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Nº 3043 du vendredi 4 mars 2016

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Visite parlementaire à Washington. L’économie libanaise sera préservée

Une délégation parlementaire libanaise, en visite officielle aux Etats-Unis, s’est entretenue avec des responsables au Congrès à Washington. Les pourparlers ont porté sur les pressions financières imposées au Liban, et précisément sur le Hezbollah, leurs retombées sur l’économie libanaise, sur les effets de la crise syrienne sur le Liban avec l’afflux de réfugiés et sur le soutien à l’armée. Ils ont également porté sur les moyens de renforcer la coopération entre le Congrès américain et le Parlement libanais. Les députés rentrent satisfaits.  

Les mesures punitives financières prises contre le Hezbollah ne se répercuteront pas sur l’économie libanaise. Telles sont les assurances données par les responsables américains à la délégation parlementaire libanaise qui s’est rendue à Washington pour s’entretenir avec des membres du Congrès sur les pressions financières imposées à Beyrouth. Certes, des restrictions à l’encontre des transactions bancaires libanaises ont été décidées en guise de sanctions contre le Hezbollah, il y a de cela plusieurs mois, mais la délégation libanaise a expliqué avec franchise l’état des lieux et serait parvenue à obtenir l’adhésion de l’Administration américaine à la nécessaire protection du secteur bancaire et de l’économie au Liban. Selon le député de Baabda, Alain Aoun, que nous avons rencontré, les responsables américains ont précisé aux parlementaires libanais «qu’une distinction sera certainement faite entre le Hezbollah et l’Etat libanais, ainsi que son secteur bancaire. Ces mesures ne concerneront pas des individus innocents. Elles préserveront le système monétaire et économique du Liban que nous soutenons d’ailleurs pleinement dans toutes ses composantes confessionnelles et religieuses», ont conclu les responsables américains.


Yassine Jaber
«Les responsables américains ont assuré de leur soutien l’armée et les FSI, considérant

que ces institutions sont garantes de la stabilité.»

Le 16 décembre dernier, le Congrès américain a adopté une loi stipulant que des sanctions seront prises contre les banques qui financent le Hezbollah. Cette loi prévoit de sanctionner les institutions financières étrangères qui feraient des transactions avec le parti chiite libanais ou blanchiraient des fonds pour le compte de la formation.
 

Une visite fructueuse
«La visite a été très fructueuse, a précisé le député du Courant patriotique libre (CPL). Nous avons discuté avec les responsables américains et leur avons brossé une image précise de la situation libanaise, des dangers qui menacent le Liban avec Daech aux frontières et la présence de plus d’un million de réfugiés syriens. Nous avons clairement demandé que les secteurs économique et bancaire soient préservés et nos requêtes ont été parfaitement entendues et comprises».
«En effet, déclare le député Yassine Jaber à Magazine, ces rencontres ont porté leurs fruits et ne s’arrêteront pas là. Les derniers échanges entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont eu lieu il y a bien longtemps. Il était temps de réactiver ces contacts et l’accueil a été chaleureux et compréhensif». «Les responsables américains, poursuit-il, ont également assuré de leur soutien l’armée et les Forces de sécurité intérieure (FSI), considérant que ces institutions sont garantes de la stabilité s’attardant, dans ce contexte, sur la décision saoudienne de suspendre le don de trois milliards de dollars promis à l’Armée libanaise».
Des informations rapportées par des sources présentes à ces réunions ont assuré à Magazine que des responsables américains ont dit aux parlementaires libanais que cette décision ne découle pas seulement d’une certaine colère de l’Arabie contre le Liban, qu’elle accuse de laxisme face aux agissements du Hezbollah, mais serait surtout due au fait que le royaume passe par une crise financière aiguë à cause de la baisse du prix du pétrole, au coût de la guerre menée au Yémen, en Syrie et dans plusieurs autres pays arabes. Toujours est-il, selon Alain Aoun, que «les avions A 29 Super Tucano, promis à l’Armée libanaise, seront livrés à temps, les Américains tenant énormément à la stabilité du Liban et au renforcement de ses institutions militaires». Qui les financera? «Les Américains eux-mêmes», répond Aoun, alors que Yassine Jaber déclare que «les Américains ne sont pas entrés dans les détails du financement de ces avions» précisant, toutefois, qu’ils exerceront les pressions nécessaires – sans dire à l’encontre de qui – pour assurer le financement des Tucano».


Alain Aoun
«Une distinction sera faite entre le Hezbollah et l’Etat libanais,

ainsi que le secteur bancaire.»

Des informations affirment que les Américains vont «exiger» des Saoudiens qu’ils financent cette opération, comme ils l’avaient promis. «Le lobby de la fabrication des armes et la diplomatie américaine ont sauvé l’affaire des avions Tucano, qui doivent être livrés à l’armée, de la rage des Saoudiens», écrit notamment as-Safir. Vu l’intérêt exceptionnel que les responsables américains portent à la stabilité et aux institutions militaires, un ordre a été donné aux Saoudiens de respecter les accords signés entre le Liban et les compagnies américaines et de payer comme promis les 462 millions de dollars, coûts des 6 Super Tucano», poursuit l’article.
«Nous avons évoqué la nécessité de dynamiser en permanence les relations avec les membres du Congrès en multipliant les contacts avec nos collègues américains. Dans ce cadre, nous avons été chargés officiellement par le président de la Chambre, Nabih Berry, de fonder le groupe d’amitié Etats-Unis/Liban, «Lebanon Caucus», équivalent de «l’American Caucus». Nous allons établir un plan d’échanges entre nos deux pays», conclut Aoun.
«Intensifier les rencontres et les rendre plus régulières entre les membres du Congrès, les responsables américains et les parlementaires libanais a été définitivement décidé et cela se répercutera positivement sur les relations entre les deux pays» a, pour sa part, précisé Yassine Jaber.

Danièle Gergès
 

Les Tucano
Ce sont des avions d’entraînement et d’attaque au sol motorisés par des turbopropulseurs, conçus par la société Embraer d’origine brésilienne, spécialisée dans la lutte antiguérilla. Ces avions sont équipés de 2 mitrailleuses de 12,7 mm et leur armement peut être complété par des lance-roquettes, des bombes guidées ou non, ainsi que par des missiles air-air Aim 9 Sidewinder. Selon le département d’Etat américain, ces avions conféreront au Liban une plus grande capacité de défense à ses troupes et de contrer les menaces aux frontières et à l’intérieur du territoire libanais.

La délégation libanaise
La délégation libanaise comprenait les députés Yassine Jaber, Mohammad Kabbani, Robert Fadel, Bassem el-Chab et Alain Aoun, le conseiller de Nabih Berry, Ali Hamdan, et l’ancien ambassadeur à Washington, Antoine Chédid.

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