Magazine Le Mensuel

Nº 3055 du vendredi 27 mai 2016

Confidences Liban

Confidences Liban

Où est le tsunami?
Les résultats les plus remarqués des municipales au Mont-Liban montrent l’incapacité de l’alliance CPL-FL à déchaîner un tsunami électoral et à attirer des masses, reconnaissent des milieux proches des deux partis. Pourquoi le tandem chrétien n’a pas réussi à glaner des chiffres déterminants à l’instar du couple chiite Amal-Hezbollah?
Ce serait dû à plusieurs éléments: l’alliance est récente et n’a pas disposé d’un délai suffisant pour se préparer, sans oublier qu’il s’agit d’une première expérience électorale menée de concert. Ajoutez à cela que la scène chrétienne est connue pour sa diversité et que les élections municipales, contrairement aux législatives, ne constituent pas la meilleure échéance pour tester cette alliance.

 

Le Tachnag se justifie
Certains milieux aounistes ont tenté de faire assumer au Tachnag la responsabilité de l’échec au Metn, notamment à Antélias, Dbayé et Sin el-Fil, où le choix des Arméniens est déterminant. Les sources du Tachnag rétorquent:
– A Antélias, le parti a respecté la formule sur laquelle il s’était entendu avec les deux listes adverses, en prenant en considération la mosaïque familiale dans cette région. Il n’a pas violé l’accord des deux camps, cela peut être prouvé par l’examen des bulletins dans les urnes.
– A Sin el-Fil, le Tachnag a donné ses voix à la liste de Joseph Chaoul comme entendu avec le CPL. Il reconnaît, toutefois, que dans ce patelin c’est le parti Hanchag qui domine.
– A Dbayé, le parti arménien avait conclu un accord avec le chef de la municipalité, Kabalan Achkar, dans le cadre d’une liste consensuelle censée rassembler des forces politiques, sauf que le CPL a voulu mener une bataille et que le Tachnag ne pouvait plus se désengager de l’accord avec Achkar.
– A Jal el-Dib, le Tachnag n’a pas trahi ses engagements.

Entre Hollande et Hariri
L’entretien, à l’Elysée, entre le président François Hollande et l’ex-Premier ministre, Saad Hariri, a porté essentiellement sur deux suggestions: la première développée par le cardinal Béchara Raï devant le président français, axée sur la nécessité d’une rencontre Aoun-Hariri, la deuxième porte sur l’initiative du président Nabih Berry qui préconise, pour mettre fin à la paralysie, l’organisation des législatives avant la présidentielle.
Hollande, selon de sources diplomatiques, cherche à se faire une idée précise de la conjoncture libanaise interne par le biais d’une action diplomatique qui aboutirait au déblocage de l’impasse présidentielle. La rencontre du numéro un français avec le deuxième héritier du trône saoudien, l’émir Mohammad Ben Salmane, qui sera en visite à Paris à la fin du mois de mai, et les pourparlers prévus le mois prochain du président Hollande avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, constituent deux stations importantes pour se faire une idée plus précise sur les écueils à franchir avant d’élire un chef d’Etat au Liban.

Roukoz succèdera-t-il à Aoun?
Les observateurs ont relevé avec intérêt le rôle du général Chamel Roukoz dans les municipales à Jounié. L’homme s’affichait pour la première fois, depuis sa mise à la retraite, dans le Kesrouan où il s’est activé énergiquement. Cette «apparition» s’inscrit dans le cadre d’un projet qui prévoit l’entrée du général Roukoz sur la scène politique par la porte du Kesrouan, poursuivent les sources. L’ex-chef militaire pourrait ainsi présider une liste électorale dans les prochaines législatives pour obtenir le siège occupé par le général Michel Aoun depuis dix ans.

