Magazine Le Mensuel

Nº 3023 du vendredi 16 octobre 2015

Reportage

Harley-Davidson. Immersion dans le monde des motards

Il y a, dans le monde, les motos de diverses marques et il y a la Harley-Davidson. Les motards, les vrais, ces passionnés de la Harley se regroupent sous le label HOG (Harley Owners Group). Il est loin le temps où elle était considérée comme une secte fermée. Désormais, sur les routes libanaises, on les voit partout, souvent roulant en groupe, partageant une passion indéfectible envers cet engin, dont ils ne se passeraient pour rien au monde, faisant fi de leur réputation de «bad boys». Le Lebanon HOG Tour – qui a lieu pendant le premier week-end d’octobre – leur est devenu un rendez-vous indispensable.

Dans l’inconscient collectif, le monde Harley n’est pas politiquement correct. Bardés d’a priori, les motards étaient classés fatalement mauvais garçons ou mauvaises filles, adeptes d’un épicurisme déchaîné. En gros, «rock’n’roll» au sens le plus «bad» du terme. En somme, une horde de sauvages déchaînés. Mais, à y regarder de plus près, nous sommes éberlués. L’image du motard a évolué – même si l’image du bon mythe du biker rebelle plane toujours quelque part dans le fond de nos pensées. Son identité aussi. Le biker des temps modernes n’est pas un marginal en rupture avec sa société. En vingt ans, la mode est devenue style de vie. Le portrait-robot du Harley: rarement en dessous du quadra. Le plus souvent bien installé dans la vie: le prix d’une Harley varie entre 12 000 et
100 000 dollars! Le Graal de tout passionné de la faire évoluer, la customiser en continu. Donc, une fois pour toutes, derrière la barbe, les tatous, les blousons en cuir, les bagues et les bracelets lourds et argentés, il y a des banquiers, des avocats, des entrepreneurs… les femmes ne sont pas en reste. Il y a six ans, elles étaient six inscrites au HOG au Liban. Actuellement, elles sont une cinquantaine, farouches passionnées, aussi déterminées sinon plus que la gent masculine. C’est sans parler de celles qui, accrochées au conducteur de la Harley, l’accompagnent dans toutes ses sorties. Les badges qui ornent leurs blousons sont, en revanche, des signes de reconnaissance. Rares sont les personnes qui roulent seules; elles se rapprochent toujours d’un groupe constitué ou font carrément partie de clubs ou d’associations. Les habitués recherchent un truc à part. Quand on vient chez les concessionnaires, on n’achète pas une moto, mais une Harley-Davidson… avec tout ce que ça sous-tend: rouler en liberté, bien campé sur son siège, le dos droit et les genoux pas coincés. On sait aussi qu’on entre dans une sorte de fraternité. Une passion pour laquelle certains se saignent du coup les quatre veines et n’envisageraient pas une seule seconde d’y renoncer.
Magazine a rencontré Marwan Tarraf, président de la MTCL (Motocycle and Tourism Club of Lenanon) qui, en 2009, a fondé le HOG Liban, le seul club officiel – chapter- du pays autorisé au Liban. «Lorsque l’engouement pour la Harley-Davidson a commencé à se développer, raconte Tarraf, les autorités se sont comportées avec les bikers comme si leur présence sur les routes créait un grave problème, peut-être était-ce à cause de la mauvaise image que certains en ont, mais qui ne correspond en rien à la réalité. Ils ont peut-être considéré que le nombre de ‘‘voyous’’ allait augmenter avec toutes les répercussions néfastes que cela comprend». «Nous avons dû lancer des campagnes d’éveil, pour expliquer les avantages d’une telle situation qui contribuerait, entre autres, à moins d’embouteillages, poursuit-il. Nous avons également parlé des règles élémentaires de sécurité pour les bikers: le port du casque, le respect du code de la route, des automobilistes…  Au Liban, près de 450 bikers sont enregistrés et régulièrement actifs. 250 d’entre eux ont participé au dernier Lebanon HOG tour (événement du premier week-end d’octobre, ndlr) et ont sillonné les cinq cazas du Liban. Les autres ont participé par étapes, rejoignant les autres de façon intermittente». Les bikers continuent-ils à craindre la mauvaise image qu’ils charrient parfois dans leur sillage, notamment au Liban où les mentalités sont assez rigides sur ce sujet? Toujours est-il que le HOG Liban participe à diverses activités artistiques et sociales, créatives et pionnières qui se rapportent à la Harley. C’est ainsi qu’ils ont créé, en face de l’Université américaine de Beyrouth (AUB – American University of Beirut), des rochers artificiels à partir de motos, devenus des refuges à poissons dans les profondeurs de la mer. Ils veillent à préserver l’héritage national et ont lancé des compétitions, telles des prises de photos de bikers devant des anciennes maisons faisant partie du patrimoine et qui risquent d’être détruites et remplacées par de nouveaux bâtiments. Le seul hic actuellement, ce sont ces petits groupes de conducteurs de motos qui poussent comme des champignons, non accrédités par les autorités et qui se conduisent de façon anarchique. Ces derniers poussent les responsables à prendre des mesures drastiques contre tous les conducteurs de motos, même ceux de la Harley ne respectant pas les lois et les codes de la route.

Danièle Gergès

Infos: lebanonhog.com et hogchapter.com

Le HOG (Harley Owners Group)
Le HOG est le club moto créé par Harley-Davidson en 1983-84. Avec ses membres et ses chapters répartis sur toute la surface du globe, c’est la plus grande organisation de motards parrainée par un constructeur avec un million et demi de membres dans le monde. C’est bien plus qu’une organisation de motocyclistes. C’est une communauté unie par une passion commune, rouler en Harley-Davidson. Son but est de faciliter les rencontres et les sorties en moto entre les différents possesseurs de Harley-Davidson, d’une manière agréable, sans distinction d’âge ni de statut social. De plus, au cours des différentes manifestations organisées par le HOG, les motards rencontrent les hauts responsables de la Harley-Davidson Compagnie qui roulent en moto avec eux. Ces rencontres leur permettent aussi de répondre aux souhaits des utilisateurs de leurs motos. Pour faire partie du HOG, il suffit de posséder une Harley-Davidson et de s’inscrire, moyennant une cotisation annuelle. La marque offre la cotisation de la première année à tout acheteur d’une Harley-Davidson neuve.

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