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Nº 3027 du vendredi 13 novembre 2015

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Stockage en Syrie, tri à la source… Des alternatives existent

L’enfouissement et l’incinération ne sont pas les seules options dans la gestion et le traitement des ordures. Parmi elles, la solution de l’exportation des déchets revient en force mais pas seulement: les écologistes et la société civile ont aussi planché sur des solutions intégrées et propres de gestion des ordures.
 

L’exportation des déchets
Il s’agissait de l’option la moins envisageable compte tenu, entre autres, de son coût exorbitant. Aujourd’hui, l’exportation des déchets revient pourtant en force. L’objectif est d’exporter les ordures libanaises vers des Etats qui s’en servent pour produire de l’énergie.
«J’ai toujours été convaincu de la faisabilité de cette option, explique le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, qui avait été un des premiers à avancer cette solution dans la gestion des déchets. Dans un entretien accordé à Magazine, il explique: «Plusieurs villes européennes le font déjà et c’est une solution qui fonctionne à long terme, car les déchets doivent au préalable être triés et empaquetés, ce qui nécessite au moins un à deux mois, poursuit-il. C’est une des raisons qui ont poussé la commission à abandonner cette idée en juillet. C’est dommage car, aujourd’hui, rien n’a été fait et nous avons perdu plus de trois mois».
Selon le ministre, c’est aujourd’hui l’exportation des déchets en vrac qui est étudiée dans l’urgence, c’est-à-dire des déchets non triés et empaquetés.
Cette option serait sérieusement à l’étude, comme le confirme une source anonyme proche du dossier. «L’exportation des déchets est, aujourd’hui, la seule possibilité étudiée par la commission d’experts chargée du dossier, au moins pour l’année à venir. Plusieurs offres ont déjà été reçues et sont actuellement étudiées. L’une d’elles est celle de l’exportation des ordures en Syrie».
Selon Michel Pharaon, une société syrienne aurait proposé de récupérer 1 000 tonnes par jour de déchets à une société libanaise. «La collaboration a bien été entamée mais, au dernier moment, la société syrienne a décidé de suspendre cette offre», a-t-il précisé.
Ziad Abi Chaker, président de Cedar Environmental, avance de son côté l’option du stockage des déchets en Syrie. «Contrairement à l’exportation des déchets qui prendrait du temps et coûterait entre 50 et 60 millions de dollars, l’option de stocker les déchets sur un terrain en Syrie coûterait à peine 10 millions de dollars. D’un point de vue logistique, ce ne serait pas plus compliqué que de les envoyer dans la Békaa».

La solution de la coalition de lutte contre le plan gouvernemental
Raja Noujaim, coordinateur général de la coalition, propose, lui, de trier à Naamé les déchets amoncelés depuis le début de la crise.
Pour la période transitoire, la première option est d’aménager les sites de la Qarantaine et de Amroussiyé en centres de tri temporaires. Ce qui reste de déchets (organiques et résidus) serait transféré à Ammiq, dans la Békaa, où des millions de mètres carrés sont disponibles.
La seconde option est de réaménager le site de Srar dans le Akkar en centre de tri temporaire, où les déchets seraient triés et traités de manière naturelle. Les résidus seront stockés dans les carrières abandonnées en vue de les remettre en état.

Arcenciel: valoriser les déchets
Pour Pierre Issa, cofondateur de l’ONG, la solution au traitement des déchets doit passer par 0 enfouissement et 0 incinération. Pour cela, il propose une stratégie basée sur la valorisation des déchets. Cette dernière permet le recyclage et le compostage des ordures produisant un fertilisant agricole naturel, afin de lutter contre la désertification.
Cela implique un bon tri à la source pour l’obtention d’une bonne matière première. «Il faut dispenser des formations dont le coût doit s’inscrire dans le budget de gestion des déchets», insiste-t-il.
Plus que n’importe quel pays au monde, le Liban doit trier ses déchets. Vu la superficie du pays, leur enfouissement ne peut pas être envisagé comme une solution.
Pour résoudre le problème essentiel de la crise qui est le Nimby (not in my backyard), Issa préconise la création de centres de tri de proximité et le regroupement des municipalités en «clusters» de 10 000 à 100 000 habitants. De cette manière, chacun traitera ses propres déchets.
Il recommande, en outre, un transport sans compactage pour une valorisation efficiente des déchets.
Dans le centre de tri secondaire, les ordures seront réduites de huit fois en volume par compactage, avant d’être transportées vers leur destination finale pour un coût à peu près équivalent au transport des déchets par compactage traditionnel.
Pierre Issa insiste enfin sur la décentralisation et la libéralisation du marché, ainsi que sur la promotion d’entreprises sociales et locales concernées par la santé publique et la préservation de l’environnement dans leurs régions.

Soraya Hamdan

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