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Nº 3042 du vendredi 26 février 2016

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Exportation des déchets. Pourquoi Chinook à tout prix?

En accordant la semaine dernière un nouveau délai à Chinook, le gouvernement s’est tout bonnement approprié les pouvoirs judiciaires. Pourquoi est-il allé jusque-là?
 

Mais pourquoi le gouvernement s’est-il obstiné à vouloir travailler avec Chinook? La société a pourtant été accusée par la Russie de faux et usage de faux dans l’affaire de l’exportation des déchets. En effet, la semaine dernière, la Russie accusait ni plus ni moins Chinook d’avoir falsifié les documents d’approbation nécessaires à la signature des contrats d’exportation.
Au lendemain de ces accusations, la réaction du gouvernement libanais est d’autant plus scandaleuse qu’il décide tout bonnement d’ignorer ces accusations et d’accorder un nouveau délai de 24 heures à la société Chinook.
Le gouvernement s’est ainsi approprié les pouvoirs judiciaires pour accorder plus de temps à la société. Si cette dernière a finalement échoué à présenter les documents nécessaires, la question de comprendre les motivations du gouvernement demeure toujours en suspens.
Car si depuis le début de cette affaire, la manière dont a été choisie Chinook a suscité de multiples interrogations (aucun n’appel d’offres n’a été lancé), aujourd’hui elle en devient presque un aveu de la corruption qui a miné ce dossier.
En effet, des sociétés bien plus reconnues, proposant des tarifs moins coûteux, avaient tout simplement été ignorées sous prétexte que le délai accordé avait expiré. Dans ce cas, pourquoi avoir repoussé ce délai à deux reprises pour la société Chinook?
Hani Mrad, avocat et membre du groupe «Nous réclamons des comptes», affirme qu’il existerait, en réalité, deux sociétés: Chinook unlimited, qui existerait depuis 2010, et la seconde, Chinook Urban Mining International, qui viendrait à peine d’être fondée et qui ne serait ni plus ni moins qu’une société fantôme créée justement pour éviter que la première société ne puisse être poursuivie en justice en cas de problème.
«Une recherche rapide dans le registre des entreprises britanniques montre qu’il n’existe aucune Chinook Urban Mining International, explique l’avocat, et ce ni en Angleterre ni même ici au Liban».
Mais, alors, qui se cache derrière Chinook? Pourquoi le gouvernement a-t-il ignoré ces chefs d’accusation et persisté à vouloir lui donner à tout prix une chance?
Pour Mrad, la réponse est simple: c’est, en réalité, un dénommé Mohammad Ajami qui serait derrière Chinook. Ce dernier aurait été condamné pour espionnage au profit d’Israël par la justice libanaise en 1995, selon une enquête menée par le groupe «Nous réclamons des comptes». «C’est lui le vrai propriétaire de Chinook», dénonce Hani Mrad.
Même indignation pour Marwan Maalouf, membre du groupe «Pour la République». «Depuis le tout début de cette affaire, nous demandions la transparence dans le choix des sociétés sélectionnées. Une opacité régnait sur ce dossier. Les délais accordés à Chinook montrent, plus que jamais, l’implication du gouvernement et ses intérêts dans cette affaire».

Soraya Hamdan

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