Le rendez-vous approche, le Festival international du film de Beyrouth, du 7 au 15 octobre, convie les cinéphiles à la projection de 80 films sélectionnés avec soin et plaisir, en dehors des circuits hollywoodiens.
Comme chaque année depuis quinze ans déjà, les cinéphiles se retrouvent autour du Festival international du film de Beyrouth (Beirut International Film Festival – Biff). Du 7 au 15 octobre, la programmation de cette 15e édition, répartie en quatre sections, deux compétitions officielles et deux catégories hors-compétition, donne à voir 80 films venant de 28 pays. «Même si les sections ont été revues à la baisse cette année ou chamboulées, même si, en raison de la situation qui prévaut, la présence des invités, y compris les membres du jury, s’en est ressentie, un grand nombre d’entre eux ayant renoncé à faire le déplacement à Beyrouth», comme le souligne la directrice du festival, Colette Naufal, dans une conférence de presse, mercredi 23 septembre, à l’hôtel Le Gray, l’essentiel reste ailleurs; d’abord, dans la tenue même de ce festival malgré tout, au-delà de tout, ensuite dans la qualité et la diversité de la programmation proposée.
Coup de projecteurs sur certains moments forts de cette édition.
Panorama international A travers 24 œuvres cinématographiques, voyage dans le monde, de France en Italie, de la Colombie à la Roumanie, du Japon au Mexique, des Etats-Unis à l’Inde… au détour de films «ancrés dans la réalité des conséquences de la mondialisation», comme le déclare Colette Naufal.
The Little Prince Pour la séance d’ouverture sur invitation, projection du film d’animation signé Mark Osborne (Kung Fu Panda) et adapté de l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry. Emmêlant images de synthèse et stop-motion, le film suit l’histoire d’une petite fille, intrépide et curieuse qui, au contact d’un voisin excentrique et généreux, va découvrir un monde extraordinaire où tout est possible, un monde dans lequel l’Aviateur a autrefois croisé un mystérieux Petit prince… Avec la critique très mitigée qu’il a reçue, les uns louant sa vision poétique, les autres regrettant l’éloignement de la trame essentielle du texte, à chacun de se faire son avis.
Alias Maria Représentant la Colombie, à côté du film Embrace the serpent de Ciro Guerra, Alias Maria, signé José Luis Rugeles Gracia, dévoile la terrible réalité du conflit armé en Colombie, à travers le regard de Maria,
13 ans, jeune soldate de la guérilla.
Amy Salué par Le Nouvel Observateur comme «l’un des (documentaires) les plus forts et dévastateurs que l’on ait pu voir sur les ravages de la célébrité», le film d’Asif Kapadia fait pénétrer le public au cœur de la brève vie d’Amy Winehouse, décédée à 27 ans en 2011, icône, artiste, star déchue, femme tourmentée et petite fille à la fois. «Un documentaire choc, émouvant, loin de l’hagiographie», s’accorde à souligner la critique.
Antonia Mention spéciale du jury de la 50e édition du Festival de Karlovy Vary, ce film de Ferdinando Cito Filomarino relate les dix dernières années de la vie d’Antonia Pozzi, une poétesse italienne connue du XXe siècle.
Dheepan Jacques Audiard retrace dans son dernier film Dheepan, Palme d’or 2015, l’itinéraire d’un immigré tamoul qui a fui la guerre civile au Sri Lanka pour se réfugier en France dans une cité sensible. La situation des réfugiés politiques est aussi au cœur de trois autres films, The fencer du Finlandais Klaus Haro, The tenant de l’Iranien Mohsen Makhmalbaf et We are young. We are strong du réalisateur allemand d’origine afghane, Burhan Qurbani.
Foodies Thomas Jackson, Charlotte Landelius et Henrik Stockare nous invitent à une tournée dans le monde de l’art culinaire. Le film explore le phénomène mondial de ceux qu’on appelle les «foodies», amoureux passionnés de la cuisine, la critiquant et la goûtant partout dans le monde.
