Magazine Le Mensuel

Nº 3047 du vendredi 1er avril 2016

Confidences Liban

Confidences Liban

Blague de mauvais goût
Une «blague de mauvais goût», c’est ainsi que le président Nabih Berry qualifie l’équation des 50 + 1 pour le quorum présidentiel. Aux défenseurs de cette formule, il répond: «N’essayez pas de me convaincre. Ne vous amusez pas à jouer avec le quorum. Votre insistance ne vous mènera nulle part, même dans cent ans. Le quorum est fixé au 2/3 des membres du Parlement. Point à la ligne. S’il n’y a pas 86 députés ou plus dans l’hémicycle, je ne donnerai pas le signal de départ de la séance». Ce qui est étonnant, d’après Berry, c’est que ceux qui, aujourd’hui, veulent abréger le quorum présidentiel, notamment Fouad Siniora, avaient insisté par le passé sur le respect des 2/3. «Qu’ils aillent d’abord convaincre leur chef de leur thèse» (en allusion à Saad Hariri attaché au quorum constitutionnel des 2/3).



Municipales: Husseini sceptique
Le président Hussein Husseini estime que les partis politiques disent tout haut ce qu’ils ne pensent pas tout bas. Ils clament leur volonté d’organiser les municipales, mais ne sont pas disposés à les tenir par «peur de la défaite». Du point de vue constitutionnel, Husseini estime qu’en cas d’expiration du mandat des conseils municipaux et en l’absence d’une décision parlementaire de prorogation – par crainte de la colère populaire contre la troisième prorogation après les deux de l’Assemblée! – ces conseils pourront continuer à expédier leurs affaires, sachant que conformément aux règles appliquées ce sont le mohafez ou le caïmacam qui se chargent du fonctionnement des municipalités dissoutes jusqu’à l’élection des nouveaux conseils.
Quant à la sortie de crise proposée par l’ex-président de la Chambre, elle commence par l’élection d’un chef d’Etat, transitoire pour une période d’un an, la mise sur pied d’un gouvernement également de transition, conformément à l’article 68 de la Constitution, qui prendrait la relève du président pour organiser des élections législatives.

Chicane sur le Sénat
Le député Nicolas Fattouche a créé la surprise en réclamant l’octroi de la présidence du Sénat, dont la création est stipulée dans les accords de Taëf, à la communauté grecque-catholique plutôt qu’à la communauté druze, comme cela avait été prévu dans la répartition des institutions officielles à égalité entre chrétiens et musulmans. La communauté grecque-catholique étant, selon Fattouche, une communauté fondamentale.
Des sources grecques-catholiques estiment que cette revendication est justifiée par deux motifs:
1- La sauvegarde de l’équilibre confessionnel dans la distribution des quatre présidences: la présidence de la République et celle du Sénat aux chrétiens, et la présidence de la Chambre et celle du Conseil aux musulmans.
2- Le nombre de grecs-catholiques au Liban est supérieur à celui des druzes.

Salam: démission toujours envisagée
Le président Tammam Salam n’a pas définitivement tourné la page de la démission. «Oui, dit-il devant ses visiteurs, j’ai menacé d’y recourir à deux, trois ou quatre reprises et je continuerai à le faire. C’est toujours à la suite de cette menace que survient la régularisation du tempo du Conseil des ministres. J’essaie de ne pas en arriver là, mais je crains vivement que cette option ne devienne incontournable. Bien sûr, la démission n’est pas porteuse de solution et je ne voudrais pas que les Libanais aient le sentiment que je les abandonne. Mais la poursuite du statu quo actuel me rend complice de la paralysie et de la vacance présidentielle. Le maintien du gouvernement avec ses divisions et ses querelles assure une couverture au vide institutionnel. Je ne suis pas le seul responsable de cette situation, mais en tant que Premier ministre, j’assume une grande part de responsabilité».

Retrait russe sans répercussions
Quelles seront les retombées du retrait russe de Syrie sur le Liban? A cette question qui lui a été adressée, le chef du Parlement, Nabih Berry, a réagi de la façon suivante: «Nous ne sommes pas dans une situation similaire à celles d’autres pays pour que nous soyons influencés par le retrait russe ou autre. Pas de guerre civile sur notre sol, pas de fitna entre sunnites et chiites, pas d’effondrement sécuritaire et d’expansion du terrorisme. L’armée et les Forces de sécurité intérieure (FSI) combattent le terrorisme avec succès. La crise dont nous souffrons est un problème de personnes. Peut-être que la donne changera en cas de rapprochement saoudo-iranien».

