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Nº 3025 du vendredi 30 octobre 2015

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La vie à bras ouverts de Nicolas Sehnaoui. Explorer l’être et son existence

«Dans la vie, on ne fait pas ce que l’on veut, mais on est responsable de ce que l’on est», disait Jean-Paul Sartre. Affirmation à laquelle s’opposerait, du moins, en partie, Nicolas Sehnaoui, pour qui la vie équivaut à des choix effectués de manière libre et consciente. C’est ainsi que dans son nouveau roman, La vie à bras ouverts, l’homme d’affaires et ancien ministre cherche à faire traverser au lecteur «les méandres des pensées et des conseils, fruit de 48 ans de réflexion et d’expérience».

«Est-ce cela être un geek de 48 ans? Suis-je prisonnier de mes 16 ans? Un éternel adolescent? Un adulte qui a su préserver l’enfant en lui? Suis-je né 1 000 ans trop tôt ou 1 000 ans trop tard?». Tant de questions rhétoriques qui résument la personne de Nicolas Sehnaoui, à la fois «rêveur et réaliste», «idéaliste et pragmatique» et dont le «Je» demeure tiraillé entre deux extrêmes. C’est dans ce sens qu’ayant décidé d’aborder ce vaste thème qu’est la vie, l’auteur s’est résolu, tel Prométhée, à «fournir» à ses lecteurs le «feu de la connaissance», leur permettant de s’instruire et de trouver des réponses à des questions aussi vitales qu’incontournables. Pour éviter l’effet directif qu’aurait un conseil communiqué de vive voix, Sehnaoui s’est adressé, à travers son livre, d’abord à ses enfants et proches, ensuite à un public plus large, pour les accompagner dans leur éventuel désir d’hommes libres d’aller toujours plus loin, au risque de devoir se retrouver face à leur condition de simples êtres humains.
 

Se rebeller pour s’élever
Aussi bien dans son ouvrage que dans sa vie, Sehnaoui s’oppose à l’assertion «l’absurde étant, faisons bien ce que nous faisons». Ce sont trois défis à relever que pose l’auteur pour «réussir sa vie»: «Vivre à deux cents à l’heure, tout en prenant le temps de sentir le temps qui passe», «contribuer à changer le monde ou, tout au moins, la société dans laquelle on vit» et «ne pas mourir ou mourir le moins possible». Refusant l’inéluctable, l’auteur est tombé dans cette folle tentation de s’élever au-dessus de sa condition, plaçant ainsi la dimension de la finitude en tant qu’horizon inéluctable de l’existence, ainsi que ses implications éthiques et existentielles sous le signe de la rébellion. Nicolas Sehnaoui ne se révolte pas uniquement contre la mort, mais aussi contre la perte de la mémoire. «Battez-vous contre l’oubli. Il absorbe tout: les passions, les sommets, même les visages et les noms», certifie-t-il.
Bien que nous soyons tous «programmés génétiquement», comme l’explique l’auteur, et que nous ayons tous subi les «acquis» que la famille, l’Eglise et l’école nous ont inculqués, reste à savoir que l’homme bénéficie d’un don exceptionnel: le libre arbitre dont «le chemin (…) commence par la définition de vos objectifs et des investissements, efforts et sacrifices que vous voulez allouer à chacun d’entre eux». Pour être libre, il faut sortir de la caverne, ce lieu de passage, d’épreuve, ce chemin vers la vérité. La vie à bras ouverts propose au lecteur d’effectuer une ascension intellectuelle, pour se libérer de toute emprise que le monde peut avoir sur lui, pour s’élever au-delà de toute ignorance et de toute dépendance. Ainsi, d’après l’auteur, toute personne en quête d’autonomie intellectuelle pourra être en mesure d’apprendre à penser par elle-même et à trouver les réponses aux questions fondamentales qui se posent à travers son existence, puisqu’«en acceptant de rester dans les rails ou les carcans (…) imposés, [on] est peut-être passé à côté de sa vie».
La conclusion de Sehnaoui résiderait ainsi dans le fait de «déconstruire les objectifs hérités ou programmés avant de reconstruire les vôtres».
«Il faut renouer avec cette énergie originelle qui trouve sa source dans notre enfance. Il faut retrouver l’enfant en nous. C’est lui, et lui seul, qui peut croire à des rêves impossibles et mobiliser l’énergie nécessaire pour les réaliser», martèle Sehnaoui dans les pages réservées au chapitre relatif à L’enfant en nous. Est-ce à dire que l’auteur incarnerait le personnage de Peter Pan?
D’ailleurs, les études prouvent qu’à l’âge de la maturité (la statistique sociologique indiquant que c’est vers la quarantaine), l’adulte (en devenir) peut éprouver le besoin de retrouver un lien avec lui-même, avec son enfant intérieur, et de s’inscrire dans la vie d’une manière différente dans la mesure où, «comme le phénix, son espoir et son énergie positive se renouvellent tous les jours».
C’est donc dans ce même ordre d’idées que Nicolas Sehnaoui achève son œuvre par les termes oniriques suivants: «Osez rêver et n’ayez pas peur de chérir vos rêves. Qui sait si vous n’êtes ici-bas que pour les réaliser».
C’est en observant les images réalisées par l’artiste Frozia  Khalifé et qui illustrent l’œuvre de Nicolas Sehnaoui que nous pouvons davantage pénétrer le monde de ce dernier, un monde où sérénité et détermination sont maîtresses.

