L’accélérateur Speed vient d’achever son premier cycle permettant ainsi à deux start-up libanaises: Nar (Next Automated Robots) et Rational Pixels de partir à la conquête de la Silicon Valley californienne. Rencontre avec son directeur, Sami Abou Saab.
Pouvez-vous présenter le programme d’accélération de Speed?
Tous les six mois, nous lançons un cycle d’accélération de trois mois. Speed investit 30 000 dollars dans chacune des start-up sélectionnées contre 10% de son capital. Outre le support financier que nous apportons, les entrepreneurs bénéficient d’un mentorat de haute qualité avec plus d’une cinquantaine de mentors triés sur le volet tels que Microsoft. Notre objectif est ainsi de stimuler l’écosystème libanais en investissant dans des start-up technologiques à fort potentiel. Pour ce premier cycle d’accélération, 180 000 dollars ont été investis dans six start-up libanaises. Deux d’entre elles ont été sélectionnées pour poursuivre le programme d’accélération dans la Silicon Valley californienne. Il s’agit de Nar (Next Automated Robots), qui a mis au point des drones capables de détecter les feux de forêts, et de Rational Pixels, une technologie d’optimisation numérique et de placements de produits dans l’audiovisuel. Nous prévoyons ainsi d’investir 6 millions de dollars sur cinq ans dont 3 millions seront directement consacrés aux start-up. Notre objectif à terme est de permettre des exits de start-up libanaises. Je suis persuadé que le Liban a le potentiel pour générer une prochaine «success story» à la Skype ou à la YouTube.
Quelles sont les opportunités qui s’offrent aux deux start-up qui s’envolent pour la Silicon Valley?
Du 8 au 19 février, les entrepreneurs libanais participeront à un autre programme d’accélération LebNet Ignite powered by Blackbox. Ce partenariat a été possible grâce à un accord conclu avec le réseau d’entrepreneurs libanais LebNet. Là-bas, les entrepreneurs libanais auront l’occasion de découvrir un des meilleurs écosystèmes entrepreneuriaux et tech-nologiques au monde. Ils pourront approcher des investisseurs potentiels. La Silicon Valley américaine est un écosystème ultra-compétitif, ils se frotteront aux plus grands acteurs du secteur. Rida Sadek, le fondateur de Rational Pixels, par exemple, pourrait bien approcher le géant YouTube pour un partenariat potentiel. Charlie Khoury, le fondateur de Nar, pourrait, de son côté, bien dénicher des clients potentiels, sachant que la Californie est un des Etats les plus touchés par les feux de forêts en été. Tout est possible dans la Silicon Valley américaine.
Quel est le potentiel de la scène tech libanaise?
Il existe un fort potentiel pour la scène tech libanaise, peut-être même plus important que ce à quoi nous nous attendions avant de lancer ce premier cycle d’accélération. Nous avons été agréablement surpris par le niveau de persistance et d’ambition des entrepreneurs libanais. Ces derniers ont la particularité d’être capables de travailler dans n’importe quel environnement et n’importe quelles conditions. Les entrepreneurs libanais n’abandonnent jamais. Ils s’adaptent à tout, ce qui est un atout très positif pour réussir dans l’entrepreneuriat, domaine où l’incertitude et la prise de risques font partie du quotidien. Aujourd’hui, nous sommes même approchés par plusieurs nouveaux investisseurs. Pour le second cycle d’accélération qui débutera le 1er avril, nous espérons retenir davantage de candidats, soit dix start-up. Les entrepreneurs ont jusqu’au 22 février pour nous soumettre leurs candidatures. Cependant, les entrepreneurs libanais doivent encore surmonter beaucoup de défis tels que le manque d’infrastructures: la lenteur d’Internet peut handicaper des sociétés nécessitant le streaming par exemple. Le cadre légal peut aussi décourager les investisseurs. Il y a, enfin, l’état d’esprit. Le métier d’entrepreneur au Liban est encore mal perçu par une certaine génération. Certains parents peuvent ainsi décourager leurs enfants de se lancer dans ce type de business.
Propos recueillis par Soraya Hamdan