Présidentielle: parole, parole
A la suite des déclarations de Saad Hariri, les milieux de Bkerké écartent la possibilité d’élire un président au cours du mois d’avril. Ils considèrent qu’«aucun indice concret n’est encourageant. Tous les discours allant dans ce sens manquent de réalisme». Les mêmes sources révèlent, par ailleurs, «qu’aucun ambassadeur ou responsable d’une grande puissance, comme les Etats-Unis, ou des pays régionaux n’est à même de dire quand prendra fin la crise présidentielle qui dépend, en grande partie, des crises régionales et, surtout, de la guerre syrienne». Ils soulignent aussi que les diplomates se contentent d’exhorter les Libanais à élire leur président sans promettre une quelconque action de leurs pays respectifs qui pourrait aider le Liban.

Failles sécuritaires à l’AIB
Les responsables britanniques, dans le cadre de leurs entretiens avec le ministre Nouhad Machnouk, ont voulu insister sur la sécurité à l’aéroport de Beyrouth. Ce qui a poussé le ministre à déclarer qu’il donnerait la priorité à éliminer les failles sécuritaires à l’AIB, failles similaires à celles de l’aéroport de Charm el-Cheikh qui seraient, selon des rapports internationaux, à l’origine de l’attentat contre l’avion russe. Le Premier ministre Tammam Salam a, pour sa part, inscrit ce dossier à l’ordre du jour de la prochaine réunion du Conseil des ministres. Si certaines sources rapportent que Machnouk n’a pas clarifié l’origine de ces failles, elles ne se privent pas de dénigrer l’ensemble des mesures sécuritaires: fouille des passagers et des bagages; appareillage utilisé; formation des employés chargés de son fonctionnement. Sans oublier le contrôle des marchandises. Les sources citent aussi, les scanners et caméras en panne, le manque d’agents des Forces de sécurité intérieure, le problème de la clôture des pistes… et les vexations continues entre les ministères de l’Intérieur et des Travaux publics.

FL-Moustaqbal: les consultations
La visite du conseiller du président Saad Hariri, l’ex-député Ghattas Khoury, à Maarab, n’a pas manqué de susciter l’intérêt des milieux politiques pour deux raisons:
– Cette rencontre signifie la poursuite des consultations entre les Forces libanaises (FL) et le Moustaqbal en dépit de la discorde sur la présidence.
– Le mystère qui a entouré les objectifs de cette visite. Selon l’annonce officielle, trois dossiers brûlants étaient au menu: la présidence de la République, la situation au sein du 14 mars, la relation entre le Moustaqbal et les Forces libanaises… mais la rencontre avait aussi un autre but à travers le message verbal que Saad Hariri a fait parvenir au Dr Samir Geagea concernant le dossier présidentiel. Les sources des deux partis rapportent que ces consultations s’inscrivent dans le cadre de «l’épuration des divergences» afin qu’elles restent confinées à la seule présidence.

Daech vs al-Nosra: impossible réconciliation
Il est désormais impossible de mettre fin à la bataille qui oppose l’Etat islamique (EI) et le Front al-Nosra dans le jurd de Ersal grâce à des réconciliations locales traditionnelles. Une source de la région révèle que le terroriste en cavale, Moustafa Hojeiry, mène des contacts avec des personnalités des Ikhwan libanais proposant l’ouverture d’un passage sécurisé pour permettre aux combattants d’al-Nosra de retourner dans la ville d’Idlib au nord de la Syrie. Il sollicite ces personnalités afin de convaincre le Hezbollah et, à travers lui, l’armée syrienne, de faciliter cette opération. Al-Nosra, qui avait pris l’initiative de la guerre contre Daech, a distribué un pseudo-communiqué invitant les réfugiés à quitter les camps non placés sous l’autorité de l’Armée libanaise, parce qu’il sera dans l’incapacité de protéger ces camps à partir du 1er avril. Toujours d’après la même source, Daech rassemblerait ses forces pour s’emparer de la région des Malahi et Ajram et des camps de déplacés dans le jurd de Ersal. La source rapporte, par ailleurs, la mort du responsable militaire de l’EI, Abou Azzam, et des membres de son groupe dont Abou Abed el-Bari et Abou el-Farouk. Du côté d’al-Nosra, les principaux tués au combat sont: Abou el-Bassir, Abou Khattab et Hazifa el-Talli, Abou Ishak et le Libanais Abou Aïcha el-Arsali. D’autres informations font état de la mort de Majd Mohammad Abdel-Majd Hojeiry, le bras droit de Moustafa Hojeiry.