La victoire de Murr amplifiée
Le député Michel Murr n’arrête pas de prétendre avoir gagné 41 conseils municipaux, sans citer parmi eux Antélias, Jal el-Dib et Dbayé où il a remporté la victoire grâce à la force du Tachnag, estiment des sources aounistes. A Antélias, le parti arménien a déçu le CPL en votant pour un proche de Murr, Elie Abou-Jaoudé, alors que 200 bulletins arméniens auraient pu faire pencher la balance en faveur de l’autre liste. A Dbayé, le gagnant Kabalan Achkar, que Murr présente comme sa recrue, est à la tête d’un conseil qui regroupe des aounistes, des FL et des Kataëb. Le député du Metn, Michel Murr, a beau vouloir exagérer sa victoire, cela ne signifie aucunement qu’il sera gagnant au plan législatif où sa capacité à drainer des voix ne dépasse pas les 4000, alors que le CPL dispose de 25000 voix.

Prorogation: au PSNS aussi!
Tentatives du Parti social national syrien (PSNS) pour amender le règlement interne afin de permettre le renouvellement du mandat de son président, pour la deuxième fois. Ainsi, Assaad Hardan (qui vient d’achever deux mandats successifs étalés sur 8 ans) pourra être réélu encore une fois, contrairement au règlement.
C’est Safwan Salman, membre du conseil supérieur du parti, soutenu par le chef du bureau politique, Assem Kanso, qui a proposé l’amendement. Mais Mahmoud Abdel-Khalek, chef du conseil, appuyé par quatre autres membres, a rejeté l’idée insistant sur la nécessité de respecter les délais légaux et d’ouvrir la voie au changement. Hardan dément avoir encouragé l’option de l’amendement, jurant ses grands dieux qu’il ne restera pas une minute de plus à son poste après l’expiration de sa mission.

Paysage municipal à Tannourine
Le paysage municipal à Tannourine se présente comme suit: le ministre Boutros Harb a décidé de scinder la présidence de la municipalité en la cédant pour trois ans à Bahaa Harb (son concurrent aux élections de 1996) et pour trois autres années à Sami Youssef Mrad. Ainsi, aura-t-il placé à la tête de sa liste deux personnalités issues des familles de Tannourine. Face à lui, l’alliance CPL, FL avec des familles a formé une liste complète, Tannourine nous rassemble, avec à sa tête, le général à la retraite Ayoub Harb, et Wajdi Mrad à la vice-présidence.

Abbas Ibrahim à Washington
C’est avec intérêt que les milieux diplomatiques à Beyrouth ont suivi la visite du directeur de la Sûreté générale à Washington, en réponse à une invitation officielle qui lui avait été adressée. La tournée du général Abbas Ibrahim a retenu l’attention par son timing, sa dimension politico-sécuritaire et ses résultats concrets en termes de soutien à la Sûreté générale dans le cadre de la politique américaine d’assistance à toutes les institutions sécuritaires libanaises.
Dans le cadre de son séjour, le général Ibrahim s’est entretenu, entre autres, avec le chef de la CIA, John Brennan, ainsi qu’avec la directrice de la section Proche-Orient au secrétariat d’Etat aux Affaires étrangères, Anne Patterson, le délégué présidentiel chargé du dossier des otages, James O’Brien, et le conseiller du président américain pour la sécurité nationale, Robert Malley… Ibrahim a également rencontré le consul du Liban à Washington, Hussein Haïdar, et répondu à l’invitation de la ville de Detroit dans le Michigan qui a donné une réception en son honneur.
 

Assir dans les urnes de Saïda
Dimanche passé, lors du déroulement des élections municipales à Saïda, le cheikh Ahmad el-Assir a transmis un message à ses disciples électeurs, par le biais de sa femme. Il les a appelés à glisser dans les urnes un bulletin portant son nom sans voter en faveur de la liste de Ali Cheikh Ammar, rapportent des sources de la ville. Cette attitude a surpris Ammar, qui n’a cessé de prétendre que «les voix du groupe Assir sont dans la poche». Au moment du dépouillement du scrutin municipal, on a décompté un grand nombre de bulletins portant le nom d’Assir. Mais, malgré tout, la liste de Ammar a obtenu une bonne partie des voix des adeptes du cheikh terroriste. Aussi, l’organisation des Ikhwan de Saïda, qui s’était alliée au Moustaqbal pour soutenir la liste de Mohammad Saoudi, n’a pas tenu ses engagements à 100%, une partie non négligeable de ses membres ayant procédé à un panachage en substituant certains noms à d’autres en faveur de la liste de Ammar. Quant à la liste soutenue par Oussama Saad, elle a enregistré un bon score, puisque l’écart entre elle et la liste gagnante n’est pas énorme. Les chiffres montrent, par ailleurs, que la popularité du Moustaqbal à Saïda est en régression. Saoudi, qui avait recueilli 19000 voix en 2010, n’en a récolté que 15000 en 2016, incluant celles des naturalisés du «Hay el-Wastani».