Journey to the shore Adapté du roman éponyme Kishibe no Tabi de Kazumi Yumoto, le film, projeté à Cannes dans la section Un certain regard et récompensé du prix du meilleur réalisateur pour Kiyoshi Kurosawa, nous emmène au Japon, aux côtés de Yusuke qui convie sa compagne Mizuki à un périple à la rencontre de ceux qu’il a croisés sur sa route depuis ces trois dernières années, depuis ce jour où il est mort…
Racing Extinction Signé de l’Américain Louie Psihoyos, Racing Extinction expose le monde caché de l’extinction à travers des images inédites qui vont changer la façon dont nous voyons la planète. Le documentaire sera projeté simultanément dans la salle Montaigne et en plein air dans le jardin de l’ambassade de France.
Wasp Ecrit et réalisé par le Suisso-Libanais Philippe Audi-Dor, Wasp suit l’aventure d’un trio Olivier, James et Caroline, qui arrive dans un petit village coupé du monde, au sud de la France. Bientôt, entre les trois personnages, s’installe une tension de jalousie sexuelle et de possessivité.
He named me Malala Clôture avec le documentaire réalisé par l’Américain Davis Guggenheim, qui dresse le portrait intime de Malala Yousafzai, la plus jeune lauréate du prix Nobel de la paix qui avait été prise pour cible par les Talibans pour avoir exprimé le désir des filles pakistanaises à suivre une éducation scolaire.
Compétition documentaires du Moyen-Orient Cinq films sont en lice pour le prix «Aleph» du meilleur documentaire, le prix du meilleur réalisateur et le prix spécial du jury: Al-Jeridi de l’Egyptien Mohammed Ahmed Alsayid Ali, Once upon a time, film turc de Kazim Oz, The Unbearable presence of Asmahan de la Jordanienne Azza el-Hassan, Speed Sisters de la réalisatrice canadienne d’origine palestinienne Amber Fares et Wheels of War du Libanais Rami Kodeih: Après A Sheherazade Tale (2006) et The Mill (2010), Rami Kodeih emmène ses spectateurs au détour de la guerre du Liban, à la suite d’un groupe d’anciens miliciens qui a trouvé la paix dans le plus improbable des lieux. Ce sont eux, les «bikers», qui sillonnent le pays.
Compétition courts métrages Moyen-Orient Parmi les 14 courts métrages qui concourent pour les trois premières places dans cette compétition, ainsi que pour le prix spécial du jury, cinq films libanais. Outre Free Range de Bassem Breche, qui a remporté le prix du jury au Festival international du film oriental de Genève 2014 et le grand prix de sensibilisation sur le handicap au Festival Handifilm de Rabat, les autres courts du Liban sont des comédies aigres-douces, comme le mentionne Colette Naufal qui promet aux spectateurs de passer de beaux moments:
Hayda ana d’Elie el-Semaan. Prix du meilleur court métrage international au Festival international du film de New York, il se concentre sur trois adolescents libanais qui décident de mettre le feu à des pneus de voiture, boucher une rue locale et envoyer ainsi un message sur la profondeur de leur angoisse.
Heaven sent you de Pierre Aboujaoudé. Sur son chemin à une fête costumée, Clément, déguisé en curé, croise Valentine qui le supplie de l’accompagner à la maison, son père mourant lui ayant demandé de ramener un curé…
Labein ma yejo de Carmen Bsaibes. A 70 ans, Daad Rizk passe son temps sur le Net, manipulant réseaux sociaux et tout autre moyen de communication virtuelle, dans l’attente d’un message, d’une photo de ses enfants et de ses petits-enfants qui vivent tous à l’étranger
Samir sheikh el-chabeb de Christelle Younès. Grand-père, Samir se réveille un jour pour se retrouver couché dans son cercueil, assistant à son propre enterrement…
Espace public Dans cette section hors-compétition, une programmation de 37 films, tournant autour de thèmes aussi divers que d’actualité, comme l’autisme, l’homosexualité, les enfants marginalisés, la situation des prisonniers, ainsi que celle des chrétiens, des Yazidis et des Kurdes. D’Egypte, de l’Arabie saoudite, du Bahreïn, d’Iran, d’Irak, du Brésil, le Liban a eu également la part belle dans cette section avec sept productions locales: Above the nest de Georges Hazim, Familiar stranger de Renée Awit, I believe d’Elie Azzam, Life to tape de Nour Akiki, Alia de Raghed Charabaty, Twice upon a time de Niam Itani et Gli Occhi di Aldo de Mike Malajalian.
Nayla Rached