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Nº 3036 du vendredi 15 janvier 2016

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Bras de fer saoudo-iranien. Un impact malsain sur le Liban

Il est certain que le Liban, plus que tout autre pays, est affecté par le bras de fer irano-saoudien qui a surpris tout le monde par son timing, sa brutalité et la rapidité de son évolution.
Dissocier le Liban du dossier de la confrontation irano-saoudienne est quasi impossible, vu la présence et l’influence directe des deux puissances régionales sur la scène politique, en particulier à travers le Moustaqbal et le Hezbollah, ainsi que les deux communautés sunnite et chiite.

 

D’où la légitimité des craintes liées à la stabilité politique et sécuritaire et aux échéances en suspens, dans un climat régional encore plus brumeux et plus complexe. Quid de l’élection présidentielle et de l’initiative de Saad Hariri? Quel sera le sort de ce gouvernement dans lequel l’Arabie saoudite détient la plus grosse part? A quoi sert encore le dialogue de Aïn el-Tiné? Dans cette atmosphère de tiraillements et de tensions intercommunautaires majeurs, la conjoncture sécuritaire pourra-t-elle rester sous contrôle? Quelles seront les retombées de ce bras de fer sur les Libanais en Arabie saoudite et dans les pays du Golfe?
Dans une première lecture de cet affrontement et de ses irradiations sur le Liban, les regards sont focalisés sur deux principaux sujets:
La situation sécuritaire, remise à l’ordre du jour, non pas par le biais de la sécurité aux frontières et le dossier du terrorisme, mais par celui de la fitna sunnite-chiite, dont le spectre menaçant semble planer de nouveau. Les préoccupations sécuritaires sont également partagées par le Moustaqbal et le Hezbollah. A l’ombre de la situation sécuritaire incontrôlée et du dépassement des lignes rouges, Saad Hariri redoute que Téhéran ne veuille régler ses comptes avec Riyad sur la scène libanaise sous forme de liquidations et d’assassinats commandités à partir du territoire syrien. Le Hezbollah, pour sa part, ne cache pas son inquiétude d’un possible retour aux attentats terroristes dans les régions qu’il contrôle. Le parti chiite appréhende le transfert sur le terrain libanais de la confrontation avec l’Arabie saoudite, via la réactivation des groupes radicaux, grâce à une coordination entre services de renseignements saoudiens et turcs, ou l’entrée en scène d’un troisième élément (Israël) qui tenterait d’exploiter la nouvelle donne pour augmenter la pression sur le Hezbollah et le coincer davantage.
Obsédés par une éventuelle déstabilisation, les deux partis semblent plus attachés que jamais au dialogue bilatéral qui − ils le savent − ne produira aucun résultat politique, mais a l’avantage d’alléger les tiraillements internes et de contenir les incidences de la crise saoudo-iranienne. Une tendance clairement manifestée par la volonté commune des deux fractions de dissocier le conflit régional de la situation interne et d’empêcher un dérapage vers la fitna.
L’échéance présidentielle, ranimée fin 2015 par l’initiative Hariri, et qui semblait devoir être propulsée en avant au début de la nouvelle année à la lumière du lancement des négociations régionales, se retrouve bloquée par la violente confrontation entre Riyad et Téhéran. Si, à ses débuts, le compromis proposé pour la présidence de la République a rencontré des écueils l’empêchant de se transformer en initiative officielle, les développements régionaux ont fini par l’achever et par placer ce dossier au «congélateur» pour un délai de quelques mois et non de quelques semaines.

 

Méfiance du Hezbollah
Les frictions saoudo-iraniennes se sont traduites par un approfondissement de la crise de la première magistrature au Liban. Ainsi, le Hezbollah se montre encore plus méfiant à l’égard d’une initiative préconisant l’arrivée d’un président adoubé par l’Arabie et ramenant Hariri au pouvoir.
Mais le problème de la présidentielle et la prise de position du parti de sayyed Hassan Nasrallah sont antérieurs à la confrontation irano-saoudienne. En déclarant, à Bkerké, que le général Michel Aoun reste l’unique candidat du Hezbollah, celui-ci a renvoyé la balle dans le camp de Saad Hariri, le mettant devant l’alternative suivante: négocier un package avec Aoun en lui faisant des concessions ou soutenir sa candidature, puisque l’ex-Premier ministre a admis le principe d’un futur chef d’Etat issu des rangs du 8 mars.

Chaouki Achkouti
 

Sécurité renforcée
Le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, met en garde contre «l’amenuisement de la couverture régionale qui protège le Liban depuis quatre ans et qui l’a prémuni contre les incendies qui l’entourent». La mise en garde de Machnouk survient à un moment où les craintes d’une détérioration sécuritaire sont accompagnées de mesures drastiques pour assurer la sécurité des ambassades et des institutions relevant des pays qui ont décidé de rompre leurs relations diplomatiques avec Téhéran. Le service chargé de la sécurité des ambassades a inventorié toutes les institutions concernées pour s’assurer que les dispositions adoptées pour leur protection sont suffisantes.

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