Inavouable est le premier roman de Sheryn Kay. Un roman érotique qui suit son héroïne Victoria, de Beyrouth, à Limassol, à Paris où elle découvre les plaisirs de l’amour au ralenti.
L’écriture est un concours de circonstances pour Sheryn Kay. Malade à la suite d’une opération qui a mal tourné, clouée au lit, le corps entièrement endolori, une vie physique mise en veille, mais le cerveau fonctionnant à toute allure, elle se décide à écrire un ouvrage sur l’épanouissement sexuel de la femme libanaise, la sexualité l’ayant de tout temps passionnée. De recherches en interviews en témoignages recueillis après de femmes et d’hommes libanais de toutes confessions, elle touche un peu à tout, comme elle le dit, pour comprendre, si jamais, précise-t-elle, il y a une femme libanaise épanouie sexuellement. «Trouver une Libanaise qui te parle de sa sexualité épanouie? Zéro, niet. Mais il y a quelque chose qui ne va pas du tout alors!».
Au fil de ses recherches, elle aboutit à une conclusion liant, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, la sexualité à la religion. Mais, à la suite des conseils d’un ami écrivain en France, elle change légèrement de direction et écrit un roman, inspiré d’histoires vraies et de vécu, et qui ne parle que de la sexualité de son héroïne, Victoria, née au Liban, de mère française et de père suisse. Un père dont l’influence positive dans l’épanouissement sexuel de sa fille se fait sentir dès les premières pages. Ouvert, compréhensif, il prend la peine de tout lui expliquer, dès son plus jeune âge, sans tabou, sans compromis, sans fausse pudeur, en toute gravité et en toute légèreté, pour lui donner les armes nécessaires pour rendre son envol personnel et jouir pleinement de tous ses délires. «Il y a une profondeur avec la famille, explique Sheryn Kay. Nous sommes tous le fruit de nos parents, consciemment ou plus justement inconsciemment. Ce sont des miroirs. Et toute notre vie, nous essayons de projeter exactement ce qu’ils faisaient ou exactement le contraire».
L’audace qui s’exprime
Lancé, sans aucune publicité, lors du dernier Salon du livre francophone de Beyrouth, suivi d’une deuxième séance de signature quelque temps plus tard, vu l’affluence et la demande des lecteurs et lectrices, Inavouable a été traduit également en anglais, Undisclosable, dans l’intention de l’auteure de percer sur un marché beaucoup plus large que le simple public francophone, car elle veut que le message du livre soit encore plus universel. Un message qui, d’emblée, tonne comme universel: «Celui de déculpabiliser du plaisir, non seulement la femme orientale mais toutes les femmes, et leur apprendre à être fidèles d’abord à leurs propres besoins et leurs propres valeurs. Et ça c’est un grand travail sur soi qui s’inscrit dans le cadre du développement personnel».
D’ailleurs la signature du livre en anglais, qui aura lieu le 13 février au Virgin Megastore, au centre-ville, sera accompagnée d’une présentation intitulée Amour: de soi, au moment où le jour de la Saint-Valentin on s’attend généralement à évoquer l’amour, le couple… «Mais non, on parle de soi d’abord. Si on nous avait appris à nous aimer nous-mêmes d’abord, nous n’en serions pas là», dit-elle.
A l’adresse des femmes et des hommes, Inavouable est aujourd’hui pour un public limité, adulte. En attendant le deuxième livre qui abordera tout l’aspect du développement personnel, puisque le premier s’achève sur une énigme non résolue, celle du «prince charmant», et ce qui fait qu’une femme ne le trouve pas, Sheryn Kay a également décidé d’élargir encore plus son public en réécrivant les deux volumes en une version grand public, qui ne serait plus érotique, mais contiendrait des tableaux érotiques. Parce qu’au final, le but ultime c’est de «s’aimer soi-même, d’accepter son corps et son plaisir». A l’image de l’héroïne Victoria qui raconte, sans tabou et avec audace, tous ses délires sexuels, d’une écriture très simple, brute et sans faux-semblants, en usant à plusieurs reprises d’une multitude de métaphores, de «bijou», de «fleur», d’«antre sacré»… soulevant une problématique enclenchée par le philosophe Mehdi Belhaj Kacem sur la possibilité d’une libido féminine cernée, voire emprisonnée, par un langage phallo(go)centrique.
Maryam Saleh et Zeid Hamdan signent Halawella
Sous le charme
C’est avec le sourire et l’enthousiasme que l’auditeur aborde cet album, Halawella, le premier-né de la collaboration entre Zeid Hamdan et Maryam Saleh, le musicien et producteur libanais et la chanteuse et compositrice égyptienne. Une collaboration qui dure depuis des années et dont le fruit, parfaitement mature, ressort d’emblée dans cet opus intitulé Halawella d’après une chanson de Cheikh Imam dont les paroles sont signées Ahmad Fouad Nagem.
Composé de dix pistes, l’album tonne comme un hommage à ces deux grandes figures symboliques et révolutionnaires de l’Egypte. Sept de leurs compositions sont reprises, dont Watan el-hakk, Valéry Giscard d’Estaing, Nixon Baba, Ghaba, Youyou, Halawella, Chal el-Hawa, auxquelles s’ajoutent trois chansons, Eslahat, Emchi ala rimchi, Walaa Soda, écrites par divers compositeurs égyptiens inclus Maryam Saleh elle-même, et toutes les pistes sont arrangées, produites et mixées par Zeid Hamdan.
Espiègle, joueuse, alternant entre l’humour, le comique, les intonations graves et la colère, la voix de Maryam Saleh s’écoule parfaitement dans l’écrin musical de Zeid Hamdan; beats électro-pop, sonorités vintage, plages électroniques trippantes, claviers, guitares et basse… Halawella, un album qui sort du lot, qui se distingue par un certain cachet, presque indescriptible qui, à la fois, déroute, intrigue, charme et accroche l’auditeur avant de lui coller entièrement à la peau. Un souffle frais dans le paysage musical, un album à écouter en boucle!
The Sexual Revolution
En dehors des sentiers battus
Le lundi 25 janvier, au De Prague, à Hamra, le public libanais est invité à une projection de courts métrages qui sort des sentiers battus, à la suite d’une compétition lancée sous l’intitulé The Sexual Revolution, 1960-1980. Parmi les multiples dossiers présentés, neuf courts métrages ont été sélectionnés; ils ont été réalisés en moins d’un mois spécialement pour cette compétition. A l’issue de la projection, un jury composé de Pierre Abi Saab, journaliste et critique d’art, de Nadia Tabbara, scénariste et fondatrice de Fade In et Flavia Juska Bechara, actrice et artiste visuelle, élira le lauréat.
Sélection officielle:
My name is, de Carl Haddad.
Qualities of the heart, de Farid Farah.
Aebelik, de Imad Zouein et Yasmine Ghorayeb.
A date through time, de Zeinoun Naboulsi & Montasser Othman.
When Pink lost his virginity, de Georges Hazim.
Al-Khezzan, de Hamza Shamas.
Sexties, de Nader Abdel-Rahim.
Oxytosin, d’Ahmad el-Zein.
Anne Sexton, d’Audio Addicts.
Les projections débutent à 19h, à De Prague, Hamra – Entrée libre.
Festival du Cinéma européen
L’un des premiers festivals de cinéma lancés à Beyrouth, le Festival du cinéma européen, célèbre sa 22e édition, qui aura lieu du lundi 25 janvier au samedi 6 février, au Cinéma Métropolis, à l’Empire-Sofil.
Les billets seront en vente, à partir du 22 janvier, au Métropolis.