La 11e édition du Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse a été lancée. Les inscriptions sont ouvertes.
Depuis une décennie, en 2006, le Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse célèbre la liberté d’expression et d’opinion dans une région de plus en plus muselée, à force de sang versé, d’intimidation, d’abus et de sanctions. Décerné par l’Union européenne, le prix a attiré, depuis sa création, plus de 1 300 candidats parmi les journalistes du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et du Golfe.
Le lancement de la 11e édition a eu lieu, le lundi 8 février, dans les locaux de la Délégation européenne, en présence de l’ambassadeur Christina Lassen et de Gisèle Khoury, présidente de la Fondation Samir Kassir.
Une liberté muselée
«La liberté d’expression est le fondement de toute démocratie et une valeur fondamentale de l’Union européenne», affirme l’ambassadeur Lassen qui rappelle la situation de plus en plus alarmante dans la région où conflits et tensions mènent à une pression accrue sur la profession, notamment en Syrie, considérée la zone la plus dangereuse pour les journalistes. «Une pression qui prend plusieurs formes: intimidation, arrestations arbitraires, tentatives de contrôle des médias… sous prétexte de la sécurité nationale. Le Liban semble une île, un bastion de la liberté d’expression et d’opinion qui, toutefois, fait face à différents défis qui affectent toute la région. Avec le Prix Samir Kassir, ajoute-t-elle, nous espérons contribuer à élever davantage les standards du journalisme dans cette région», en souhaitant, cette année aussi, une large participation.
«A la Fondation Samir Kassir, affirme Gisèle Khoury, nous défendons ceux qui pensent comme nous et ceux qui ne pensent pas comme nous. Ce prix, que beaucoup de personnes au Liban ont tenté de combattre, nous y tenons, c’est notre vraie résistance. La fondation et le prix ne constituent qu’une petite pierre dans l’édifice au cœur d’une région qui usurpe l’esprit de sa jeunesse». Gisèle Khoury dénonce les leaders arabes qui estiment que leurs peuples n’ont de raison d’être que pour les servir et qui, dès qu’ils osent exprimer le contraire, sont considérés comme des insectes à exterminer. «Cette culture n’existe pas au Liban, ajoute-t-elle, mais on craint qu’elle commence à s’infiltrer, aucun pays n’étant à l’abri de son environnement. C’est pour cette raison que la société civile libanaise tente de réhabiliter le chemin de la démocratie».
Se positionnant contre toute loi qui entrave les droits du citoyen et ses opinions, elle pointe du doigt le caractère abusif du «mandat de soumission» (mouzakkarat Ikhdah); une allusion évidente à l’application de cette mesure, pourtant annulée, à l’encontre de Christine Tohmé, fondatrice et directrice de l’association Ashkal Alwan, à qui la Sûreté générale avait refusé, en janvier dernier, de délivrer un nouveau passeport, jusqu’à l’intervention du ministre de l’Intérieur.
A vos plumes!
Le concours est divisé en trois catégories, Article d’opinion, Article d’investigation et Reportage audiovisuel, sur un sujet traitant de l’Etat de droit, les droits de l’homme, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, la liberté d’expression, le développement démocratique et la participation citoyenne. Il est ouvert aux journalistes de la presse écrite (quotidienne, hebdomadaire, mensuelle, imprimée ou en ligne) ou audiovisuelle (chaînes de télévision, sociétés de production, télévision en ligne), ressortissants des pays suivants: Algérie, Arabie saoudite, Bahreïn, Egypte, Emirats arabes unis, Irak, Israël, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Maroc, Oman, Palestine, Qatar, Syrie, Tunisie et Yémen.
L’article ou le reportage audiovisuel doit avoir été publié, diffusé ou mis en ligne entre le 15 mars 2015 et le 15 mars 2016, respectivement, dans un organe de presse ou sur une chaîne de télévision hertzienne, numérique ou en ligne, d’un des pays cités ci-dessus ou de l’un des Etats membres de l’Union européenne. L’article ne doit pas dépasser les 25 000 signes et le reportage audiovisuel les 20 minutes. Les candidats ne peuvent concourir que dans une seule catégorie, à titre individuel pour les deux premières, et pour le Reportage audiovisuel, individuellement ou en binôme (réalisateur et producteur).
Nayla Rached
Date limite d’inscription: le 10 avril 2016. Toutes les conditions et clauses du règlement du concours sont disponibles sur le site: www.prixsamirkassir.org
Annonce des prix
C’est le 2 juin, date de la 12e commémoration de l’assassinat de Samir Kassir, qu’aura lieu, à Beyrouth, la cérémonie de remise des prix. Date à laquelle seront également communiqués les noms des sept membres du jury, composé de votants de médias arabes et européens, et d’un observateur représentant l’Union européenne. Le gagnant de chacune des trois catégories remportera un prix d’un montant de 10 000 euros. Date qui coïncide également avec le lancement du festival Le Printemps de Beyrouth, qui propose une programmation gratuite, rappelle Gisèle Khoury, à l’adresse de tout public et surtout des jeunes comme un espace d’espoir.