Magazine Le Mensuel

Nº 3051 du vendredi 29 avril 2016

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La Cleantech. Une opportunité en or pour le Liban?

Dans le cadre de la visite officielle au Liban de Mauro Dell’Ambrogio, secrétaire d’Etat suisse à la formation, la recherche et l’innovation, une délégation suisse est venue partager avec les entrepreneurs libanais les avantages et le potentiel du développement des technologies propres.

Dans un pays où les coupures électriques font partie du quotidien, le secteur des technologies propres, ou couramment appelées Cleantech, ne pourrait-il pas constituer un élément de réponse à ces carences énergétiques et une formidable opportunité économique pour le secteur privé libanais?
C’est le point de vue de Maroun Chammas, le président de l’incubateur Berytech. Dans une interview accordée à Magazine en marge d’une conférence organisée sur le sujet avec l’ambassade de Suisse au Liban, il a estimé le potentiel de ce secteur à des centaines de millions de dollars pour le pays du Cèdre. «Seulement très peu d’investissements dans ce domaine ont encore été effectués, il y a donc tout à faire, a-t-il confié. Le photovoltaïque, le secteur hydroélectrique ou encore les turbines à air pourraient ainsi constituer de belles alternatives à la production électrique traditionnelle».
 

L’inspiration suisse
Les premiers investissements pourraient être facilités grâce notamment aux incitations de la Banque du Liban (BDL) telles que son programme de subvention à taux réduits sur les intérêts pour les entreprises de ce secteur ou encore sa circulaire 331 pour celles du secteur des nouvelles technologies.
«Si la Cleantech est un marché naissant au Liban, elle risque bien de grandir et de prendre de l’ampleur», ajoute Chammas. Aujourd’hui, encourager le développement des technologies «clean» n’est plus un choix, mais une nécessité qui s’impose à tous les niveaux. Ce secteur couvre la technologie, mais aussi l’innovation, l’industrie et les énergies dites «vertes».
Mais alors pourquoi le Liban est-il toujours à la traîne en matière de Cleantech en dépit de l’énorme potentiel de ce secteur? Pour François Barras, ambassadeur de Suisse au Liban, «la notion d’espace public au Liban doit encore mûrir pour permettre le développement de la Cleantech».
A la question de savoir quels sont les freins au développement du secteur au Liban, il a répondu: «Ici, trop d’importance est accordée à la réussite personnelle et la notion de citoyenneté peut encore être améliorée et intégrée pleinement dans les mœurs».
«Une crise comme celle des ordures devrait constituer un détonateur pour pousser la société civile à réagir et enclencher un vent de changement. La Cleantech devrait alors apparaître comme une formidable opportunité économique pour le secteur privé».
Alors que la Suisse s’est classée, pour la sixième année consécutive, comme le premier pays en matière de compétitivité et d’innovation, quels sont les facteurs de cette réussite? Pour François Barras, «Notre stabilité politique, notre Etat de droit, un environnement économique libre, des finances publiques saines, un fort partenariat public-privé et un niveau d’éducation élevé ont largement contribué à notre place de leader dans ce secteur. Il est grand temps d’admettre que le développement durable est la seule voie possible aujourd’hui et de passer de l’exploitation des ressources à une gestion durable de ces dernières», a-t-il déclaré à Magazine.
De son côté, Mauro Dell’Ambrogio a déclaré, dans son discours, que le «rôle de l’Etat n’est ni de définir des thèmes de recherche, ni de concevoir des technologies futures. C’est au secteur privé d’innover, d’où l’importance de renforcer le partenariat public-privé dans ce domaine».
C’est ce qu’a confirmé Mario Khoury, P.D.G. du Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM) lequel est soutenu à 27% par le secteur public et 73% par le privé. Le P.D.G. suisse d’origine libanaise a conclu sa présentation par un parallèle entre les deux cultures: «Les Libanais et les Suisses possèdent tous deux cette obsession de nettoyer. La différence est que pour les Libanais, cette obsession ne s’applique que chez eux, alors que les Suisses l’appliquent même dans la rue». A méditer…

Soraya Hamdan

Des «green scooters» à Beyrouth
Berytech a investi 2,5 millions de dollars dans la start-up verte libano-canadienne Loop, qui développe des scooters électriques qui s’intègrent dans le cadre de l’économie de partage. Les villes de Vancouver, Palo Alto et Beyrouth seront équipées de ces véhicules cette année.

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