est une manière de dire que la mode espagnole est d’abord le résultat d’une société jeune, comme la société libanaise, qui essaie d’être bien avec elle-même. Que malgré les difficultés par lesquelles passe le Liban, il y a toujours des possibilités d’innover, beaucoup de talent, de jeunes, de capacités à souligner, à mettre en place…
Il s’agit d’une collaboration entre l’Espagne et le Liban?
Oui, en effet, à l’image même de l’événement qui est un mix des deux cultures, je tenais à ce que ce soient des Libanais qui soient capables de le mettre en place. Je ne voulais pas faire quelqu’un d’Espagne, d’où l’étroite collaboration avec l’agence Tarte aux poires. Parmi les autres éléments auxquels je tenais également, d’abord que toutes les marques soient traitées sur un même pied d’égalité. Ensuite, que les modèles soient des gens de la vie quotidienne, non des professionnels; des enfants aux grands-parents, on s’adresse à tout le monde. D’ailleurs, la première activation de l’événement a eu lieu quelques semaines avant le 16 du mois: un bus a sillonné le pays pour sélectionner les mannequins qui se sont prêtés au jeu avec enthousiasme.
Pourquoi la mode?
Quand on parle de mode, il ne s’agit pas de frivolité. Parce qu’avec la façon de s’habiller, on peut montrer une façon d’être dans le monde, d’être meilleur pour l’autre en face de soi. La mode véhicule aussi une idée de liberté. Chacun peut se sentir bien dans sa peau d’une façon différente, il n’y a pas de règles préétablies. Il est vrai que parfois, on n’a pas le choix, vu la cherté de certains articles. Mais là on expose des marques qu’on peut choisir, qui ne sont pas loin de nous, c’est une mode pour tous les jours. Et c’est tout près, c’est accessible, les prix sont abordables. Les créateurs de ces marques-là sont dans le même processus de réflexion, chacun selon son style évidemment.
D’où donc l’idée d’un événement qui s’inscrit dans une manière d’être dans le monde, un mode de vie.
Oui, exactement, un mode de vie, un style de vie, qui peut être partagé par les Libanais, les Espagnols, les Italiens, les Méditerranéens en général, peut-être tout simplement pour une question de climat, de soleil. Cela relève aussi de l’évolution des sociétés; la société libanaise contemporaine est une société très jeune, depuis 1943. La société espagnole est aussi une société jeune, de par la façon dont elle vit, après les transformations politiques des années 70, la mort de Franco… de par la façon dont elle s’exprime, avec des valeurs qui portent le futur, qui parlent de demain avec tous les problèmes que les sociétés ont. Et je crois que dans la société libanaise il y a beaucoup de gens qui parlent de demain, comment l’organiser. Les derniers événements nous montrent bien qu’on se pose des questions sur comment aménager le futur, peut-être pas de la même manière qu’on a aménagé le passé.
Cet événement vous encourage-t-il à organiser d’autres dans le même esprit de collaboration?
Nous sommes toujours ouverts. Nous essayons continuellement d’améliorer les rapports, en se demandant aussi où se trouve notre niche. Nous croyons que c’est avec ce groupe qui parle de demain, de valeurs démocratiques, où nous retrouvons des similarités. C’est une chose de faire venir des événements d’Espagne, mais c’est plus intéressant de créer à deux, car chacun y met du sien, ses expectatives, ses rêves…
Propos recueillis par Nayla Rached
www.SpanishReunion.com