La tendance est à l’apparition de nouvelles alliances qui doivent se préciser à l’étape prochaine. C’est ce à quoi fait allusion l’ex-ministre Karim Pakradouni, lorsqu’il considère «que les deux coalitions du 8 et du 14 mars se sont vidées de leur substance». Le pays traverse une phase transitoire au cours de laquelle les cartes sont rebattues. Il est certain que le paysage de l’avant-élection présidentielle ne ressemblera pas à celui de l’après-élection. Assistera-t-on à la naissance d’un tandem maronite, à l’instar du tandem chiite?
Pour nouvelle étape, nouvelles alliances. C’est inéluctable, affirme Karim Pakradouni, soulignant que «les développements entre le Courant patriotique libre (CPL) et les Forces libanaises (FL) ressemblent au rapprochement Amal-Hezbollah, conclu, il y a vingt ans, lorsque les deux partis ont dépassé la phase de la confrontation armée pour former un tandem rassembleur et fort, qui a pris en main la communauté chiite. Nous nous trouvons à l’orée d’un accord maronite qui représentera à l’avenir une troisième force face aux deux fractions sunnite et chiite. Cette nouvelle donnée permettra le règlement des problèmes internes loin des considérations communautaires et confessionnelles. En parvenant à l’équation «ni vainqueur, ni vaincu», nous réussissons à instaurer un équilibre national qui représente la base du pouvoir et nous mettrons ainsi fin à nos multiples crises».
Actuellement, la présidence n’est pas le but recherché par Michel Aoun. L’entente entre le duo chrétien étant un passage obligé vers ce qui est plus important que le palais de Baabda. Un rapprochement de ce genre devrait mener à une vision commune sur une loi électorale qui sera approuvée par les chrétiens, et sur base de laquelle seront organisées les législatives. Le nouveau Parlement élira, à son tour, le chef de l’Etat selon «l’option chrétienne d’abord». Il n’est pas exclu qu’un bloc chrétien fort important formé par le CPL et les FL puisse résulter de ces élections, une alliance qui sera un partenaire fondamental du pouvoir de décision aux côtés des deux blocs chiite et sunnite.
Les incidences de l’entente entre les deux partis chrétiens commencent à se manifester graduellement au niveau de leurs bases populaires respectives. On parle même d’une alliance qui se profile pour les municipales en guise de premier test. Les représentants des deux formations chrétiennes n’écartent pas non plus la conclusion d’un accord concernant les élections syndicales et estudiantines et même législatives, abstraction faite du cours que prendra l’échéance présidentielle.
L’idée d’une alliance bipartite chrétienne, comme on le dit dans les salons politiques, concorde avec la thèse prônée par l’ancien vice-président de la Chambre, Elie Ferzli, qui avait lancé un appel dans ce sens pour «libérer les chrétiens dont le rôle se limite à cautionner les décisions prises par les forces politiques sunnite et chiite».
Mais pour le mouvement du 8 mars, toute cette approche n’est pas convaincante, les options politiques d’Amal et du Hezbollah étaient similaires pour la plupart, malgré la spécificité dont jouit le président de la Chambre, Nabih Berry, alors que les visions de Michel Aoun et de Samir Geagea en matière politique sont antipodes. Par ailleurs, la décision politique partagée par les deux grandes formations chiites n’entraîne pas une fragmentation des parts au sein de l’Etat, alors qu’une alliance CPL-FL aboutira à un partage des quotes-parts chrétiennes dans l’appareil étatique.
Chaouki Achkouti
Frangié le forgeron
Pour le député Sleiman Frangié, la vie a repris son cours normal. Il a ainsi renoué avec ses vieilles habitudes, comme, par exemple, passer du temps dans son atelier de ferronnerie privé. Il s’occupe aussi de ses affaires personnelles et suit de près les activités de son fils, Tony, qui doit lui succéder dans l’arène politique. Ses rencontres avec les personnalités de son cercle sont rares et lorsqu’il prend la parole, c’est pour aborder des sujets liés à la révision de sa relation avec ses alliés qu’il n’hésite pas à critiquer.