Elle a fait fantasmer toute une génération d’hommes et de femmes. La plus francophile des chanteuses américaines, pulpeuse, féminissime, douée pour croquer la vie, était sur les planches du Casino du Liban, où un public admiratif et fidèle l’a longuement acclamée.
Avec la sortie de son 27e album, Amour, Jeane Manson célèbre un événement important: ses quarante ans de chanson.
C’est en 1975 que l’artiste américaine fait la connaissance de l’auteur-compositeur Jean Renard. Quelques mois plus tard, en janvier 1976, sous l’impulsion de son mentor, elle est propulsée sur le devant de la scène en devenant l’interprète d’un slow langoureux qui allait se vendre à plus d’un million d’exemplaires en quatre mois: Avant de nous dire adieu.
Le Liban, dans le cœur
Ce titre fera d’elle l’une des chanteuses de variété les plus en vogue de la seconde moitié des années 70. C’est qu’en deux ans, trois millions de disques sont vendus. Et c’est d’ailleurs avec cette chanson qu’elle débutera son concert au Casino du Liban, dans le cadre du festival Les Nuits Nostalgie, reprenant avec une énergie époustouflante tous ses tubes et jonglant entre le français, l’anglais et l’espagnol. Fais-moi danser, Les larmes aux yeux, La chapelle de Harlem, Une femme, Vis ta vie, Tu es venu, Ce n’est qu’un au revoir, Ave Maria «pour, dit-elle, rendre hommage aux femmes du monde entier», insistant sur le fait «qu’il faut protéger les femmes». Un hommage aussi à Joe Dassin, Jeane Manson reprenant de sa voix sensuelle et profonde Un été indien…
La chanteuse déploie tout son talent sur les planches du Casino, bougeant langoureusement au rythme de la musique, s’accompagnant parfois de sa guitare… Pendant une heure trente, elle tiendra son public en haleine l’incitant à chanter avec elle, n’hésitant pas à se mêler à lui, assurant que «c’est le meilleur public du monde».
Un moment fort qui lui tira des larmes aux yeux: lorsqu’elle reprend le célèbre titre de la diva libanaise Feyrouz, Waynon, en langue arabe accent franco-américain, toute la salle se met debout d’un seul mouvement en l’applaudissant et l’ovationnant. Alors qu’elle assurait, la voix enrouée et la gorge serrée par les larmes, son amour pour le Liban et les Libanais.
A la fin du concert, Jeane Manson a signé et dédicacé ses albums se prêtant avec grâce au rituel des photos, promettant qu’elle reviendra de sitôt au Liban, «ce pays qu’elle porte dans (son) cœur».
Danièle Gergès