Depuis que la sécurité de l’aéroport a été remise en question, chaque semaine apporte son lot de surprises. Il y a quelques jours, le service de sécurité de l’aéroport a arrêté deux Libanais travaillant pour l’une des sociétés de service de l’AIB, suspectés de contacts avec des parties terroristes… avant qu’ils ne soient libérés.
Deux personnes ont été arrêtées à la suite d’un contrôle de sécurité de routine qui avait eu lieu à l’aéroport. Deux accusations ont été portées contre le dénommé A. Ahmad qui travaille depuis six ans à l’aéroport: introduction illégale d’armes dans l’enceinte de l’aéroport et contact avec des parties terroristes. Quant à la seconde personne arrêtée, elle serait née en Turquie et habiterait Borj el-Barajné. On aurait trouvé dans sa voiture les traces de produits explosifs. Mais au bout de 72 heures d’investigations, les deux employés ont été relâchés, les enquêteurs n’ayant pas trouvé qu’ils avaient l’intention de commettre des attentats terroristes.
Le dossier de la sécurité de l’Aéroport international de Beyrouth a été ouvert depuis que la compagnie Air France a communiqué à l’Etat libanais des informations qui lui ont été transmises par les services secrets américains, sur l’intention de Daech de faire exploser un de ses avions à partir de l’aéroport de Beyrouth. Après la collaboration entre la compagnie d’aviation et les services de sécurité libanais, des responsables britanniques spécialisés dans la sécurité des aéroports ont examiné la situation sur le terrain. Plusieurs failles sécuritaires sont apparues, ce qui a poussé le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, à tirer la sonnette d’alarme.
Rivalité entre services
De son côté, le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, a tenté de réduire le choc, bien qu’il soit tout à fait conscient de la gravité de la situation. A part les failles sécuritaires, le nombre des services de sécurité à l’intérieur de l’aéroport et les rivalités qui existent entre eux rendent les risques encore plus élevés. L’examen de la situation a permis d’établir un plan pour renforcer la sécurité. Le coût de cette opération s’élèverait à 27 millions de dollars. Cette somme semble logique et l’Etat pourrait assurer lui-même son financement.
Les observations britanniques ont porté sur les différents appareils de détection, ainsi que sur la léthargie des agents de sécurité dans l’exercice de leurs fonctions. Les experts ont été choqués par les pistes, les seules au monde à donner sur les routes et les régions approximatives habitées. N’importe qui peut y avoir accès sans aucune difficulté. Parmi les mesures recommandées, et à la suite de l’attentat contre l’aéroport Zaventem de Bruxelles, l’installation d’une machine à détecter les explosifs, au niveau du barrage de l’armée, sur la route qui mène à l’entrée de l’aéroport, pour examiner le contenu des voitures. Mais le danger le plus grave consiste dans la possibilité que Daech lance des missiles sur les avions. C’est la raison pour laquelle des unités de l’armée ont été déployées sur les collines surplombant l’aéroport. Un problème se pose dans la région de Naamé, en raison des tunnels dans lesquels les Palestiniens du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG d’Ahmad Jibril) sont installés, surtout que dans cette partie, les avions sont très proches du sol. Il est vrai que les services de sécurité ont coordonné avec les Palestiniens, mais il n’en demeure pas moins que cette région reste en dehors de l’autorité de l’Etat.
Joëlle Seif
Réhabilitation
A la suite des réunions que le président Tammam Salam a effectuées en vue de trancher entre les différentes offres soumises, la réhabilitation de l’aéroport est à l’ordre du jour du Conseil des ministres. Trois offres ont été soumises. La première est présentée par le ministère des Travaux publics, l’autorité compétente, et qui présente trois propositions selon l’échelle des priorités: l’installation d’appareils et des travaux évalués à 54 millions de dollars ou 30 millions ou 24 millions. Une deuxième offre est faite par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) proposant des projets d’une valeur de 40 millions de dollars qui seront exécutés par la société Meas. Une dernière offre comportant quatre contrats de gré à gré qui ont été établis par le ministère de l’Intérieur grâce au don saoudien et dont le montant dépasse 28 millions de dollars. Des contacts étaient en cours entre les ministres Nouhad Machnouk et Ghazi Zeaiter pour trouver un accord préalablement à la séance du Conseil des ministres. Mardi, ce dernier a donné son accord pour l’ouverture des crédits nécessaires au financement des équipements pour améliorer la sécurité de l’aéroport.