Magazine Le Mensuel

Nº 3044 du vendredi 11 mars 2016

POLITIQUE

L’entente Aoun-Geagea. Au-delà de la présidentielle

Il semble de plus en plus clair que l’appui de Samir Geagea au général Michel Aoun va au-delà de la présidentielle. Désormais, il existe une volonté certaine chez les deux hommes d’élargir l’accord de Maarab, afin qu’il englobe d’autres échéances, telles les municipales et les législatives.  

Parmi les premières conséquences de la réconciliation de Maarab, l’accord entre le Courant patriotique libre (CPL) et les Forces libanaises (FL) de mener ensemble les élections municipales si, bien entendu, elles ont lieu comme prévu à partir du 8 mai. Les deux partis étudient la possibilité de présenter des listes communes dans les localités à dominance chrétienne, malgré leur sentiment que ces élections n’auront pas lieu. Selon les sondages, les deux principales formations chrétiennes gagneront partout où elles seront candidates, exception faite dans le caza de Zghorta. D’après certaines sources, le jour où Samir Geagea a pris la décision de mettre la main dans celle de Michel Aoun, les deux hommes se sont entendus pour élargir leur accord sur la présidence, verticalement et horizontalement, puisqu’il existe plus d’une affaire commune aux deux.
 

Un vrai partenariat
Avec le lourd passé et l’important contentieux qui opposaient les deux partis, il était impératif de briser la glace pour établir une harmonie entre leurs bases respectives. Ceci implique, selon les mêmes sources, d’intensifier les échéances communes et d’étudier en profondeur les questions qui intéressent les deux parties. Elles supposent également un changement dans l’attitude des deux formations, l’une envers l’autre. Il n’existe plus désormais de critiques réciproques et de positions intransigeantes. La relation devient plus solide et plus forte, ce qui signifie que cet accord n’est pas temporaire ou conjoncturel, comme le prétendent certains, mais bien au contraire, il se maintient plus que jamais. La coordination est quotidienne sur tous les sujets. Ainsi, soulignent ces sources, Samir Geagea n’a pas fait assumer au ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, la responsabilité de l’annulation du don saoudien et des mesures prises par les pays du Golfe à l’encontre des Libanais, mais il a tenu responsable l’ensemble du gouvernement. Et, surtout, le Hezbollah.
Toujours selon ces sources, l’accord entre le Dr Geagea et le général Aoun dépasse l’élection présidentielle et jette les fondements d’un Etat basé sur un véritable partenariat. Des efforts conjoints seront déployés pour traduire en actions, et non en paroles, loin de tout confessionnalisme, le slogan du «partenariat dans le régime», lancé à la rencontre de Maarab. Leur but est de renforcer le Pacte national qui, selon Aoun et Geagea, se réalise lorsque le partenariat total devient une réalité certaine. Celle-ci se résume par l’expression «les chrétiens ne sont pas des subordonnés, mais de véritables partenaires». D’ailleurs, ce slogan sera le titre de la campagne promotionnelle qui sera lancée bientôt.
L’action des prochains jours se concentrera sur l’interférence entre le pacte, la formule et la coexistence, qui pourrait, selon Rabié et Maarab, mener à l’édification d’un véritable Etat et consacrer un président fort. Il est prévu que la prochaine rencontre entre Geagea et Aoun soit le point de départ d’une série de réunions ouvrant la voie à une importante action, qui consacrerait l’accord du CPL et des FL sur une stratégie commune, qui définirait les choix des chrétiens du Liban et de la région, sous le plafond du Pacte national et de l’accord de Taëf.

Joëlle Seif
 

Dénominateurs communs
Des cadres chargés de la mise en œuvre de cette stratégie dans les rangs des FL et du CPL indiquent qu’on reprochait aux chrétiens de ne pas être d’accord sur des dénominateurs communs et de ne pas avoir une vision commune concernant les principales questions dans le pays. Lorsque l’accord a été scellé, ceux-là mêmes qui critiquaient les chrétiens ont commencé à le mettre en cause, ignorant le fait qu’une nouvelle conjoncture chrétienne est née. Celle-ci tient absolument à être nationale, sans laisser place à aucune équivoque. Elle se fait forte de montrer aux forces régionales et internationales que la nouvelle réalité est une initiative purement libanaise, qui ne comporte aucune agressivité et n’est nullement dirigée contre les autres composantes du pays, qui doivent tenir compte de cette évolution et prendre en considération le nouvel état des choses dans l’approche des dossiers. Cette nouvelle alliance entre Michel Aoun et Samir Geagea permettra un véritable recouvrement de l’exercice de la politique et ceci explique la raison principale de la farouche opposition qui a accueilli cette entente.

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