Magazine Le Mensuel

Nº 3056 du vendredi 3 juin 2016

En Couverture

Tourleb. Mettre le Liban à l’honneur

Nada Raphaël et Joëlle Sfeir, deux Libano-Canadiennes, arpentent le Liban avec des groupes pour leur montrer ce qu’il y a de plus beau. Briser les préjugés, aller au-delà de la peur de quitter les sentiers battus, Tourleb a osé le défi et, depuis, son entreprise ne fait que grandir.

Qu’est-ce qui différencie Tourleb des autres tours?
Notre but n’est pas seulement de faire la promotion du Liban, mais d’encourager les habitants à s’occuper de leurs villages et à les préserver, pour qu’ils deviennent eux-mêmes acteurs du changement. Les sites touristiques, comme Baalbeck, Byblos et Beiteddine, n’ont pas besoin de promotion. Mais les endroits perdus, personne ne les connaît et les habitants des localités n’en connaissent pas la valeur. Si les touristes viennent les visiter, ils seront plus enclins à vivre dans leur village, ne plus le quitter, le reconstruire…

 

Quel est le profil de vos randonneurs et à quoi doivent-ils s’attendre?
A la différence d’autres groupes, nous ne cherchons pas à faire une seule chose dans la journée, mais à offrir un maximum de découvertes les plus riches possible afin que les Libanais et les touristes qui nous accompagnent tombent amoureux du Liban. Nous avons compris que l’idéal serait de voir «un peu de tout» et d’avoir un contact direct avec les gens du pays. Que la journée soit placée sous un thème (les Romains, les chemins de fer, etc.) ou un village (Abey, Mtein, Chouf, etc.), nous proposons toujours plus de quatre activités par jour: sites historiques, nature, activité, déjeuner, dégustation, cueillette en saison, petites marches, culture, etc. De façon à ce qu’il y ait quelque chose pour chacun. Nous partageons toujours nos découvertes, qu’elles soient culinaires, historiques, qu’il s’agisse de gens intéressants, d’un petit détail sur une pierre… Nous savons bien que c’est justement ces petits trucs qui rendent les grandes intéressantes. Et lorsque nous recommandons quelque chose, c’est parce que nous l’avons nous-mêmes essayé, goûté, vécu, vu. Nous ne conseillons aucun endroit que nous n’avons pas testé au préalable, nous ne fonctionnons pas à la commission, mais sur des coups de cœur.  

Avez-vous des guides?
Nous accompagnons personnellement nos randonneurs, parce qu’il est important pour nous de créer une ambiance amicale au sein de nos groupes.
Notre but est que les gens qui passent la journée avec nous repartent en ayant échangé leurs numéros de téléphone.
Il est très important pour nous de créer des liens avec et entre ceux qui se promènent avec nous, que personne ne soit «oublié» dans son coin et qu’une personne qui vient seule ne se sente pas non accompagnée.
 
Proposez-vous des tours réguliers?
Nous planifions des sorties mensuelles pré-organisées ouvertes à tous. Nous mettons en place un plan, mais sommes capables de le changer durant la journée si le groupe le désire.
Nous avons toujours plusieurs plans en réserve.
Nous organisons aussi des sorties personnalisées, à la demande. Pour un jour, une semaine ou un mois. Nous nous occupons alors des moindres détails du voyage et agissons en tant qu’organisatrices, animatrices, guides, etc.
Nous pouvons soit accompagner les visiteurs, soit les laisser à leur aise avec le programme que nous leur avons concocté. Nous avons, depuis trois ans déjà, et dès le mois de mai jusqu’au mois de septembre, tous les jeudis, une sortie à l’île aux Lapins, au large de Tripoli: transport en bus et en bateau, repas complet (l’île est vierge, il faut tout emmener avec soi) avec présentation des îles (il y en a plusieurs), de leurs histoires, de leurs faunes, leurs flores, etc.
 

Propos recueillis par Gisèle Kayata Eid

Le vivre-ensemble
Nada Raphaël et Joëlle Sfeir ont longtemps vécu au Canada avant de venir s’établir au Liban. Elles travaillent ensemble depuis plus de 12 ans. Elles ont monté le projet Trait d’union islam-christianisme: un gros ouvrage abondamment illustré, un documentaire et une exposition photos. Cet «album» retrace, à travers les histoires orales, la cohabitation entre les chrétiens et les musulmans dans toutes les régions du pays. Le projet a fait le tour de plus d’une vingtaine de villes en Europe, en Amérique du Nord, dans certains pays arabes et au Liban bien sûr.
Nada a un riche parcours qui touche au journalisme, à la photo, la vidéo. Elle a une compagnie de production et plusieurs documentaires à son actif. Elle met son expérience et sa passion au service de son pays.
Joëlle a une expérience de plus de 15 ans en communication et rédaction. Elle a fait des études en Aménagement du territoire et enseigne l’histoire et la géographie à l’école.

Photo: Tourleb

Related

Blocage politique, instabilité sécuritaire. Le Liban dans un bourbier

L’«homme malade» se venge sur ses sujets. Reconstitution d’un crime contre l’humanité

TSL: Ouverture des audiences. Un procès-fleuve en vue

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.