Paris est devenu un axe principal de l’action internationale et régionale consacrée à la situation au Liban. Il est vrai que l’influence de la France est faible, elle profite cependant d’une brèche qui lui permet d’intervenir sur la scène libanaise et d’avoir une plus grande marge de manœuvre.
Washington est entré dans un «coma» électoral et se tient à l’écart de l’ensemble des dossiers du Moyen-Orient. Moscou accorde la priorité absolue à la crise syrienne et à la recherche d’une solution politique avant le départ de Barack Obama de la Maison-Blanche. Pour l’Iran, les priorités sont l’Irak et la Syrie, et celles de l’Arabie saoudite sont le Yémen, la Syrie et l’instauration d’un dialogue islamique au Golfe, avec l’Egypte, le Maghreb et la Jordanie.
L’actuelle action française ne ressemble en rien à la précédente qui n’a abouti à aucun résultat après de sérieuses tentatives auprès de l’Iran et moins intenses auprès de l’Arabie. Sa démarche, aujourd’hui, s’appuie sur le souhait international de l’élection au plus tôt d’un président de la République au Liban, en profitant d’un nouveau climat dans la région et le souhait des Libanais d’éviter les crispations internes et d’aboutir à un compromis. On peut résumer l’ambiance et les facteurs favorables à une présidentielle dans les trois mois à venir en trois points principaux.
♦ Une conviction de plus en plus profonde de l’impossibilité d’élire l’un des candidats Michel Aoun et Sleiman Frangié, chacun éliminant les chances de l’autre. L’adage qui veut un président fort est remplacé par un «président consensuel».
♦ La dangereuse situation en Syrie où l’on s’attend à des jours difficiles et à de violentes batailles et leurs répercussions sur le Liban, où la sécurité et la politique traversent une période délicate exigeant de verrouiller toutes les brèches et tous les points faibles, en commençant par la vacance à la tête de l’Etat.
♦ Les élections présidentielles américaines qui, d’une part, bloqueront tous les dossiers et les crises régionales pendant un an, dès l’été prochain, et déboucheront sur une nouvelle politique américaine dans la région.
Le mini-mandat abandonné
Ce tableau pousse à une accélération du dossier de la présidence. Si l’élection ne se fait pas entre le printemps et l’été, elle sera alors reportée à un an au moins. Plusieurs formules sont débattues actuellement, dont celle, mort-née, d’élire un président pour un mandat de deux ans. Mais l’idée principale qui se propage actuellement est la possibilité d’une réédition du scénario 2007-2008 conclu à Doha par un compromis politique sur la base duquel a été élu un président.
Dans les coulisses politiques et diplomatiques, il est question d’un Doha II qui serait débattu cette fois à Paris, enthousiaste à l’idée d’accueillir un dialogue libanais à la manière de celui de «Saint-Cloud» et se concerte avec des pays de la région sur une forme de compromis politique à la crise présidentielle et sur une entente telle celle conclue à Doha, basée sur trois piliers: la présidence, le gouvernement et une loi électorale. Mais à Doha II s’ajoutent de nouveaux facteurs dont les principaux sont: la décentralisation administrative, le Conseil des sages et un organisme chargé d’étudier l’abrogation du confessionnalisme politique.
Tous ces principes restent fidèles à Taëf, mais la loi électorale est au cœur du problème et base de la solution et de l’accord, car l’entente sur ces points est plus difficile que celle concernant la présidentielle.
Reste à savoir si le compromis obtenu à chaud, après la bataille de Nahr el-Bared et les événements du 7 mai 2008, peut l’être à Doha II à froid?
Chaouki Achkouti
Discussions régionales
Une source diplomatique à Paris rapporte que le président François Hollande aurait promis au patriarche maronite Béchara Raï de soulever le problème de la crise présidentielle au cours de deux événements prochains: la rencontre avec le vice-prince héritier saoudien Mohammad Ben Salmane, qui sera en France à la fin du mois en cours, et la seconde à l’occasion de sa rencontre avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, le mois prochain.