Magazine Le Mensuel

Nº 3048 du vendredi 8 avril 2016

Semaine politique

Imad el-Hout, député de Beyrouth. Les chrétiens bloquent la présidentielle

Dans une interview recueillie par Magazine, Imad el-Hout, député de la Jamaa islamiya à Beyrouth, appelle le Hezbollah à se retirer de Syrie, car ses interventions dans ce pays encouragent certains Etats à le taxer de parti terroriste. Nuançant ses propos, il ajoute qu’il n’est pas évident que l’ensemble du tissu libanais représenté par le Hezbollah soit mis dans un même sac.

Avec la trêve actuelle en Syrie, le Liban se dirige-t-il vers une solution notamment au niveau de l’élection d’un président de la République?
Je ne le pense pas. Actuellement, notre pays n’est pas sur la liste des priorités régionales et internationales. Les grandes puissances souhaitent simplement que le Liban ne constitue pas une source d’instabilité sécuritaire et insistent donc sur la préservation du statu quo sur ce plan. A cause des politiciens qui gouvernent ce pays, nous ne sommes plus en mesure de décider du sort de notre nation, nous subissons les diktats de l’étranger. Cela est d’autant plus vrai que les chrétiens, premiers concernés par l’échéance présidentielle, participent à son blocage et ne facilitent pas l’élection. D’autre part, les craintes de l’ancien Premier ministre, Saad Hariri, de voir le pays s’effondrer le poussent à faire sans cesse des compromis, donnant plus de liberté au Hezbollah pour le contrôle du pays.

Parlant du Hezbollah, considérez-vous que ce parti mérite d’être taxé de terroriste par les Arabes, alors qu’il a libéré le Liban de l’occupation israélienne?
L’attitude du Hezbollah, précisément en Syrie, fait que l’on ne peut que le taxer de violent, voire de terroriste. Envahir de la sorte un pays, perpétrer des tueries de civils, participer à une guerre qui ne le concerne pas… tout cela est inadmissible. Le Hezbollah doit se retirer de Syrie et réintégrer le giron libanais, car ses agissements là-bas encouragent certains, et peut-être à juste raison, à affirmer qu’il mérite de figurer sur la liste des partis terroristes. Mais si je veux nuancer mes propos, je me demanderais si ce qualificatif peut s’appliquer à tout le tissu libanais que le Hezbollah représente. Peut-il être appliqué au parti en tant qu’institution? Ne généralisons donc pas.

Comment qualifiez-vous actuellement vos relations avec le Hezbollah?
Elles n’ont jamais été aussi froides. Mais, en fin de compte, le Hezbollah est partie intégrante de ce pays. Je ne conçois donc pas de couper totalement mes relations avec lui.

Les pays arabes et, l’Arabie saoudite en premier lieu, n’ont pas seulement qualifié le Hezbollah de parti terroriste, mais ont pris une série de mesures contre les Libanais, arguant du fait que les citoyens acceptent que leur pays soit totalement sous l’emprise de ce parti. Qu’en pensez-vous?
Je demande aux pays arabes de prendre en considération les sensibilités libanaises et de ne pas punir les Libanais. Notre situation est très délicate et les pays frères doivent la comprendre et en tenir compte.

Pour en revenir à la question syrienne, croyez-vous que l’on se dirige vers un règlement du conflit?
Je le souhaite, d’autant que je pense que la communauté internationale a compris que Bachar el-Assad est indéfendable et qu’il faut trouver la relève. Mais tout semble indiquer qu’il s’agit juste d’une trêve, les Etats-Unis étant occupés d’ici à novembre prochain à mener leur élection présidentielle et laissent en marge les dossiers externes sur tous les fronts.

Certains évoquent un remodelage de la Syrie sur une base communautaire. Ce scénario est-il plausible?
Ce scénario est certainement envisagé, mais il faut tout entreprendre pour le faire échouer. D’autre part, les régions syriennes comptent un mélange de diverses communautés et confessions. Pour mettre en place un remodelage de la Syrie, il faut procéder à des transferts énormes de populations, ce qui serait catastrophique.
 

Propos recueillis par Danièle Gergès

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