 

Pas de croix dans la mosquée!
Les secouristes de la Croix-Rouge, venus présenter leurs condoléances à leur collègue Abdel-Rahman Ali pour le décès de sa mère, ont été interdits de pénétrer à l’intérieur de la mosquée Khachikji à Beyrouth, à cause de la croix figurant sur leurs uniformes. Commentant la chose, le jeune homme a écrit: «A mes frères et amis de la Croix-Rouge libanaise, vous étiez merveilleux avec votre uniforme rouge que j’ai toujours eu l’honneur de porter. Je suis fier d’appartenir à cette noble institution». Il a ajouté: «Mes frères du centre de Mrayjé, nous avons partagé toutes sortes de missions, nous avons traité toutes les personnes avec humanité et impartialité. Nous avons aidé le père, la mère, les religieuses, les malades de toutes les communautés, les terroristes, les enfants, les personnes âgées, parce que nous croyons dans les relations humaines contrairement aux marchands de la religion. Vous avez été interdits d’entrer dans la Maison de Dieu parce que vous portez un uniforme frappé du sigle de la Croix-Rouge qui n’a aucun lien avec une religion ou une confession. Vous avez été empêchés de prier pour le repos de l’âme de ma chère mère, parce que l’ignorance a aveuglé leurs cœurs et leurs esprits. Sachant qu’ils feront appel à vous pour les aider et que vous répondrez à l’appel parce que vous n’êtes pas comme eux, parce que vous ne faites pas de distinction entre les créatures de Dieu».

 

Un «5 mai financier»
Alors que Beyrouth attend l’arrivée du sous-secrétaire au Trésor américain chargé du terrorisme et du renseignement financier, David Cohen, les milieux du Hezbollah accusent certaines banques de la place de mener un «5 mai financier» contre la Résistance. Ces milieux rapportent que les dépôts bancaires des chiites s’élèvent à quelque 55 milliards de dollars, selon les estimations des experts. Ils ajoutent, par ailleurs, que l’application de la loi américaine est irréaliste en ces temps de mondialisation de l’économie et à la lumière de la solidarité de certaines forces internationales avec l’axe de la Résistance. S’agit-il d’une restructuration des fondements de l’économie politique dans le but de diviser le pays et de torpiller l’équation, l’armée, le peuple et la Résistance? se demandent-ils.

 

Le convoi de Nahas agressé à Tyr
Le convoi électoral de l’ex-ministre Charbel Nahas a été entravé par les adeptes du mouvement Amal à Tyr. Des témoins oculaires rapportent que le bus aux couleurs du mouvement Citoyens et citoyennes dans un Etat a été encerclé, alors qu’il s’apprêtait à pénétrer dans le souk de la ville, pendant que les véhicules d’Amal, munis de haut-parleurs, diffusaient des chants à la gloire du président de la Chambre. Ces voitures hurlant le nom de Nabih Berry et les scooters affichant ses portraits sont restés collés au convoi de Nahas jusqu’à son arrivée au projet du jardin public de Moussa Sadr. Les témoins révèlent même que les éléments d’Amal ont empêché des délégations médiatiques de photographier le convoi près de la forteresse de Tyr, sous prétexte qu’il n’avait pas obtenu une autorisation préalable pour cela. Le bus de Nahas a aussi connu des vexations similaires dans une ville frontalière.

 

 


 

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