Magazine Le Mensuel

Nº 3044 du vendredi 11 mars 2016

Expositions

Pierre Mouhanna. L’attrait du paysage libanais

La galerie Aïda Cherfan accueille, depuis le 3 mars et jusqu’au 24, l’exposition de Pierre Mouhanna, L’attrait du paysage libanais. Quand l’art se met au service du patrimoine et de la nature.

L’attrait du paysage libanais. Titre d’une exposition qui révèle bien son contenu et son but: «Encourager les Libanais à préserver le charme et l’intégrité architecturale de leurs demeures, ainsi que le patrimoine culturel de leurs villages». C’est l’appel lancé en couleurs et en formes par Pierre Mouhanna, architecte, artiste et designer de chaises.

La toile, espace de rêves
Il semble évident, de par sa profession première, que Mouhanna ressente une frustration impuissante face à la destruction presque systématique du patrimoine architectural qui fait la particularité du pays. Frustration impuissante? Pas vraiment, puisqu’il met son art au service de cette cause. Une cause collective, mais personnelle et intime à la fois, comme il l’explique dans son introduction: «Mon expression picturale, sous toutes ses formes, traduit l’attrait du paysage libanais: acryliques, aquarelles et design. J’ai peint des villages qui ont marqué ma vie de nostalgie, de rêves et de souvenirs: les messes du dimanche et les traditionnelles fêtes de villages. La convivialité de leurs habitants et leurs inoubliables historiettes locales. Les œuvres montrent, sans doute, l’authenticité de l’architecture des habitations, des églises et des couvents qui se détachent sur des fonds de paysages vibrant de couleurs».
Douma, Faraya, Falougha, Aïntoura, Chnaniir-Ghazir, Ghosta, Zahlé, Beit Chabab… La couleur rouge des traditionnels toits en tuile, le vert de la nature et des sentiers en lacets, les dômes des églises et des monastères, la montagne, le ciel et la mer… Les campaniles, La baie, la plus belle au monde, Les amoureux du Val, Le diamant de l’Orient, Le Grand Bleu, Entre les arbres, Pierres jaunâtres sur la colline… Les œuvres de Pierre Mouhanna croisent les styles et les genres, le flou et les détails, les prises de vues rapprochées et éloignées, le réalisme et le figuratif… au service d’une cause plus grande que l’œuvre.
Et Pierre Mouhanna peint ce qui est encore, ou ce qui a été, le charme d’un passé en passe d’être détruit par un présent de plus en plus oppressant et un avenir qui, loin d’être incertain, se profile encore plus ravageur. C’est pour cela, peut-être, qu’il ne choisit pas de montrer les dangers imminents, mais de les suggérer, implicitement, comme absents du cadre de l’œuvre, comme un titillement du visiteur-spectateur. Un appel au rêve et à la nostalgie, dans l’espoir d’une réaction immédiate. Si la ville, la capitale, se consume et se consomme en blocs de béton froids et déshumanisés, les villages pourraient peut-être rester un havre de paix. Et l’exode rural alors de s’inverser!

Leila Rihani

L’exposition se poursuit jusqu’au 24 mars.
 

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