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Nº 3050 du vendredi 22 avril 2016

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François Hollande au Liban. Questions sur le timing, la forme et le fond

A défaut de soulever des vagues, la visite de François Hollande n’en finit pas de susciter des questions. Bienvenue Monsieur le président… et au revoir.

 

Jamais la visite d’un président français au Liban n’aura soulevé autant de questionnements, aussi bien à Beyrouth qu’à Paris. Le timing a été jugé inopportun, la forme a été qualifiée d’inadéquate et le fond a été considéré léger.
Après le départ de leur hôte, les Libanais en sont toujours à se poser des questions sur l’utilité, l’efficacité et, surtout, le pourquoi de sa venue. Informés à l’avance que le président François Hollande ne ramenait dans sa besace aucune initiative susceptible de débloquer la situation politique au Liban, ni une annonce spectaculaire concernant l’une des multiples crises qui menacent leur pays, ils ont cependant continué à attendre, jusqu’à la dernière minute, une surprise… qui n’est pas arrivée.
Sur le plan politique, M. Hollande a expliqué aux députés libanais qu’il leur revenait d’élire un président de la République et qu’ils ne devaient pas attendre des interventions extérieures. Quelques heures à peine après le décollage de son avion, la 38e séance électorale, au Parlement, a été reportée… faute de quorum. Visiblement, ses arguments n’étaient pas assez persuasifs pour convaincre les boycotteurs de se rendre Place de l’Etoile.
Les Libanais ne doutent pas de l’«amitié et de la solidarité» de la France à l’égard du Liban. Le président Hollande a tenté de traduire ces sentiments par des actes, mais ceux-ci, même s’ils sont louables, ne sont pas suffisants au vu des défis colossaux auxquels le Liban est confronté. L’aide et l’assistance promises à l’Armée libanaise dans sa lutte contre le terrorisme sont les bienvenues. Toutefois, Beyrouth aurait souhaité que Paris intervienne plus vigoureusement auprès de l’Arabie saoudite pour la convaincre de revenir sur sa décision de «suspendre» le don des trois milliards de dollars, d’autant que Riyad et Paris sont liés par une «relation stratégique», comme l’a affirmé Manuel Valls, le 15 mars.
Concernant les réfugiés, la France est, certes, le premier contributeur au Liban. Mais les 100 millions d’euros promis par François Hollande paraissent bien modestes comparés aux milliards débloqués par l’Union européenne au profit de la Turquie. Le message délivré par le président français à ce sujet est clair: les réfugiés doivent rester au Liban en attendant le retour au calme en Syrie. Ils ne doivent pas envisager leur «implantation» au Liban et encore moins être tentés par la traversée vers Chypre.
Avec l’«élite» sélectionnée – selon des critères hautement confidentiels –, reçue à la Résidence des Pins, M. Hollande a parlé de tout et de rien. Une discussion aux relents intellectuels, concernant, entre autres, le «vivre-ensemble», le «Liban-message»…
Certains affirment qu’en visitant le Liban, François Hollande a voulu, surtout, s’adresser à l’opinion publique française sur deux thèmes où les sondages sont relativement cléments à son égard: la lutte contre le terrorisme et la question des réfugiés.
Les Libanais sont déçus. Mais ils l’auraient été davantage si le président français n’avait pas inclus l’étape libanaise dans sa tournée arabe. Ils auraient alors crié à la trahison, à l’oubli, à l’abandon du Liban par la France. Cette visite était, en même temps, inutile et inévitable.
M. Hollande est venu les mains vides, il est reparti les oreilles pleines. Les responsables libanais lui ont demandé d’intervenir auprès de ses nouveaux amis du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, pour apaiser leur colère à l’égard du Liban.

Paul Khalifeh

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