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Nº 3036 du vendredi 15 janvier 2016

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Colloque

La rareté de l’eau d’irrigation dans la région. Des problèmes et des solutions

Alors que le Code de l’eau et l’amendement de la loi de 1926 peinent à être approuvés par le Conseil des ministres, le problème de la rareté de l’eau d’irrigation au Liban et dans les pays arabes se fait de plus en plus aigu. C’est dans ce sens qu’un atelier a été organisé le 14 décembre 2015 par l’Union générale arabe des Chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture des pays arabes, en collaboration avec l’Association des amis de l’eau, présidée par l’ancien ministre Adel Cortas, dans le but de mettre en place des plans de sortie à cette «crise».

C’est sous le haut patronage du ministre de l’Energie et de l’Eau, Arthur Nazarian, et avec la contribution de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, l’Icarda (International center for agricultural research in the dry areas), l’Escwa, le ministère de l’Agriculture, l’organisation Mefosa (Mena food safety associates), qu’un grand nombre d’experts et de spécialistes ont participé à cet atelier afin de traiter le problème de la rareté de l’eau d’irrigation. Ayant été longtemps considéré château d’eau du Moyen-Orient, le Liban regorge de ressources hydrauliques malheureusement mal gérées et dont le potentiel reste majoritairement inexploité. Nombreux sont les facteurs qui sont à l’origine de cet «ennui». Interviewé par Magazine, l’ancien ministre de l’Agriculture, Adel Cortas, explique que l’entrave est d’abord juridique. Préparé par le ministère de l’Energie et de l’Eau, le plan décennal, qui consiste à préparer un plan d’investissement dans tous les projets de modernisation d’irrigation au Liban, est en vigueur, sans pour autant être réellement appliqué. Plus encore, il y a bon nombre d’années, l’assistance technique française avait déjà aidé le ministère à préparer le Code de l’eau, ce dernier étant d’une importance primordiale du fait que toutes les activités relatives à l’eau d’irrigation et à l’eau en général se doivent d’être harmonisées. Or, ce projet piétine encore et attend d’être approuvé par le Conseil des ministres avant de passer au Parlement. De même, dans le cadre des associations des utilisateurs d’eau en agriculture (Water users associations), il existe une loi datant de 1926 et qui n’a quasiment jamais été appliquée. Cette loi exige des utilisateurs d’eau (entre autres les agriculteurs) de diriger eux-mêmes leurs projets d’irrigation dans leurs propres régions. Avocat et sociologue, Hyam Mallat avait proposé un amendement de la loi de 1926, qui, lui aussi, cherche à être approuvé. «Cependant, le problème n’est pas uniquement juridique, puisque nous faisons face aussi à un manque de gestion», affirme Adel Cortas.
 

Les recommandations
«Le secteur de l’eau et de l’irrigation au Liban a besoin d’être bien pensé et réfléchi, surtout que nous constatons un éparpillement des activités et des responsabilités au sein des différents ministères, conseils et départements chargés de s’occuper du dossier de l’eau d’irrigation», poursuit l’ancien ministre. Ce dernier met l’accent sur le besoin pressant de mettre en place un Conseil supérieur de l’eau qui puisse coordonner toutes ces activités. D’autre part, malgré l’assistance technique et financière qui nous provient d’autres pays, l’élément humain demeure quasi inexistant. Les différents départements et ministères souffrent d’un manque de ressources humaines capables d’«absorber» l’assistance étrangère dont nous bénéficions. «D’où la responsabilité qui incombe aux universités et aux écoles d’agriculture au Liban», certifie Cortas. A noter que ce problème est envisagé par tous les pays arabes (à l’exception du Maroc et de la Tunisie). Il a été également recommandé, au cours de l’atelier, que le Liban suive l’exemple du Maroc dans l’établissement de l’Oni (Office national d’irrigation) sous l’égide du Conseil supérieur de l’eau qui serait présidé par le ministre de l’Energie et de l’Eau. En ce qui concerne les eaux souterraines, la question qui s’est posée est «comment faire pour éviter de polluer l’eau de la nappe phréatique». En effet, «entre le projet du Qaraoun et celui de Chabrouh, 43 ans se sont écoulés et rien n’a été accompli par le gouvernement libanais pour augmenter la superficie agricole. Celle-ci est passée de 45 000 hectares, il y a 50 ans, à 110 000 hectares aujourd’hui et ce travail a été entrepris par l’agriculteur libanais qui a utilisé les eaux souterraines et pompé l’eau grâce aux puits artésiens», assure Adel Cortas. Pour ce qui est des fleuves, il existe une convention internationale, datant de 1992, qui gère les affaires internationales de l’utilisation de leurs eaux.
Signalons que sur le fleuve de l’Oronte, un accord a été signé entre le Liban et la Syrie, selon lequel le pays du Cèdre peut utiliser jusqu’à 9 000 hectares dans la région libanaise du Qaa et le reste est utilisé par la Syrie et la Turquie. D’où la nécessité de gérer les autres problèmes qui germent entre le Liban et les pays limitrophes à ce sujet. Ainsi, et avec cette crise qui ne fait qu’aggraver la situation actuelle du pays, il devient impératif de se retourner vers le problème majeur et de placer la question hydraulique au cœur d’une stratégie globale de long terme de développement économique et social.

Natasha Metni
 

Stratégie relative au secteur de l’eau 2010-2025
En 2010, Gebran Bassil, alors ministre de l’Energie et de l’Eau, avait présenté une stratégie du secteur de l’eau pour la période 2010-2025 qui permettrait au Liban de passer d’un déficit d’environ 283 millions de m3 par an à un léger excédent d’ici 2035. Ce plan qui doit encore être approuvé en Conseil des ministres s’articule autour de deux axes principaux: les infrastructures et la gestion du secteur.

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