L’Association pour la sauvegarde de l’enfant au Liban (Acsauvel) a organisé, samedi 19 septembre, une réception sous le patronage du ministre de l’Education nationale, Elias Bou Saab, et en présence du président de la municipalité de Dik el-Mehdi, Amine el-Achkar, pour marquer l’achèvement de la première étape des travaux d’agrandissement du bâtiment de l’association, mis à sa disposition par l’Ordre libanais maronite (OLM), au voisinage immédiat de Champville. Ces travaux comprennent principalement la construction d’un second étage.
L’agrandissement des locaux permettra à l’association de mettre en œuvre deux nouveaux programmes en rapport avec l’accueil d’enfants à besoins sspéciaux: l’accueil des enfants à partir de 3 ans, pour un programme d’éducation précoce (aujourd’hui, l’âge minimum requis étant de 5 ans), et l’ouverture de quelques chambres destinées à l’internat de personnes à handicap sans parents et sans tuteurs.
Le nouvel étage en voie de construction comprendra un théâtre, une salle de conférences, une cuisine et des ateliers.
Au cours de la soirée du 19 septembre, l’ingénieur Abdallah Dagher, en charge du projet, l’a présenté à l’audience. Forte d’une expérience de 37 ans au service des enfants à handicap, l’association Acsauvel se lance aujourd’hui dans un projet d’élargissement et de réhabilitation de son bâtiment, explique-t-il. L’édifice, de deux étages actuellement, en comprendra quatre. Les deux étages supplémentaires seront de 1 100 mètres carrés chacun, d’un coût estimatif de 2 millions de dollars.
Intégrer les enfants à handicap léger
Les travaux globaux comprendront, dans une première phase, l’aménagement d’un théâtre, d’une librairie, d’une salle d’ordinateurs et de cinq ateliers protégés, ainsi que des chambres de deux lits pouvant servir d’internat. Elles pourraient servir aussi à héberger des élèves d’autres écoles qui viendraient au Liban dans le cadre de programmes d’échanges scolaires spécialisés. Quant aux phases ultérieures du projet, il s’agira principalement de la réhabilitation et du rééquipement des deux étages actuels, et ce, grâce à des aides venant de l’étranger, notamment l’Allemagne (le coût estimatif s’élevant à 1 million d’euros). Dans une troisième phase, Acsauvel se propose de réhabiliter un jardin public attenant à l’école, pour élargir sa cour de récréation.
Véra Zeitouni, chef du bureau du ministère de l’Education nationale au Mont-Liban, a mis l’accent sur le besoin de mettre l’être humain, et en particulier l’enfant, au centre de l’éducation nationale. «Les jeunes, tous les jeunes, et combien plus les jeunes à besoins spéciaux, sont vulnérables; il faut les protéger». Elle a notamment évoqué la façon dont les médias de masse sont susceptibles d’emprisonner les jeunes, de les conditionner et que, là aussi, une éducation nationale se doit de rester vigilante. «La nécessité de la formation est double: il est impératif de former les enfants, certes, mais il faut aussi former les adultes», assure Véra Zeitouni. L’Education nationale a d’ailleurs le souci de tenter l’intégration scolaire, dans des écoles normales, de certains enfants à handicap léger. En effet, «l’intellect n’est pas la seule dimension de l’être humain qu’il faut développer. Il existe d’autres dimensions humaines, telles que l’intelligence du cœur, la solidarité, la serviabilité, etc.», poursuit-elle.
Natasha Metni
Sauver les générations futures
Présidente d’Acsauvel, Nabila Farès explique: «Acsauvel est née durant l’été de 1979. Yvonne Gemayel frappe à ma porte. Elle était là en mission. Avec la guerre et les bombardements intensifs, les tragédies ne se comptaient plus. Yvonne et moi dépensions sans compter pour assister des familles ou des personnes en difficulté – et elles étaient nombreuses. Une partie du travail se faisait avec des familles affluant vers le Metn du Nord et du Sud. L’idée fixe d’Yvonne fut que nous travaillions ensemble pour aider ceux qui souffraient le plus de la situation, à savoir les enfants. Ce fut la naissance d’Acsauvel. Nos premières réunions se sont tenues à l’école du Sacré-Cœur, à Saïfi. Après discussion, nous avons choisi le nom Association civile pour la sauvegarde de l’enfant au Liban. Le mot «civil» signifiait, et signifie toujours, que nous ne faisons pas de discrimination dans l’accueil des enfants. Acsauvel est aujourd’hui en charge de 70 enfants souffrant de retards mentaux faibles à moyens. Ce sont, en majorité, des enfants trisomiques, ainsi que quelques autistes et des enfants souffrant de troubles traumatiques. Notre premier objectif est de les voir acceptés dans leurs propres familles et dans l’environnement humain. A partir d’un certain âge, nous les formons dans des ateliers protégés, ce qui leur permet d’avoir un minimum d’insertion sociale et professionnelle».