Alors qu’il est question de la réouverture du dépotoir de Bourj Hammoud, Magazine fait le point sur le plan Chéhayeb, proposé pour régler la crise des déchets avec le député Hagop Pakradounian, secrétaire général du Tachnag et membre du Bloc du Changement et de la Réforme.
Qu’en est-il de la réouverture du dépotoir de Bourj Hammoud?
Sous le label du règlement de la crise des déchets, tous les regards se sont dirigés vers la réouverture du dépotoir de Bourj Hammoud. Sans vouloir faire de la surenchère, ce fameux dépotoir a été fonctionnel pendant 22 ans et nous en avons souffert, même après sa fermeture, à cause des odeurs et des gaz toxiques qu’il dégage et que nos enfants respiraient.
En quoi consiste exactement le plan Chéhayeb concernant ce dépotoir?
Ce plan est encore au stade de proposition et d’étude et n’est pas encore passé au stade de l’exécution. Il comporte deux étapes. D’abord, la construction d’un barrage maritime pour une période de six mois, puis le tri de la montagne de déchets qui existe déjà et, enfin, la création d’une cellule sanitaire pour prélever les matières triées et les ensevelir. Après ces six mois, et pour une période d’un an, la cellule sanitaire accueillera, de Bourj Hammoud et ses alentours, 1 000 tonnes de déchets par jour pour les y jeter. Un an plus tard, le projet s’arrêtera. A ce moment-là, 350 000 mètres carrés de terrains qui reçoivent ce projet seront donnés à la municipalité de Bourj Hammoud pour en faire des espaces verts et un jardin public. Ceci est le bel aspect que les gens pourraient voir et qui pourrait éventuellement développer Bourj Hammoud et améliorer sa façade maritime.
Etes-vous en faveur de ce projet?
La seule promesse que nous avons faite à Akram Chéhayeb, c’est notre disposition à étudier ce projet, car nous croyons dans une approche positive quoique nous ne sommes pas obligés de supporter les déchets des autres régions, surtout celles qui refusent de créer des dépotoirs et des incinérateurs chez elles, sous prétexte que les prix des terrains sont très élevés. La question qui se pose aujourd’hui est celle de savoir ce qui s’est passé après des années d’indifférence et malgré nos multiples réclamations pour trouver une solution à la montagne de déchets de Bourj Hammoud, qui représente un véritable danger du fait des produits non définis qu’elle contient. Pourquoi ont-ils été inspirés maintenant d’éliminer cette montagne et de créer une cellule sanitaire pour une durée d’un an, y déposer 350 000 tonnes de déchets, puis la fermer et donner à la municipalité un terrain de 350 000 mètres? Pourquoi ont-ils soudain décidé de dépenser une somme variant entre 50 millions et 70 millions de dollars pour un projet dont la durée est d’un an? Il n’y a pas de confiance dans l’Etat. Qui peut garantir que le barrage maritime sera construit en six mois ou que le tri des déchets sera fait de manière scientifique? Qui garantit que cette cellule va contenir uniquement 350 000 tonnes? Ou que le Parlement votera une loi pour accorder les biens maritimes acquis après l’incinération à la municipalité de Bourj Hammoud? Beaucoup de questions se posent et pas de réponses. Je crains que ce projet ne soit pas applicable à court terme.
Quelle est la solution d’après vous?
Que celui qui a créé ce problème le résout. Nous avons été la solution pendant 22 ans.
Le général Michel Aoun a tiré la sonnette d’alarme en parlant de l’implantation des réfugiés syriens…
On parlait avant de l’implantation des Palestiniens. Maintenant, c’est le tour des Syriens. Le but de la visite de David Cameron est de trouver une solution aux réfugiés. Tout ce qu’il a évoqué d’autre était juste pour la forme. Selon la Constitution libanaise, l’implantation est interdite mais la réalité est différente. Si nous ne travaillons pas pour ramener les réfugiés syriens chez eux, nous serons face à une très grave crise. C’est pourquoi le général Aoun a tiré la sonnette d’alarme. L’Europe est incapable de régler cette affaire et elle déploie tous les efforts pour les maintenir au Liban et les aider sur place.
Espérez-vous des résultats du dialogue?
Est-ce que l’absence de dialogue est meilleure? Au moins, le dialogue a l’avantage de donner une chance à ceux qui se parlent de trouver un terrain d’entente et une solution logique aux «petits» problèmes, jusqu’à ce que la situation globale se décante. Pour le moment, il n’y a pas d’élection présidentielle. Malheureusement, nous avons réussi à pousser les citoyens à bout et ils s’en désintéressent totalement. Aujourd’hui, le citoyen ne se soucie que des déchets, de l’eau et de l’électricité. Voilà pourquoi le mouvement social est important, à condition qu’il conserve des réclamations précises sans élargir ses demandes.
Propos recueillis par Joëlle Seif