L’arrestation de plusieurs jeunes Palestiniens du camp de Aïn el-Heloué, affiliés à l’Etat islamique, aurait évité la reprise des attentats terroristes au Liban. Récit.
La Sûreté générale libanaise a appréhendé deux suspects palestiniens qui auraient avoué avoir planifié une série d’attaques terroristes pour le compte de l’Etat islamique (EI). Jihad et Ziad Kaaoush étaient, en effet, en train de préparer des attentats suicide visant des personnalités politiques, ainsi que certaines régions abritant la communauté chiite.
«Les deux frères ne sont toutefois pas les figures centrales au Liban de la cellule terroriste de l’EI, contrairement aux informations véhiculées par la presse», explique à Magazine un officier de l’Armée libanaise sous couvert d’anonymat.
Jihad Kaaoush − qui a reçu son éducation religieuse en Algérie − aurait avoué être l’idéologue de l’EI dans le camp de Aïn el-Heloué. Son frère, Ziad, aurait également rencontré de hauts responsables de l’EI à Raqqa, la capitale syrienne de l’organisation terroriste, dans le but de coordonner des opérations terroristes au Liban visant à exacerber les tensions communautaires. Il aurait été arrêté, il y a une dizaine de jours, à son retour de Turquie, alors que son frère se serait rendu par la suite aux services de la sécurité. L’enquête visant les deux suspects aurait été ouverte il y a plusieurs mois, lorsque des membres des services de la sécurité libanaise ont remarqué une recrudescence d’activité de l’EI à Aïn el-Heloué. Les noms de sept suspects ont été identifiés alors, comme ayant fait allégeance à Daech.
Mais, selon le cheikh Hajj Maher Oueid, chef du groupe palestinien Ansarallah, de nombreux jeunes soutiendraient l’EI dans le camp. «Il est difficile d’identifier l’allégeance de tel ou tel groupe, explique-t-il. En règle générale, les anciens de Chabab el-Muslim (un groupe terroriste dirigé par Bilal Badr) gravitent dans l’orbite de l’EI. Il y a également les jeunes de Fateh al-islam et de Jund al-Cham, chaque faction étant composée d’une quinzaine d’individus. Certains soutiennent le Front al-Nosra, d’autres l’EI, mais ils coopèrent toujours entre eux», souligne Hajj Maher.
Attentats suicide évités
Ce rapport semble assez étonnant vu les relations tendues entre les deux groupes terroristes en Syrie. Le chef du Front al-Nosra, Abou Mohammad el-Joulani, a refusé de prêter allégeance au chef de l’EI, Abou Bakr el-Baghdadi. Ces rivalités ne semblent toutefois pas s’appliquer au camp de Aïn el-Heloué où les membres des deux factions paraissent collaborer, comme aussi dans certaines régions de Syrie.
Les suspects auraient admis avoir recruté des candidats aux attentats suicide et auraient reçu l’ordre de cibler la base de l’Armée libanaise à Saïda et les barrages des services de renseignements, le complexe el-Zahraa dans la même ville et des responsables politiques libanais et palestiniens, ainsi que certains quartiers de la banlieue sud de Beyrouth à majorité chiite, à l’occasion de la célébration de la Achoura, commémorant le martyre de l’imam Hussein.
La cellule terroriste prévoyait également d’assassiner le chef de l’Organisation populaire nassérienne (OPN), Oussama Saad, proche du Hezbollah, ainsi que Mahmoud Issa, alias el-Lino, qui dirige une faction du Fateh. Ce général palestinien est considéré comme la bête noire des extrémistes, du fait qu’il a été impliqué dans une série d’attentats ayant visé les groupes terroristes dans le camp palestinien.
«Malgré ces arrestations, les figures influentes comme Haytham Chaabi, Bilal Badr et Taoufik Taha sont toujours en liberté», signale Hajj Maher.
Mona Alami
Des menaces dès juin
Durant le mois de juin, le journal anglophone The Daily Star avait prévu une série d’attentats à grande échelle visant l’Armée libanaise à Tripoli, au Liban-Nord. Ces attaques dirigées par Abou Qatada el-Iraqi, un commandant de l’Etat islamique, envoyé du bastion du groupe à Raqqa, avaient été prévues pour le mois de Ramadan. La cellule aurait été infiltrée par les services de renseignements de l’Armée libanaise.