Les appels des organismes économiques, adressés aux responsables politiques pour une prise de conscience de la détérioration, d’une manière générale, des indices économiques, n’ont reçu aucun répondant sérieux sur le terrain. D’autant que l’appel solennel du 25 juin 2015 de ces mêmes organismes, perçu un moment par les observateurs comme un soulèvement structuré du patronat dénonçant la léthargie de l’Etat, n’a pas donné lieu à un suivi soutenu de leur part. Entre-temps, les marchés financiers sont dans l’attente de l’émission d’eurobonds d’un montant de deux milliards de dollars dans une conjoncture où règne l’expectative d’une nouvelle révision à la baisse de la notation souveraine du Liban. Ce qui mènerait à une hausse correspondante des taux d’intérêt qui seraient servis sur les titres libanais libellés en devises étrangères.
Au niveau de la bourse, les choses ne vont pas mieux. L’activité a été marquée la troisième semaine d’octobre par une baisse de la valeur de l’action B de Solidere sous le seuil psychologique de 10 dollars. Un seuil jamais atteint depuis début 2007. La distribution de dividendes aux actionnaires de la société de l’ordre de 0,1 dollar pour chaque action et une action supplémentaire contre 50 autres n’ont pas eu les effets escomptés, comme par le passé, sur les transactions portant sur les actions de la société représentant la plus grande capitalisation à la bourse de Beyrouth. Dans ce contexte de morosité, il faut souligner les propos du premier vice-gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Raëd Charafeddine, qui a évoqué «une crise de confiance» succédant à «la crise financière» de 2007-2008. Il a ainsi fait référence au rapport élaboré par l’Union des banques arabes présenté à la Banque mondiale sur la compétitivité économique des pays arabes, secoués par une instabilité sécuritaire et politique. Ces pays connaissent des niveaux élevés d’indices de corruption, alors que leurs populations n’ont pas confiance dans leurs politiques. Néanmoins, le Liban figure encore tout au bas de cette liste de pays, selon la même source.
Liliane Mokbel