Aïn el-Heloué s’embrase…
La guerre des frères ennemis s’embrase à nouveau dans le camp de Aïn el-Heloué. La situation sécuritaire est sur le point de s’effondrer après que Omar Natour, membre des groupes menés par le terroriste Bilal Badr, eut assassiné Abed Kablaoui du mouvement Fateh, au détour du souk des légumes. Kablaoui est un adepte de l’officier du Fateh, Mahmoud Abdel-Hamid Issa, surnommé Lino. Il était responsable de la lutte armée palestinienne dans le camp. L’incident aurait débuté par une dispute personnelle, mais l’assassinat de Kablaoui a quand même provoqué des réactions sur le terrain. Ainsi, des inconnus ont intercepté et liquidé Mahmoud Natour, le frère de Omar, dans la rue alors qu’il rentrait chez lui.
Pourtant, il y a environ deux semaines, un accord de réconciliation avait été signé entre les deux factions, mais certains milieux dans le camp pointent du doigt le mouvement Hamas qu’ils accusent de piloter le conflit avec le Fateh à travers les groupes armés dirigés par Badr. La tension est toujours vive à l’intérieur, bien que la haute commission sécuritaire palestinienne se soit réunie avec les familles Kablaoui et Natour pour plaider un cessez-le-feu et la livraison des assassins à la justice.

Les caïds tripolitains se recyclent
Saad el-Masri, ex-caïd militaire à Bab el-Tebbané, songe à se recycler dans le domaine politique en se portant candidat au conseil municipal du chef-lieu du Liban-Nord. Des appels lancés sur les réseaux sociaux ont invité le public à accueillir le chef du Front de Starco au rond-point du fleuve Abou Ali, à sa sortie de prison. Des dizaines de banderoles souhaitant la bienvenue au «chef prisonnier» ont été hissées le long de la route du Nord, de Bahsass en passant par Tripoli, jusqu’à Baddaoui et Minié. La source, qui véhicule l’information, rapporte que Masri ne reprendra pas les armes contre ses concitoyens parce que lui, et tous les autres caïds de l’étape précédente, avaient été piégés et amenés à commettre les crimes qui leur ont valu la prison. Par rapport aux craintes, liées au retour du prisonnier, exprimées par certains Tripolitains, Masri a été rassurant disant qu’il suivra l’exemple de Omar Ibrahim, alias Amer Ariche, qui travaillait dans un atelier de réparation de pneus et qui, depuis, respecte les règles sécuritaires à Tripoli. Mais certains milieux dans la ville restent inquiets parce que le responsable réel des crimes commis par les ex-chefs de file est le dénommé Amid Hammoud qui jouit d’une pleine liberté et poursuit son activité militaire parmi les jeunes de Tripoli. Masri avait été libéré à la fin de la semaine passée après avoir purgé une peine de deux ans et demi entre la prison de Qobbé et celle de Roumié.

Le rôle des Russes à Palmyre
Les informations détaillées sur la nature du rôle de l’armée russe dans la bataille de libération de Palmyre poussent à l’optimisme, ce développement favorisant le règlement politique de la crise syrienne, comme l’analyse une haute instance à Beyrouth.
L’armée syrienne a bénéficié d’une couverture aérienne russe et syrienne et rassemblé des milliers de soldats, assistés de façon limitée par les alliés présents à une distance proche des collines, entourant la ville, qui constituaient la première ligne de défense des forces de l’EI.
Le plan d’attaque sur le terrain prévoyait l’infiltration d’un petit groupe dans la région des collines derrière la ligne de fortification afin de la percer. Cette mission, comme le rapportent les proches de cette instance, a été confiée à un commando russe comprenant un officier et 30 militaires qui, à la nuit tombée, et sous une couverture de feu intensive, a réussi à effectuer la brèche requise par laquelle se sont engouffrés quelque 1000 soldats syriens qui ont attaqué toutes les collines autour de Palmyre. La prise de contrôle des collines a ouvert la voie à la libération de ce haut lieu historique, enregistrant des pertes minimes comparativement à l’amplitude et à l’intensité de la bataille. La superficie récupérée est évaluée à 25000 km2 environ.
 

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