 

Natasha Metni
 

Son parcours en bref
Nicolas Sehnaoui a été ministre libanais des Télécommunications de 2011 à 2014. Il est titulaire d’une licence en Sciences économiques de Paris II Assas et d’une maîtrise de l’Ecole supérieure des affaires-ESCP à Beyrouth. Ayant dirigé plusieurs sociétés du secteur privé, Nicolas Sehnaoui est actuellement P.D.G. du UK Lebanon Tech Hub. Il est aussi l’auteur de L’avenir nous appartient si…, paru en 2010. Il signera son livre, La vie à bras ouverts, dans le cadre du Salon du livre francophone, le samedi 31 octobre 2015, à 16h, au stand de la Librairie Antoine. La séance de signature sera précédée, à 15h, d’une conférence-débat donnée par Nicolas Sehnaoui et Jean-Claude Morin sous le titre A la recherche de soi-même.

Les illustrations de Frozia Khalifé: une histoire à part
De quoi vous êtes-vous notamment inspirée pour faire ces dessins?
L’inspiration ne m’est pas venue d’une autre œuvre ou d’un élément particulier à proprement parler. Je me suis forgé un style au fil des années, qui est surtout influencé par tout ce que j’ai vu et lu dans mon enfance (comme les bandes dessinées, Disney, Marvel…) et que j’ai associé à tout ce que j’ai pu apprendre en grandissant (comme le portrait et le dessin de mode). C’est cette combinaison, ce mélange qui donne effectivement une touche un peu éclectique à mes dessins, comme on peut le constater clairement sur mon compte Instagram @byfrozia ou sur mon site web (www.byfrozia.com). De plus, le livre de Nicolas Sehnaoui était tellement visuel au niveau des mots, des tournures et des métaphores, que tout est venu naturellement.

Quel a été le chapitre le plus difficile à illustrer?
Il n’y a pas vraiment eu de séparation par chapitres pour les illustrations. Ce que Nicolas a fait, et que j’ai beaucoup apprécié en tant qu’artiste, c’est qu’il m’a laissé la liberté de choisir quels chapitres j’allais illustrer. J’ai donc lu le livre et pris note des idées qui me venaient à l’esprit, chaque fois qu’un chapitre me parlait. J’ai ensuite rencontré Nicolas et nous avons ainsi pu échanger nos idées concernant les illustrations. En revanche, ce que j’ai trouvé difficile a été le fait de réaliser les illustrations dans une période de temps assez serrée, tout en gardant la qualité et la précision que j’aime avoir dans mon travail.

Votre «personnage principal» incarne la personne de Nicolas Sehnaoui, adulte dans vos dessins, certes, mais imprégné aussi de puérilité. Comment expliquez-vous cela?
Vous avez totalement raison. Je crois que ceci est venu inconsciemment. Quand j’ai rencontré Nicolas et qu’il m’a parlé, j’ai eu l’impression que derrière cet adulte plein de responsabilités, il y avait encore une âme d’enfant à l’intérieur. J’ai eu l’impression qu’il est encore plein de rêves et qu’il nous communique certaines choses, certaines leçons, qu’il a apprises en grandissant. D’ailleurs l’une des illustrations du livre le montre parfaitement.

Quel plus vous a apporté le fait d’illustrer ce livre?
J’aime les défis nouveaux et difficiles à surmonter. Nicolas m’a fait confiance pour ce travail si important, alors que c’était le premier livre que j’illustrais. Mais c’est la beauté du travail qui fait que j’aime mon métier. J’apprends constamment de nouvelles choses. Et je peux dire qu’avec ce livre j’ai appris beaucoup et rapidement!

Propos recueillis par Natasha Metni

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