Magazine Le Mensuel

Nº 3023 du vendredi 16 octobre 2015

POLITIQUE

Commémoration du 13 octobre. Vague orange aux portes de Baabda

Malgré les déconvenues et les déceptions, aux yeux de ses partisans Michel Aoun garde cette aura de héros rebelle, chantre de la réforme et du changement. C’est pourquoi ils ont répondu par milliers à son appel et envahi les rues menant au palais de Baabda. Vingt-cinq ans après avoir été évincé de ce même palais par les troupes syriennes, le général s’est adressé à ses partisans, rendant hommage à leur engagement et leur demandant de poursuivre la lutte.

Avec son langage direct qui séduit la foule et produit une flambée d’urticaire chez ses détracteurs, Michel Aoun a salué ses milliers de partisans rassemblés sur les routes du palais de Baabda, malgré la guerre «mondiale menée contre les aounistes». Tirant à boulets rouges sur la classe politique qui a gouverné le Liban ces vingt-cinq dernières années, il l’a rendue responsable de l’effondrement du pays. «A ceux qui prétendent que nous paralysons les institutions, dit-il, nous répondons que nous paralysons leurs décisions qui sapent les piliers de l’Etat». Attaquant violemment le cabinet Salam, le chef du Bloc du Changement et de la Réforme affirme que ce gouvernement aurait dû quitter le pouvoir depuis longtemps, mais qu’il paiera tôt ou tard le prix fort, lui qui manipule les lois et toutes les échéances constitutionnelles. «Nous déploierons tous les efforts nécessaires, assène avec virulence le général, pour nettoyer le Liban et le rendre propre et les portes de l’enfer, elles-mêmes, ne briseront pas notre volonté». Selon Michel Aoun, il s’agit de reconstituer le pouvoir législatif et exécutif, en proposant des élections présidentielles au suffrage universel ou des élections législatives, selon une nouvelle loi électorale basée sur la proportionnelle, permettant de constituer un nouveau Parlement, représentatif des Libanais, qui procèdera à l’élection d’un nouveau président de la République fort et représentatif.
Revenant sur son éviction du palais présidentiel par les troupes syriennes et son aviation, il a assuré que face «à la schizophrénie de la communauté internationale», le Liban a compris qu’il ne pouvait compter que sur lui-même et a remonté la pente peu à peu. «Nous célébrons cette commémoration, 25 ans après, pour sécher les larmes et renouveler l’engagement. Le pays exige parfois que l’on verse du sang pour lui, que l’on meure pour lui». Il a rendu hommage à tous les soldats morts pour que vive le Liban.

 

Déferlement aouniste
Un succès. C’est ainsi qu’on peut qualifier la manifestation du Courant patriotique libre (CPL), ses partisans ont encore une fois renouvelé leur support au général Michel Aoun, démentant toutes les rumeurs sur un recul de sa popularité et sa représentativité. Ils ont tous répondu présents à l’appel du général. Des quatre coins du Liban, son «chaab Loubnan el-azim» est accouru. Du Nord, du Sud, du Metn, de Jbeil, du Kesrouan et de toutes les régions libanaises, des groupes se sont rassemblés pour se diriger en convois vers le palais de Baabda où ils espèrent le voir trôner un jour.
Une messe de requiem a été célébrée à Paris à la cathédrale Notre-Dame du Liban, afin de partager un moment de recueillement à la mémoire des martyrs de l’Armée libanaise, de la Croix-Rouge et des civils innocents. A l’issue de la cérémonie, les participants se sont rendus sur le parvis du Panthéon pour observer une minute de silence «pour le repos de l’âme des martyrs de l’armée, rendre hommage à la valeureuse troupe qui a donné le meilleur d’elle-même, jusqu’au sacrifice suprême, pour défendre la patrie, sa souveraineté et son indépendance».

Danièle Gergès

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