Un ton fort et déterminé, une reconnaissance et une admiration sans borne pour le général Michel Aoun. Gebran Bassil a voulu prouver qu’il était à la hauteur des espoirs que le leader du Courant patriotique libre (CPL) a toujours placés en lui.
Au cours de la cérémonie de passation du pouvoir, Gebran Bassil a fixé les grandes lignes du parti, appelant les partisans à remplir les routes menant au palais de Baabda, le 11 octobre prochain. «Je m’engage à respecter la charte du Tayyar, à me conformer à ses principes et à appliquer ses règlements, pour défendre le Liban et son grand peuple». C’est en ces termes qu’il a prêté serment devenant, officiellement, le chef du Courant patriotique libre (CPL) pour un mandat de quatre ans. Emu jusqu’aux larmes, le général Michel Aoun ne pouvait cacher le regard de fierté envers ce gendre dans lequel il a toujours cru au risque de se mettre une partie des partisans et des cadres du CPL à dos. Gebran Bassil, fort du soutien des militants présents à cette occasion – plus de 8 000 selon les estimations – arborant le drapeau orange du parti, a énuméré les grandes lignes du plan qu’il compte adopter. Il était entouré des plus anciens militants du Tayyar dont, dit-il, «le nom sera gravé en lettres d’or sur le bâtiment qui sera bientôt édifié pour le parti» et des vétérans de l’Armée libanaise qui avaient payé cher au cours de la guerre contre les Syriens et auxquels il rend hommage.
Le nouveau chef du Tayyar a annoncé que le parti souhaite donner un rôle prépondérant à la nouvelle génération, à la femme, aux émigrés, aux municipalités et aux syndicats, afin d’arriver à une décentralisation. Bassil a assuré qu’actuellement, 17 000 militants détiennent la carte du parti, qui a 3 200 postes de responsabilité, que, désormais, la porte est ouverte à ceux qui désirent adhérer au CPL, le but étant d’atteindre les 50 000 adhérents avant le prochain congrès, en 2016. «Nous fonctionnerons selon trois bases essentielles, dit-il: la démocratie, la participation active et le principe de demander des comptes. Nous adopterons la proportionnelle dans nos élections». «Nous serons, de ce fait, le plus grand parti chrétien du Moyen-Orient et un interlocuteur incontournable. Il faudra forcément passer par nous lorsqu’il est question des chrétiens du Moyen-Orient et décider de leur sort». Soufflant le chaud et le froid face à ses partenaires locaux, il rend hommage à la Résistance, assure que la parité réelle entre chrétiens et musulmans est de mise et tente de rassurer la communauté musulmane en concluant sur ces mots: «Nous ne vous préférerons aucun partenaire; nous ne serons que source de quiétude et d’assurance pour vous». Gebran Bassil a appelé les citoyens à se rassembler, le 11 octobre, sur la route du palais de Baabda.
Alliance avec le Hezbollah
Prenant la parole à son tour, le général Michel Aoun a rassuré ses partisans, leur promettant qu’il ne se retirerait pas de la vie politique. Revenant sur l’accord de coopération signé avec le Hezbollah, il a affirmé que cette initiative a évité au Liban la déstabilisation. Evoquant la question des réfugiés syriens, il s’est demandé si le Liban pouvait supporter ce que les pays arabes et l’Europe réunis n’ont pas pu faire. Revenant aussi sur la question de la présidentielle, il a martelé: «Que personne ne nous demande de choisir entre le chaos et un président faible. Va pour le chaos s’ils peuvent l’imposer mais ils ne réussiront pas. Je vous promets que vous aurez à la tête du pays un président issu de vos luttes, de vos rêves, de vos espoirs et de vos douleurs».
Danièle Gergès
Parmi les présents
Le président de la Chambre, Nabih Berry, y était représenté par le député Kassem Hachem, le Courant du futur par le ministre Nouhad Machnouk, le parti Kataëb par Sejaan Azzi, le Parti socialiste progressiste (PSP) de Walid joumblatt par le député Elie Aoun, et le parti Marada de Sleiman Frangié par l’ancien ministre Youssef Saadé. Le ministre Arthur Nazarian représentait le Tachnag, alors que les Forces libanaises (FL) avaient envoyé toute une délégation ainsi que le Hezbollah. Parmi les présents également, l’ancien ministre Marwan Charbel et le ministre Rachid Derbas.