Le secteur bancaire libanais est non seulement la pierre angulaire de l’économie nationale, mais il s’agit d’une industrie bien rentable. Preuve à l’appui, les politiques y investissent. Des familles d’anciens et d’actuels politiques possèdent 32% de l’ensemble des actifs du secteur bancaire et huit familles de l’élite politique contrôlent 29% des droits des actionnaires, soit l’équivalent d’un peu plus de 7 milliards de dollars. Ces huit familles sont: Hariri, Kassar, Sehnaoui, Raphaël, Assaf, Habib, Kheireddine et Hraoui. Ce sont du moins les conclusions d’une étude effectuée par le professeur en économie à l’American University of Beirut (AUB), Jade Chaaban, sur les liens qui existent entre la classe politique et le secteur bancaire. Cette étude, menée sur base des chiffres et données de 2013, a mentionné la présence de 54 banques commerciales dont 20 détiennent 99% des actifs financiers, tandis que 15 établissements bancaires connus sous le nom des Banque Alpha – qui bénéficient chacune d’au moins 2 milliards de dollars de dépôts – contrôlent 96% des avoirs. La même source a noté que, même si les politiques ne sont pas détenteurs directement des actions bancaires, ils possèdent des sociétés de holding qui en détiennent. Le professeur Chaaban fait référence, à titre indicatif, à la holding FRH qui détient des actions à la banque Audi et au sein de laquelle Fahd Rafic Hariri est actionnaire à concurrence de 10% du capital. Il a, par ailleurs souligné, qu’une certaine élite politique contrôlerait plus de 70% des actions de quatre banques parmi les dix plus grandes. Les hommes politiques dominent les conseils d’administrations de 15 des 20 banques alpha, soit à travers leur P.D.G. ou des membres de leurs conseils.
Liliane Mokbel