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Nº 3044 du vendredi 11 mars 2016

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Le chef des SR russes assassiné à Beyrouth? Mystère autour de la mort d’Igor Sergun

Un article publié par al-Akhbar, la semaine dernière, attribue la mort, à Beyrouth, du général russe Igor Sergun, ex-patron des Services de renseignements russes, décédé le 3 janvier, à la Turquie. Le quotidien s’appuie sur les confidences d’une source diplomatique à Londres.
 

Qu’est-il arrivé au général russe Igor Sergun? Selon le journal al-Akhbar, qui publiait un article à ce sujet le 3 mars dernier, le chef du Renseignement militaire russe aurait été tué à Beyrouth le 3 janvier, lors d’une mission secrète. Pour appuyer sa thèse, le quotidien cite une source diplomatique localisée à Londres. Selon celle-ci, Igor Sergun aurait été tué au cours d’une mission secrète complexe impliquant plusieurs agences de renseignements arabes et moyen-orientales. La source laisse également entendre que la Turquie serait impliquée dans l’assassinat de l’officier russe. Une accusation grave, surtout dans le contexte actuel où les relations entre Moscou et Ankara sont extrêmement tendues. C’est, entre autres choses, ce qui aurait poussé, toujours selon cette source, la Russie à ouvrir une confrontation avec la Turquie, notamment sur le front syrien.
Très attendue, la réaction de Moscou à l’article n’a pas tardé. «Nous avons déjà exprimé tout ce que nous pouvions, à ce sujet», a indiqué, en réponse à une question, le responsable de l’information de la présidence russe, Dmitry Peskov, au lendemain de la publication. «Vous avez vous-même qualifié ces allégations de rumeurs», a-t-il ajouté.
Pourtant, quand la mort du général Igor Sergun avait été rendue officielle, le 4 janvier dernier, le Kremlin était resté plutôt flou sur les causes du décès. Le patron des Renseignements aurait ainsi succombé à une attaque cardiaque, à l’âge de 58 ans, sans qu’aucune précision ne soit donnée sur le lieu ou les circonstances de sa mort.

 

Mission secrète à Damas
A l’époque, le Financial Times avait avancé que le général russe revenait, trois semaines auparavant, d’une visite qualifiée de «sensible» au président syrien Bachar el-Assad, à Damas. Un officiel du Renseignement européen avait confié au Financial Times que Sergun était chargé de communiquer une proposition secrète russe visant à pousser Assad à se retirer, tout en maintenant un régime dominé par la minorité alaouite, en parallèle de négociations réalistes avec les rebelles modérés. Une proposition refusée en bloc par Assad qui aurait clairement fait savoir à Sergun qu’il resterait. Du côté de Moscou, on avait nié l’existence d’une telle mission.
Le 6 janvier, le Stratfor (l’agence du Renseignement américain) avait affirmé que Sergun était décédé le jour de Noël au Liban.
Une autre thèse, tout aussi troublante, avait déjà été émise le 11 janvier par le journal ad-Diyar. Le quotidien révélait qu’Igor Sergun était décédé la semaine précédente à Beyrouth, après avoir été admis à l’Hôpital américain pour blessures par balle. L’article citait alors des sources non confirmées qui avançaient que Sergun avait été blessé en Syrie. Des allégations balayées par les Russes qui affirmaient que Sergun serait mort à Moscou.
Peu après la publication de l’article d’al-Akhbar, jeudi 3 mars, le journal turc Yenisafak a estimé, de son côté, qu’un tel assassinat – si assassinat il y a eu – aurait été forcément connu du Hezbollah. Il avance également que ce décès est à examiner dans le prisme des tensions régionales entre la Russie et l’Iran, d’un côté, et l’Arabie saoudite et la Turquie de l’autre.
Saura-t-on un jour la vérité dans cette complexe histoire mêlant espionnage et géopolitique? Rien n’est moins sûr.

Jenny Saleh

L’un des hommes forts de Moscou
Propulsé à la tête des Renseignements militaires russes en 2011, Igor Sergun avait été placé sur la liste noire des personnalités sujettes à des sanctions européennes, en 2014, après l’annexion de la Crimée par la Russie. Selon l’Union européenne, il aurait été «responsable de l’activité d’officiers du Renseignement militaire russe dans l’est de l’Ukraine».
A sa mort, le Kremlin avait publié une notice nécrologique en son honneur, rendant hommage à «un véritable officier, un commandant expérimenté et compétent, un homme de grand courage et un vrai patriote».

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