Dénouement heureux pour l’Australienne Sally Faulkner et l’équipe de l’émission 60 minutes de Channel 9, qui ont retrouvé la liberté, le mercredi 20 avril, après un kidnapping qui a secoué l’opinion publique libanaise et australienne.
Sally Faulkner, originaire de Brisbane, avait été inculpée avec une équipe de télévision australienne, ainsi que deux Britanniques et deux Libanais, pour avoir kidnappé ses enfants Lahela
(6 ans) et Noah (4 ans), le 6 avril dernier, alors qu’ils attendaient le bus scolaire en compagnie de leur grand-mère Ibtissam Berry, dans la région de Hadath. Le plan prévoyait de faire sortir à bord d’un bateau la mère et les enfants jusqu’à Chypre où ils obtiendront des passeports australiens auprès de l’ambassade d’Australie et, de là, s’envoleront jusqu’à Brisbane.
Les cinq Australiens impliqués dans le rapt des enfants Lahela et Noah ont été remis en liberté sous caution par une décision du juge d’instruction du Mont-Liban, Rami Abdallah, après que le père des enfants, Ali el-Amine, et sa mère, Ibtissam Berry, eurent retiré leur plainte contre la chaîne de télévision australienne. «J’ai accepté de libérer sous caution la mère et les quatre membres de l’équipe de télévision après que le père et la grand-mère ont retiré leur plainte», a indiqué, à la presse, le juge d’instruction Rami Abdallah.
En revanche, Ali el-Amine a maintenu sa plainte contre les deux Britanniques et les deux Libanais impliqués dans cette rocambolesque affaire d’enlèvement. En ce qui concerne Sally Faulkner, Ali el-Amine avait affirmé, dès le départ, qu’il ne présenterait pas de plainte contre elle, car elle restait malgré tout la mère de ses enfants. Au moment de la libération des Australiens, il a affirmé à la presse devant le tribunal de Baabda: «Tu es la mère de mes enfants et tu le resteras. Le Liban est leur pays et l’Australie est aussi le leur».
Faulkner reste au Liban
L’équipe de télévision australienne, composée de la journaliste Tara Brown, d’un producteur et de deux cameramen, est arrivée jeudi 21 avril, tard dans la soirée en Australie, alors que Sally Faulkner a décidé de rester au Liban pour le moment. Des informations font état d’une transaction financière ayant eu lieu pour régler cette affaire. Le quotidien The Australian rapporte qu’«un accord de plusieurs millions de dollars a été conclu en contrepartie de l’abandon des poursuites par le père». De son côté, Channel 9 n’a pas confirmé cette information. Le Daily Telegraph de Sydney a titré, quant à lui, La Neuf paie au père la liberté de l’équipe de télévision et de la mère, affirmant qu’une importante somme d’argent a été versée en dédommagement. Le Premier ministre australien, Malcolm Turnbull, a remercié les autorités libanaises pour leur coopération et mis en garde tous les citoyens australiens se trouvant à l’étranger de se conformer aux lois du pays où ils se trouvent.
Devant les journalistes, l’avocat de Sally Faulkner, Ghassan Moghabghab, a souligné que sa cliente s’était mise d’accord avec Ali el-Amine que la garde des enfants revienne au père, comme le prévoit la loi libanaise. Il a également confié qu’elle regrettait son geste. De son côté, Sally Faulkner a affirmé à la presse qu’elle était «simplement très heureuse d’être sortie de là», faisant référence à la prison des femmes où elle était arrêtée. «Ils nous traitaient bien, je ne peux pas me plaindre de ça, c’est juste l’incertitude qui m’empêchait de dormir, de ne pas savoir si ça allait être une peine de prison à vie», a-t-elle dit. Selon l’avocat du père, Hussein Berjaoui, une caution d’un million de livres libanaises a été versée. Il a ajouté que la remise en liberté des cinq Australiens ne signifie pas l’abandon des poursuites. Ils seront jugés par contumace. Interrogé sur ses sentiments à l’encontre de la chaîne qu’il avait accusée de racisme, Ali el-Amine a répondu: «Ils devaient faire probablement leur travail et ne devaient pas avoir pensé que les choses allaient tourner ainsi».
Joëlle Seif
Le statut personnel
Au Liban, le statut personnel est régi par les 18 communautés religieuses et non par l’Etat. Le père des enfants Lahela (6 ans) et Noah (4 ans), Ali el-Amine, appartient à la communauté chiite. Selon le rite jaafari, la garde des enfants va au père à partir de l’âge de deux ans pour les garçons, et sept ans pour les filles.