Magazine Le Mensuel

Nº 3047 du vendredi 1er avril 2016

Initiative

Les étudiants de l’Usek à l’œuvre. Le conteneur, ou la maison de demain

Au XXIe siècle, on se doit d’habiter autrement. Solide, modulaire, écologique et abordable, le conteneur s’impose de plus en plus dans le monde comme un concurrent sérieux pour les méthodes de construction traditionnelles ou les maisons préfabriquées. Qu’en est-il du Liban?

Le Liban regorge de conteneurs industriels dont nul ne sait que faire. Pourquoi ne pas les recycler en logements respectueux de l’environnement? C’est dans ce sens que, dans le cadre d’une collaboration entre la Faculté de gestion et des sciences commerciales de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (Usek), l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), le smart living lab de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg en Suisse, ainsi que l’Institut d’urbanisme de Grenoble en France, un atelier, intitulé Container: un prototype d’habitat durable et évolutif, a eu lieu du 7 au 11 mars à l’Usek.
Interviewé par Magazine, Nehmé Azoury, doyen de la Faculté de gestion de l’Usek, explique que cet atelier a permis de penser l’utilisation de «ship containers» usagés et intégralement recyclés en habitats d’urgence pour permettre aux «bénéficiaires» du projet, après des situations dramatiques, de vivre de manière permanente dans des conteneurs qui ne seraient que rééquipés pour l’occasion. Cette initiative vise à offrir à chaque «habitant» la possibilité technique de découper au maximum le conteneur, afin de le «customiser», de l’adapter le mieux possible aux pratiques locales en matière d’habitat et d’urbanité, ainsi qu’aux modes de vie et traditions sociales et culturelles. De lui permettre ainsi d’en faire son foyer dans la mesure du possible.
A la question de savoir en quoi consiste réellement ce projet et dans quelle mesure il s’inscrit dans un principe de durabilité, le doyen de la Faculté de gestion met l’accent sur son déroulement. Tenu le long d’une semaine pendant laquelle un conteneur de 20 pieds en fin de cycle a été acheté et installé au parking des étudiants de l’Usek, l’atelier a impliqué vingt étudiants de nationalités européenne et libanaise, de plusieurs disciplines, ainsi que des enseignants, experts et spécialistes en la matière, tant européens que libanais. «Un travail conjoint, intensif et modelé par une union d’expertise, d’expérience et de vigueur a été effectué, dans le but de tenter de faire dudit conteneur un habitat d’urgence pour des réfugiés, des personnes dans le besoin, ou des personnes victimes de catastrophes naturelles et en quête d’un endroit qui pourrait leur servir de toit pour une durée indéterminée», souligne Azoury. En d’autres termes, l’essentiel est de fournir l’infrastructure de base à l’usager qui aura l’opportunité de modifier son habitat et d’en améliorer les espaces intérieurs et extérieurs. L’habitant (rôle qui a été joué par les enseignants et les étudiants participant à l’atelier) pourra également surélever le conteneur d’un ou de plusieurs étages avec des matériaux locaux ou recyclés, en particulier des éléments récupérés d’anciennes constructions détruites, notamment après une catastrophe. «C’est dans cette mesure que s’inscrit effectivement la durabilité de ce projet, sachant qu’il s’agit aussi de cette manière de créer de nouveaux quartiers urbains que nous espérons accompagner et même concevoir, pour la période post-catastrophe, post-urgence», certifie Azoury.

 

Un projet applicable?
La tenue de cet atelier avait pour objectif principal de produire un prototype de conteneur «déconstruit» et aménagé de manière à pouvoir servir de module central pour la création d’un quartier écologique et hybride. Son idée s’adresse donc aux réfugiés, à un public vulnérable et dans le besoin, à des personnes victimes de catastrophes naturelles, ou à d’autres dont le «toit» se limite à des bidonvilles, des camps ou des régions instables. «C’est ainsi que des formes d’habitat, spatialement et socialement durables pour une ville future plus inclusive, tant sur le plan technique que politique, sont conçues à travers cet atelier. Son applicabilité varie effectivement entre un niveau «micro» (petits camps) pour des réponses de première urgence, pour passer ensuite à un logement décent, et un niveau «macro» impliquant le travail effectué par le gouvernement et les municipalités pour améliorer les régions instables et chercher à garantir aux habitants démunis un habitat permanent», affirme Azoury.

Natasha Metni

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