Magazine Le Mensuel

Nº 3039 du vendredi 5 février 2016

Interview

Questions au père Tony Khadra

Une réunion s’est tenue à Bkerké pour dénoncer le déséquilibre communautaire dû au remplacement des fonctionnaires chrétiens par d’autres musulmans.

Depuis que le président Michel Sleiman a quitté son poste à la tête de l’Etat jusqu’au mois de juillet 2015, les remplacements des chrétiens par des musulmans se sont multipliés dans plus d’un département. Sur les trente-sept décrets et décisions de nomination, trente postes étaient aux chrétiens et ont été donnés à des musulmans. Est-ce que c’est là le respect de l’équilibre? Dans l’un des ministères, sur les vingt postes vacants de la première catégorie, huit sont toujours vacants et douze ont été répartis, dix aux musulmans et deux aux chrétiens. Dans d’autres ministères, il y a des dizaines d’années que les postes sont vacants parce qu’ils reviennent aux chrétiens. Le dernier problème en date a éclaté au ministère des Finances, mais il s’étend à d’autres départements publics. Il se pose également aux ministères des Travaux publics, des Affaires sociales et de la Santé.

Les responsables concernés justifient leur décision par le principe de «l’alternance»…

Comment se fait-il que cette alternance ne s’applique qu’au détriment des chrétiens? Pourquoi cette alternance est-elle justifiée dans certains ministères et à certains postes et ne l’est pas à d’autres? Que se passerait-il si l’on donnait le poste d’un chiite ou d’un sunnite à un chrétien? Que se passerait-il aussi si les ministres chrétiens agissaient de même dans leurs ministères? Depuis des années, un grignotage graduel est fait au niveau de postes administratifs, dits sensibles, de deuxième et de troisième catégories, dévolus aux chrétiens. C’est cela l’esprit du Pacte national tel que stipulé dans l’article 95 de la Constitution? Le respect se fait-il par la marginalisation des chrétiens?

Pourquoi la question est-elle soulevée maintenant?

Depuis sept ans, je parle de ce sujet, mais la data manquait. Aujourd’hui, nous sommes bien documentés pour soulever la question et défendre les droits de la communauté chrétienne. Nous avons décidé de réagir et de faire tout ce qui est possible pour que le déséquilibre communautaire dans tous les départements de l’Etat soit réglé en conformité avec l’esprit du Pacte national.

Quelles sont les mesures que vous projetez de prendre?

Les participants aux assises de Bkerké se sont entendus sur une série de mesures à prendre pour arrêter ce déséquilibre. Nous attendons la réponse officielle à la question que nous avons soulevée et nous réagirons ensuite. Il faut que cette marginalisation cesse au plus tôt.

Arlette Kassas

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