Magazine Le Mensuel

Nº 3024 du vendredi 23 octobre 2015

  • Accueil
  • general
  • Moustafa Allouche, ancien député de Tripoli. «L’intervention russe en Syrie n’est pas à l’avantage de l’Iran»
general

Moustafa Allouche, ancien député de Tripoli. «L’intervention russe en Syrie n’est pas à l’avantage de l’Iran»

«Le seul pouvoir de l’Iran est celui de la nuisance dans tous les pays où il s’ingère. Maintenant que les sanctions sont levées, l’Iran aura plus de moyens financiers et pourra, de ce fait, intervenir plus agressivement dans la région. Certes, la Russie a décidé d’aider Bachar el-Assad, mais c’est elle qui récoltera les fruits de son intervention. Pourquoi en ferait-elle cadeau à l’Iran?», estime Moustafa Allouche, ancien député du Futur. Interview.
 

L’escalade verbale entre le Futur et le Hezbollah s’intensifie de jour en jour. Nouhad Machnouk a menacé de se retirer du gouvernement et sayyed Hassan Nasrallah réplique que s’il le désire qu’il le fasse. Le dialogue entre les deux partis est-il dans l’impasse?
Un célèbre adage dit que celui qui répète les mêmes expériences avec les mêmes personnes est dérangé de la tête. Or, depuis 2006, à l’époque où Emile Lahoud était président de la République, nous n’avons eu de cesse de dialoguer avec ce parti. A chaque tentative d’ouverture, nous butions contre le mur que ses responsables érigeaient. Cette même tentative s’est répétée à maintes reprises, entre autres à la table de dialogue de Baabda, initiée sous la houlette de Michel Sleiman, et toutes les résolutions, pourtant prises à l’unanimité, n’ont pas été appliquées du fait du refus du Hezbollah. Le chantage politique exercé par les composantes du 8 mars est inadmissible. Ces forces ne font que mettre des bâtons dans les roues. Tout ce qui leur importe c’est d’accumuler de légers acquis, ce qui est un crime impardonnable à l’égard du Liban. Actuellement, au sein du Futur et des forces du 14 mars, nous sommes profondément convaincus que notre dialogue ne va pas aboutir parce que le parti reçoit ses ordres d’Iran et n’a pas la latitude de décider.

Depuis l’accord nucléaire et l’intervention militaire de la Russie en Syrie, l’Iran a davantage d’influence au Moyen-Orient. N’avez-vous pas intérêt à poursuivre le dialogue?
L’intervention russe en Syrie n’est pas à l’avantage de l’Iran. Le seul pouvoir de Téhéran est sa capacité de nuisance dans tous les pays où il s’ingère. Maintenant que les sanctions sont levées, l’Iran possèdera plus de moyens financiers et pourra, de ce fait, intervenir agressivement dans la région. Certes, la Russie a décidé d’aider Bachar el-Assad, qui se trouve dans l’impasse, ce que l’Iran et le Hezbollah n’ont pas réussi à faire, mais c’est elle qui récoltera les fruits de son intervention. Pourquoi en ferait-elle cadeau à l’Iran? Dans un autre registre, rappelons également que l’Iran et le Hezbollah n’ont pas réussi à combattre Daech efficacement, je ne vois donc pas où résident leurs forces et pourquoi leur rôle serait-il renforcé dans la région. Bien au contraire, l’Iran est le plus grand perdant actuellement.

Quelles sont les répercussions des récents développements sur le Liban?
Tout dépend de ce qui va se passer dans la région et précisément en Syrie. Or, il semble que les choses ne font que se compliquer et que nous allons passer par une longue phase d’attente avant de savoir comment elles vont se décanter. Mais ce qui est certain, c’est que nous nous dirigeons inévitablement vers des crises économiques et sociales alarmantes. Qui aurait dit que les Libanais finiraient après toutes les années de souffrances et les sacrifices consentis comme des réfugiés dont certains périssent en mer en tentant de fuir?

L’ancien Premier ministre, Saad Hariri, va-t-il réellement rentrer bientôt au Liban ou est-ce de simples rumeurs qui circulent?
Le Futur et le 14 mars ont fait part à Saad Hariri de leur souhait de le voir retourner à Beyrouth. C’est une demande logique et réaliste.

Son retour changera-t-il la donne sur le plan national?
Soyons clairs. Certes, sa base populaire se verra renforcée et unifiée mais, sur le plan politique, comme je l’ai déjà dit, rien ne changera du fait que la situation est tributaire des développements en Syrie et que c’est l’Iran qui décide pour le Hezbollah.

Propos recueillis par Danièle Gergès

Related

Sabah n’est plus. La légende au banc des immortels

Contrôle glycémique. Pour mieux vivre avec le diabète

The Bling Ring de Sofia Coppola. Entre people et grandes marques

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.