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Nº 3049 du vendredi 15 avril 2016

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Farid el-Khazen, député du Kesrouan. «La Troïka règne toujours»

«Les Libanais attendent de la visite de François Hollande l’appui à l’armée et les dons en armes promis puis suspendus. Si les choses ne sont pas claires à ce niveau, la visite restera stérile. Le Liban est vulnérable, et pour combattre le terrorisme, il doit recevoir le soutien franc de la communauté internationale». Entretien avec le député du Kesrouan Farid el-Khazen (CPL).

Dans quel cadre inscrivez-vous la visite du président François Hollande au Liban?
C’est la seconde visite qu’effectue François Hollande au Liban. Personnellement, je n’arrive pas à comprendre la politique étrangère de la France. Ambitieuse dans le fond et au niveau des réactions verbales, mais sans beaucoup de moyens quand il s’agit d’actions. Il y a toujours un décalage dans le timing et la substance. Aujourd’hui, ce que les Libanais attendent de ce voyage, ce sont l’appui à l’armée et les dons en armes promis puis suspendus. Si les choses ne sont pas claires sur ce plan, la visite restera stérile. Le Liban est trop vulnérable pour pouvoir combattre le terrorisme, il doit recevoir l’appui franc de la communauté internationale. Si le président français vient simplement visiter les camps syriens, nous pouvons le faire à sa place. Le Liban a 70 milliards de dollars de dettes, il n’a pas les moyens de financer le million et demi de réfugiés répartis sur son territoire. Sur ce point aussi, nous avons besoin du soutien haut et fort de la communauté internationale qui, tant que les choses ne la concernent pas directement, préfère fermer les yeux. Le Liban n’a pas les moyens de pressions que d’autres pays ont comme la Turquie par exemple, cela ne signifie pas qu’il doit être abandonné à son sort.

Entre les pourparlers intersyriens de Genève et la trêve au Yémen, pensez-vous que la région va vers un apaisement?
Il existe certainement une volonté de poursuivre l’opération politique concernant la Syrie, pour tenter de consolider le cessez-le-feu. Mais le conflit est loin d’être assez mûr pour être réglé. Actuellement, la priorité de la communauté internationale est de frapper Daech et tous les groupuscules extrémistes. Dans un autre registre, le fossé entre le régime et l’opposition syrienne est profond et rien ne semble présager un rapprochement entre les deux. Je pense que le processus de négociations sera maintenu, mais sans avoir de résultats concrets. Au Yémen, les choses sont différentes, il y a de sérieuses probabilités d’aboutir à un consensus parce que les deux forces principales sur le terrain sont arrivées à un point où elles peuvent discuter d’un accord réel, du moins dans sa phase préliminaire.

Et le Liban dans tout cela, toujours pas d’élection présidentielle en vue?
Cette élection a certainement une dimension régionale, mais le facteur interne reste essentiel. Et le statu quo va durer. Il y a une force politique qui considère qu’elle peut contourner la volonté chrétienne. Deux prétextes ont été avancés: d’une part, que les chrétiens doivent s’entendre entre eux et se retrouver autour d’un nom, ce qui a été fait lorsque les Forces libanaises ont appuyé la candidature de Michel Aoun, d’autre part, le candidat ne doit pas être allié du Hezbollah. Or, cette force a soutenu la candidature de Sleiman Frangié, principal allié du Hezb. Les prétextes sont tombés à l’eau et les vraies intentions sont apparues: garder le système de la Troïka qui prévalait au temps des Syriens et se partager les parts du gâteau.

Parlant de partage de gâteau, les dossiers concernant la corruption se suivent et ne se ressemblent pas. Tout le monde crie au scandale mais, à ce jour, l’opinion libanaise ne connaît pas les grands bonnets qui sont derrière tout ça. Pourquoi? Jouissent-ils d’une couverture politique?
Les déchets, Internet illégal, et le pire, les responsables d’un service sécuritaire accusés d’être derrière un énorme scandale. Du jamais vu. Certes, des mesures sont prises, mais cela n’est pas suffisant. Oui, je pense qu’il y a une couverture politique à tous ces dossiers. A ce jour, aucun responsable n’a été franchement accusé et nommé expressément par les autorités concernées.

Propos recueillis par Danièle Gergès

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